Prosodie

L'envie

Premier verre. 

Un sentiment de légèreté, un bien être soudain, un brise fraîche dans les veines, un vide qui la rend belle. Un petit sourire se plaque sur le visage de la jeune blonde. Elle lève une petite main qu'elle balance au rythme de la musique beaucoup trop forte, sa jupe courte virevolte dans les airs, s'accroche aux autres fêtards déjà bien entamés par la vodka. Elle tourne, tourne, se sent libre, rigole comme si son passé n'était qu'une mauvaise blague, sa chevelure s'envole en vaguelette. Elle aime cette sensation, elle en veut plus.

Deuxième verre. 

Un sentiment de folie, un bien être trop soudain, un vent glacial dans les veines, un vide qui la rend frêle. Un rire à gorge ouverte résonne en double dans son crane, martèlement brûlant de l'effet secondaire d'un abus de plaisirs. Mais elle tourne encore, comme une toupie qu'on ne saurait arrêter. Elle titube un peu, s'accroche aux murs, mais continue de danser, elle n'en a que faire, elle veut en profiter. S'échapper un peu de ce monde trop cruel, fuir son passé et agripper fermement son présent, goûter à la vie pure, aux aléas de vie d'adolescente qu'elle n'avait jamais connu.

Troisième verre. 

Un sentiment de déchéance, un bien être qui disparaît, une tempête glaciaire dans les veines, un vide qui n'attend qu'elle. Elle n'entend plus qu'un brouhaha assourdissant, elle plaque ses mains contre ses oreilles ensanglantées, elle se fraye un passage en bousculant les danseurs, elle écarte de la main ce sentiment de bonheur, elle caresse le malaise et tend le bras pour attraper du réconfort. Mais rien n'y personne n'attrape cette jeune femme, et elle tombe, s'écroule dans son utopie, dégringole de son délice. Elle ne voit que des ombres floutées, elle est prise d'une peur soudaine. Elle sent son cœur battre violemment contre sa poitrine étouffée, et sa respiration se fait saccadée. Puis soudainement, plus rien. 

L'envie d'un bonheur soudain ne fait que rapprocher l'instant de notre mort.