Chapitre 1: Gabriel

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Par un bel après-midi d'été, j'avais décidé de me rendre dans le parc situé à la sortie de la ville. La chaleur étouffante m'avait poussé à y aller. Je me voyais déjà savourer la fraîcheur des sapins qui se balanceraient au gré du vent et me protégeraient des rayons du soleil. 

De plus, il n'était pas question que je reste enfermée dans mon appartement lugubre. Je vivais seule à 20 ans. Mes parents sont décédés dans un accident de voiture quand j'étais toute petite. Après avoir multiplié les foyers d'accueil pas toujours très chaleureux, j'avais enfin gagné la liberté que m'offrait ma majorité et grâce à mes efforts, j'avais réussi à me payer un logement grâce au poste d'assistante de bibliothécaire que j'avais trouvé il y a cinq mois. 

Tout allait pour le mieux, mise à part cette solitude qui me pesait parfois. Je ne pouvais qu'envier les familles qui pique-niquaient ensemble ou se baladaient en riant aux éclats.

Une fois prête, j'attachai mes longs cheveux bruns, et me fixai une dernière fois dans le miroir. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à mes parents.  Ma mère m'avait légué ses cheveux ondulés et mon père ses yeux noisettes. J'avais aussi deux petites fossettes paternelles, mais ces derniers temps, elles se faisaient rare, car ce sentiment de solitude bloquait mon sourire avec force. Je soupirai,tentai vainement de sourire et me mis en route.

Enfin arrivée, je m'installai dans un coin tranquille où personne ne pourrait me détourner des sons de la nature. Je m'allongeai sur l'herbe et le contact de mes paumes chaudes à la verdure fraîche me fit frissonner de plaisir. 

A ce moment, mes oreilles ne portaient pas attention au lointain brouhaha des gens, mais au bruit de l'eau qui s'écoulait lentement du ruisseau, au chant des oiseaux qui se baladaient d'arbres en arbres et aux feuilles qui s'envolaient de leurs branches. Mon regard quant à lui était plongé dans le ciel bleu où les nuages flottaient.

Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte à quel point le ciel peut se montrer divertissant : non seulement il apporte sérénité et quiétude à celui qui y plonge ses yeux, mais il stimule aussi l'imagination. 

C'est vrai, quoi de mieux pour développer son imagination que de chercher les formes que cachaient ces gros cotons blancs dans leur ciel bleu. Ainsi, je m'amusais -comme j'avais souvent l'habitude de le faire-à trouver les animaux et personnages qui se fondaient parmi les nuages. Le ciel s'offrait à moi comme un livre imagé.

 Rien dans cet instant paisible n'aurait pu me pousser à partir, même pas les gouttes de pluie qui commencèrent à tomber. Ce n'est que quand le tonnerre se fit entendre-assombrissant soudainement le ciel- que je me décidai à rentrer chez moi.


La pluie n'en finissait pas et alors que je pressai le pas pour éviter d'attraper une pneumonie, des grêlons de la taille d'une noix commencèrent à tomber, d'abord lentement puis de plus en plus rapidement .

 Après en avoir reçu plusieurs, je me résignai à vite trouver un endroit à l'abri ; certes je voulais rentrer chez moi,mais le risque d'être éborgnée étant particulièrement élevé,je préférai trouver un endroit sûr -autre que mon petit appartement-pour me protéger et vite.

 A la limite de la ville, je repérai un grand portail resté ouvert et m'introduisit dans la petite cour dotée d'un vieux toit de bois.  Il constituait une protection parfaite ! 

J'essorai mes cheveux et mes vêtements trempés, les claquements de dents ne tardèrent pas à se manifester . Après m'être redressée, je réalisai soudain que j'étais entrée sans autorisation dans la propriété de quelqu'un. C'était bien la première fois que cela m'arrivait ! 

Le prix du puitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant