Chapitre 1

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                                   🌸

Un peu de courage ! Je peux le faire "quand on veut on peut" telle est ma devise, mon mantra dans la vie alors autant l'appliquer. Je baisse les yeux sur la feuille que je tiens de mes mains tremblantes, mon Dieu il faut que je me calme ! Respire Bethany, respire. Je souffle doucement quand la voix féminine de la secrétaire me coupe.

-Mademoiselle, vous pouvez y aller. Dit-elle d'un geste de main.

Je me lève et commence à avancer tant bien que mal vers la porte, tant mon corps me lance des assauts où tous mes membres tremblent. "Ok on se calme c'est juste la chance de ta vie, pas grand-chose en fait !" D'accord cette technique débile pour me rassurer ne fonctionne pas du tout, merci Alex pour tes conseils !

La secrétaire m'ouvre la porte en question et à peine ai-je pénétré dans la pièce quelle referme la porte aussitôt, me laissant seule et désemparée devant lui. Bien qu'il soit de dos à contempler la magnifique vue de Paris qui s'offre à lui, il me fait peur.

Je fais quelques pas dans la pièce et j'émets un petit raclement de gorge pour faire connaître ma présence, bien qu'il l'ait entendu avec la porte.
Pourtant il ne bouge pas d'un pouce et j'ignore même s'il entend quelque chose, tant il semble être dans sa bulle.
Je prends alors sur moi et pars m'asseoir devant son bureau où je fais taper mes feuilles pour les remettre en ordre avant de les poser sur mes genoux pour les regarder encore une fois.

Une voix, rauque, forte et grisante me sors de mon travail et je relève immédiatement la tête vers lui.

-Qui vous a permis de vous asseoir ? A t-il dit.

Mes yeux rencontrent les siens, je tiens toujours mes feuilles alors que lui a les mains dans les poches et s'est tourné de côté.

-Alors j'attends ? Dit-il voyant qu'il n'obtient aucune réaction de ma part.

Sa voix est la même que son expression; froide alors qu'il adopte un comportement nonchalant. Je sors de ma stupeur quand je le vois s'appuyer à la fenêtre, les bras croisés pour me faire face. Immédiatement je me reprends et me lève de ma chaise en ne manquant pas de rattraper mes feuilles qui s'apprêtaient à tomber.

-Bien. Dit-il en haussant les sourcils. Vous pouvez vous asseoir.

Est-ce qu'il se fiche de moi ? Mais trop impressionner par lui, je m'exécute sans broncher. J'attends qu'il parle mais apparemment il attend la même chose de moi, je rassemble donc mon courage et je prends la parole.

-Je suis venue mercredi et j'ai rencontré votre père. Il m'a dit qu'il fallait passer par vous pour se faire engager puisque vous prenez des à présent sa succession, chose que vous savez déjà, désolé. Dis-je dans un rire gêné. Donc me revoilà. Ecoutez, je veux vraiment ce poste, comme des millions de personnes, j'en ai conscience, mais il faut que ce soit moi.

Il se redresse puis tire sur son costume bleu nuit et vient s'asseoir en face de moi, me regardant dans les yeux.

-C'est ce qu'ils disent tous alors pourquoi vous ?

Intimidé; je baisse la tête et me concentre sur mes feuilles où sont écrites mes qualifications et ma motivation pour répondre à sa question.

-Eh bien, je suis en études supérieures et déjà premières de la promo. J'ai gagné plusieurs prix littéraires et j'ai bien sûr fait des stages dans la presse, je...

-Oui je suis sûre que vous avez plein de qualification, mais quoi d'autre ? Qu'est-ce que vous avez à donner ? Demande-t-il en me coupant.

Je le regarde surprise par sa question mais je me rattrape rapidement pour ne pas perdre la face.

-Je suis ponctuelle, aimable, intelligente, j'ai beaucoup de tact et une bonne approche des choses et...

Je suis concentré encore une fois sur mes feuilles. Comme si elles m'apportaient le courage et le savoir dont j'ai besoin mais en vérité c'est comme si je n'avais que ça. Ces papiers sont justes ça, tout ce que j'ai à donner et ce n'est apparemment pas suffisant puisqu'il me coupe encore une fois.

-Et je sais déjà que vous êtes très obéissante. Dit-il en faisant un petit sourire

Il fait allusion au fait que je me suis levée puis assise à sa demande un peu plus tôt. Je le vois poser ses coudes sur le bureau en bois foncé puis joindre ses mains avant de me pointer avec ses doigts.

-Ce que je veux savoir, c'est ce que vous voulez vraiment, ce que vous allez vraiment donner pour ce poste. Je veux que vous me disiez tout ce que vous avez à revendre sans fiche, sans peur juste la vérité.

Prise au dépourvu je regarde d'abord autour de moi, essayant de trouver une solution. Sûrement pour m'échapper mais quand je reviens à son visage, mes yeux se font capturer par les siens et m'en dissuade.

-Je veux ce job parce que je pourrais faire partager aux gens mon point de vue et peut-être apporter une petite réflexion chez eux. Je veux qu'ils se posent des questions, qu'ils découvrent le monde sur papier comme s'ils y étaient. Je veux pouvoir dire quand cela est juste et faire de même quand cela est faux. Dans ce métier nous pouvons dire tout ce que nous voulons et plus important nous pouvons avoir un impact sur les gens. Je veux avoir cet impact. Dis-je déterminé.

Il semble réfléchir quelques instants, rétrécissant ses yeux comme pour m'analyser et il finit par se redresser.

-Bien, revenez lundi avec un stylo. Acheva-t-il.

Mes yeux s'écarquillent et je perds ma voix, bafouillant un peu pour prononcer mes mots.

-Je suis prise ? Réussis-je à dire.

Il passe ses mains le long de son bureau lisse, la tête baissée acquiesçant seulement. Quant à moi j'aimerais pouvoir le remercier mais trop surprise je n'arrive pas à penser clairement. Alors je me contente machinalement de me lever et de me retourner pour partir, les feuilles dans mes bras. Mais à mi-chemin de la porte je m'arrête et me retourne, ayant soudain une question.

-Pourquoi un stylo, nous écrivons sur des ordinateurs normalement ?

Il me fixait depuis le début. Je ne l'avais pas senti, trop occupé à essayer de mettre de l'ordre dans ma tête et à sortir d'ici le plus vite possible pour qu'il ne change pas d'avis.

-Pour signer le contrat, cela fait toujours mieux que de cocher une case sur un ordinateur, non ?

Je ne réponds rien et me contente d'aller jusqu'à la porte. Une fois ma main sur la poignée, sa voix me retient.

-Ravi de vous avoir rencontré Mademoiselle Wittmore.

Je me tends un peu et perdue dans mes pensées je chuchote penchée sur mes feuilles. Je vois du coin de l'œil qu'il le remarque et ne saisis pas mes mots alors je reprends contenance, lève la tête et la tourne vers lui avant de dire haut et fort ;

-Mademoiselle Flayers, Bethany Flayers et je suis moi aussi ravie de cette rencontre Monsieur Browlling.

Je le vois froncer les sourcils ne comprenant sûrement pas, mais heureusement il n'ajoute rien et je quitte enfin son bureau.

Je ne suis pas qualifié [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant