Je ne suis pas qualifié [ Terminée ]

Chapitre 15

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Je me réveille plutôt en forme ce matin. Je pousse les couvertures, saute sur mes pieds et va directement m'habiller avant de passer devant ma coiffeuse pour me faire une queue de cheval. Je rejoins la cuisine et salue ma mère et ma soeur. Je m'assieds et commence à boire mon café, Cassandra se concentre sur ses tartines et ma mère m'observe d'un œil attentif.

-Tu comptes aller quelque part, pourquoi es-tu habillé comme ça ?

Je suis peut-être un peu plus apprêté que d'habitude, mais pas tellement non plus. Je m'engage à toujours bien m'habiller, avec classe tout en prenant en compte les tendances actuelles. C'est d'ailleurs assez étrange qu'elle me fasse la remarque, elle s'habille de la même manière du moins un peu plus sophistiqué et je suis sûr qu'elle serait ravie que je suive cet exemple.

-On est dimanche matin, je pensais aller à l'église.

J'ai cogité toute la nuit, pour savoir comment redevenir celle que j'étais et je n'ai trouvé qu'une seule solution ; marcher dans mes propres pas. De plus l'église me semble être l'endroit le plus approprié pour un nouveau départ. Ma mère qui pour pour la première fois semble déconcerter me demande doucement ;

-Es-tu certaine ?...cela fait longtemps, même moi je n'y vais plus.

Je lui souris doucement pour la rassurer et je hoche la tête en déposant mon bol sur la table. Cassandra qui suit notre échange ne semble pas coopérative face à mon idée. L'église répugnerait tout enfant, mais je sais que pour elle il y a bien plus que ça. Encore et toujours de mauvais souvenirs.

-Tout ira bien, je dois y aller.

Je me lève sous le regard surpris de ma famille et leur embrasse à chacune la joue avant de sortir. Il ne me faut que quelques kilomètres avant d'arriver devant l'église du village. Je préfère marcher même si l'air est frisquet au mois de février cela est rafraîchissant, il n'y a rien de mieux pour se réveiller. La grande bâtisse blanche me surplombe et il y a déjà foule sur le jardin devant. J'épouste ma jupe cintrée et remets en place mon petit sac avant de m'avancer difficilement avec mes talons s'enfonçant dans la terre molle. Petit à petit des petits groupes se retourne vers moi, me reconnaissant. Je sais ce qu'ils pensent. Haine ou pitié, voilà ce qu'il y a dans leur regard depuis bien longtemps. Je ne prends plus la peine de les regarder, j'ai vu ses regards bien trop souvent. Moins sûr de moi, je continue tout de même mon chemin, la tête haute en m'accrochant de mes deux mains à la lanière de mon sac sur mon épaule. Je passe à travers la foule et j'aperçois une silhouette plutôt mince et noire venir vers moi, quelqu'un que je pourrais reconnaître entre mille.

-Béthany Flayers, quel agréable visite.

-Pasteur Durant, comment allez-vous ?

-Bien, ma chère enfant et vous depuis le temps ?

-Toujours parfaitement bien.

La voilà la vérité, je suis une fille de bonne famille, attaché aux valeurs religieuses et enfant de chœur. J'ai passé ma jeunesse ici, je considère même le pasteur comme un oncle. Après tout, je le connais depuis que je suis arrivée ici, soit une bonne quinzaine d'années.

-Je n'en doute pas, Dieu veille sûr vous. Vous nous ferez le plaisir d'une petite chanson peut-être ?

Je tends les mains tout en rigolant pour exprimer mon refus, la foule nous regarde toujours, mais je m'en fiche. Les actions d'un autre ne sont pas les miennes et il est hors de question de payer pour cela. C'est le pasteur lui-même qui me l'a dit une centaine de fois. J'étais trop jeune pour les affronter avant, mais le temps a passé et il serait temps d'oublier.