CHAPITRE 1: SOUVENIRS

1.1K 40 4
                                    


- Mhmggrr...

Je grogne dans mon sommeil et lutte pour ouvrir les paupières. Je me retourne sous la couette afin que mon corps se réveille. Mais avant ça j'atterris dans un monde qui n'est pas la réalité, qui ne l'est plus. Comment je le sais ? Une putain d'habitude qu'à mon cerveau à me faire souffrir.

Il y a mon moi plus jeune, une fillette blonde dans la voiture de sa mère, tétanisée. Je suis immédiatement happée par la douleur ce souvenir atroce. Dans ce rêve je suis suspendue par la ceinture de sécurité, tête à l'envers et celle-ci bat dans un rythme d'enfer. Ma mère est sur le siège conducteur, elle a le visage couvert de sang et ses bras restent inertes au-dessus de sa tête. Mon cœur se met à tambouriner comme un malade devant cette vision. Je veux l'appeler mais aucun son n'arrive à franchir mes lèvres. « Que se passe-t-il ? » ai-je envie de lui demander. La fillette panique et essaie vainement de détacher sa ceinture, tout en criant à sa mère de se réveiller. Son visage est crispé par la peur et la tristesse, je la ressens encore dans tout mon être. Cette peur de perdre un être cher qui me paralyse encore à chaque instant. A ce moment-là, deux choses traversaient mon esprit, je voulais a tout prix que ma mère ouvre les yeux et surtout que les ombres menaçantes ne se rapprochent pas de nous.

Qui sont-ils ? J'ai peur. Mes mots meurent entre mes lèvres et mes paupières ne pensent qu'à se fermer. Lorsqu'enfin je rends les armes et que les petits yeux noisette de la fillette se ferment, je vois les deux silhouettes s'approcher d'elle.

Je me redresse violemment dans mon lit, les yeux écarquillés par ce rêve de merde qui me hante depuis la mort de ma mère. Je suffoque en essayant de quitter cette transe qui me gagne à chacun de ces cauchemars. Je secoue le menton et jette un coup d'œil à l'heure...

- Quoi !?

Merde ! Mon réveil se fou de ma gueule !? Je saute hors de mon lit et observe ma chambre où trône un petit bureau en bois pâle, une armoire et mon superbe lit au centre de la pièce. Je suis chez moi, je ne suis pas dans cette putain voiture ! Je tente encore de me sortir de mon angoisse en m'ébrouant comme un animal et en examinant cette pièce familière. Il est déjà sept heures, mais j'ai l'impression de n'avoir dormi que trente minutes. Dernière épreuve... c'est parti, debout !

En sortant de mon lit, je claque ma langue de désapprobation, car je me rends compte que mes colocs ont raison : je suis bordélique. Ouais ! Je trébuche en me prenant les pieds dans une paire de chaussures et atterris le nez dans mon panier de sous vêtement qui, bien sûr, n'est pas à sa place... Sérieux ! Il y a tellement d'habits sur le sol que si on me le demandait je ne saurai dire s'il s'agit de moquette ou de parquet ! C'est mes potes qui me forcent à ranger ma chambre. J'avoue : je suis bordélique mais je m'en fou. Je sors la tête par la porte en espérant être plus rapide qu'elles pour atteindre la salle de bain. Je me retourne pour vérifier, la voie est libre. Génial, je m'y précipite.

Tout en me lavant les cheveux, qui atteignent maintenant mes fesses, je me repasse le programme de ma journée pour voir si tout est ok. Je préfère toujours être prête, que ce soit pour un évènement déterminant de ma vie ou une simple course à faire. Ça me permet de bien analyser les choses et de m'adapter plus facilement en cas de problème. Psychorigide ? Peut-être !

J'ai mon épreuve de droit dans une heure, ça va aller. Car je jure peut être sans arrêt mais je suis pas mal intelligente en fait. Façon il faut toujours être optimiste dans la vie nan ? Pour ce soir c'est Hannah qui doit nous préparer le repas, ça me rassure, on va mieux manger que lorsque c'est mon tour ou celui de Mélissa ! Nous deux on n'est pas des as de la cuisine. Moi j'arriverai à faire bruler des pâtes et Mélissa se contenterai de commander tous les soirs si ça ne lui court-circuitait pas sa ligne. Nous bénissons donc mon Hannah pour son bénévolat à la cuisine. Ce soir je vais chez mon père et... j'appréhende plus que ce que je ne devrais, il ne s'agit que d'un petit repas comme d'habitude. Le truc c'est qu'il va encore me demander ce qu'il y a de nouveau dans ma vie, comme à chaque fois qu'on se voit d'ailleurs. Je vais encore devoir lui dire que ma vie est... normale. Et ça me saoul putain, je ne sais pas, j'ai toujours pensé être destinée à de grande chose. Qui ne voudrais pas être l'héroïne d'un film d'amour, où deux mecs canons se battent torse nu pour elle ? Ça m'énerve de penser à des choses si futiles. Je suis pitoyable, pathétique et banale. J'aimerais bien avoir quelque chose de spécial, quelque chose qui ferai que mon nom reste à travers l'histoire... Marquer la vie des gens, non pas devenir une star adulée par tous ! Loin de là, mais je voudrais que mon travail serve à quelques chose. Mais non je ne trouve pas vraiment ma voie alors je reste spectatrice de ma vie...

FORCE D'ESPRITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant