WILL

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-          Cet homme est dans un état critique. Dépêchez-vous de l'emmener en salle de trauma !

Je parle plus fort que d'habitude à cette infirmière qui est bien plus occupée à me mâter qu'a essayer de sauver la vie de cet homme. Elles ne comprendront jamais rien ! Comment leurs dire que je ne suis pas intéressé !

Sur le chemin du bloc, je vois défiler un grand nombre de visage concentré, on fonce à vive allure dans les couloirs et aucune des personnes présentent n'oserait ralentir ma progression. Du coin de l'œil je ne manque pas le regard de toutes ces infirmières qui me dévisagent avec espoirs. Je lève les yeux devant cette ribambelle d'œstrogène en folie. C'est vrai que j'ai fait des exceptions, cette semaine avec Alice, je l'admets. Elle est bandante, dans le genre infirmière, blonde, sexy. Et elle, elle ne m'agace pas avec sa voix agaçante comme Liv et ne pinaille pas auprès de ses amies sur nos activités. Mais on reste encore loin du compte...

Les hommes me pensent gay, surement parce que je suis beau gosse et que je ne fais pas étalage de mes conquêtes contrairement à la plupart d'entre eux. Je refuse toujours leurs propositions pour aller boire un verre ou voir un match. La vérité c'est qu'ils ne m'intéressent pas et que je passe mon temps à la chercher. J'ai toujours en tête cette gamine. Cette vision de cette jeune femme ne cesse de traverser mon esprit. Sa petite moue boudeuse qui révèle ses lèvres généreuses, puis son sourire éclatant et encore sa moue boudeuse. Ses cheveux magnifiques dans lesquels je rêve de passer la main... Je me ressaisis, bordel on dirait un ado qui fantasme là. Je m'applique à diriger correctement le chariot avant que quelqu'un n'ai une raison de m'adresser la parole. On arrive dans le bloc et aussitôt j'ouvre le thorax de cet inconnu pour trouver l'origine de l'hémorragie interne. Bien que je sois extrêmement concentré, une partie de mon esprit ne peut s'empêcher de diverger vers cette fille. Je ne sais vraiment pas pourquoi mon esprit fait une fixette là-dessus ! Sur elle. Est-ce qu'elle existe au moins ? Quand pourrai-je la rencontrer ? Je sens bien qu'elle est spéciale, qu'il va se passer quelque chose d'important, mais j'ignore absolument tout et ça me rend dingue, obsessionnel même. Ça me ronge de l'intérieur, je ne dors plus la nuit à cause de ce rêve, de cette fille. Ça s'est amplifié depuis quelques mois, je ne vois qu'elle dans mes pensées. C'est insupportable ! Je me demande quand ça va cesser ! Je n'en peux plus. Il faut que je me ressaisisse pour demain, j'ai pas envie qu'ils me prennent pour un petit chiot apeuré. Ce que de toute évidence je ne suis pas, demandez à Alice.

Ça faisait un moment que j'étais tranquille dans ma petite vie, ce qui m'a même laissé le temps de la baisser d'ailleurs. Et voilà que Caren s'adresse à moi en personne, pour me faire une demande expresse. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté, je suis loin de leur devoir quelque chose. Et je peux très bien les dissuader de me plier à leur volonté si je le souhaite, mais je continu à « accueillir » ces personnes pour eux. Je me rappelle toujours ce qu'Amanda m'avait dit : « ces gens vont venir pour toi ». Et c'est arrivé, maintenant je dois juste essayer de ne pas attirer leur attention sur moi.

Ils ne doivent pas savoir de quoi je suis capable, sinon je vais griller ma couverture. Caren fait souvent appelle à moi en disant que je suis doté d'un talent naturel pour ça, j'inspirerai confiance selon elle. Je ne crois pas que ça fasse vraiment parti de mes dons mais je veux bien la laisser croire ça. Car temps qu'elle sera sur cette piste-là, elle n'envisagera jamais la vérité. Je ne sais pas ce que sont devenu toutes ces personnes que j'ai rencontrées, ni pourquoi ça ne m'intéresse pas, mais je suis persuadé que la suite des évènements ne dépend pas de moi de toute façon. Je veux juste qu'on me laisse tranquille et qu'on ne m'en demande pas plus, car là ça pourrai devenir compliqué. Je ne suis pas de ceux à qui on dit de faire quelque chose, pas depuis que mon père est mort en tout cas, j'ai changé. Je ne suis plus cet ado bagarreur, qui ne sait que faire de sa vie. J'ai pris les choses en mains et ce n'est pas prêt de changer. S'ils ne m'avaient pas trouvé jamais je ne les aurais aidés, je veux juste cacher la vérité et que l'on ne m'utilise pas, ce compromis me parait acceptable. N'oubliez pas ce diction « soit proche de tes amis et encore plus de tes ennemis ». C'est parce que j'ai ça en tête que je continue d'échanger avec eux. Interférer dans leur agissement fait donc parti du programme. Il faut que je continue à voler sous le radar, pas le choix. Etre un brillant chirurgien aide à maintenir le doute.

-          Merde !

Je ne suis pas souvent vulgaire, mais avec la rate de mon patient qui vient d'exploser et d'éclabousser la moitié de mon équipe, je pense en avoir le droit. L'infirmière de bloque, efficace, ne relève pas mon vocabulaire et me passe rapidement mes instruments. Elle connait mes habitudes et sait parfaitement que je suis le meilleur dans cet hôpital. A peine sorti de l'école peut-être, mais bien plus doué que la plupart. D'accord j'ai un don spécial qui pourrait me permettre de ne perdre aucun patient dont personnes n'ait au courant, mais je ne me suis résolu qu'à l'utiliser une seule fois, sur Angie six ans. Alors ma réputation n'est pas due à ce don mais plutôt à mes talents pour la médecine.

Je répare la rate de mon patient efficacement pour éviter qu'il ne se vide de son sang sur la table et continu l'opération durant quatre heures supplémentaires.

***

Je pénètre discrètement dans l'immeuble essayant de ne pas tomber sur les deux hommes que je méprise tant. Je me dirige vers la salle que Caren m'a indiquée et ouvre la porte avec indifférence. On m'a juste informé qu'aujourd'hui se serait peut-être plus difficile d'obtenir la confiance de cette personne, étant donné la prise en charge faite par ses abrutis. Apparemment il y aurait eu du grabuge, mais on n'a pas voulu m'en dire plus.

Je tourne la tête vers le coin droit de la pièce, m'attendant à voir un regard apeuré ou agressif, m'attendant à tout voir, sauf ça !

C'est elle ! J'hallucine ! Mon cœur sursaute d'impatience et aussitôt mes pas se font plus rapide pour la rejoindre. La fille qui hante mon esprit, je l'ai enfin trouvé ? Oh oui, je pourrais reconnaitre entre mille le mouvement de ses cheveux, la courbe de ses hanches... je l'ai vu tant de fois... Milles images apparaissent devant mes yeux et ceux-ci ne veulent pas y croire.

Elle est recroquevillée sur elle-même, inconsciente. Quand je réalise ça je m'accroupie à son chevet pour m'assurer que son état ne nécessite pas de soin particulier. Je la redresse contre mon torse et défais les liens qui entravent ses poignets. Sa tête dodeline contre mon épaule, inconsciente. Instinctivement j'ai envie d'aller régler leur compte aux deux hommes, qui je sais, se trouvent dans une pièce non loin d'ici. Comment osent-ils employer de telles manières, sur une femme en plus ! Il est clair que ça ne se reproduira plus jamais ! Mon cœur bats tellement vite que j'en suis essoufflé. Putain, c'est intense. Quatre ans que je l'attends et là elle est dans mes bras, c'est comme si mon corps avait attendu ça avant d'être entier.

J'ose enfin la contempler, après m'être assuré qu'elle n'avait rien de grave, bien qu'un bleu et une bosse soient visibles sur son magnifique visage. Ces hommes ne perdent rien pour attendre ! Ça fait longtemps que je n'ai pas cogné quelqu'un et ça commence à me démanger. Surtout en constatant les marques sur ce visage parfait.

Je l'admire. Cette femme qui a hantée mes rêves pendant tant d'années. Elle est magnifique, ses longs cheveux blonds recouvrent la moitié de son visage, sa robe légère révèle des jambes interminables, sa peau est si pâle et parait si douce... Je me ressaisi sentant un malaise m'envahir lorsque je me rends compte que je la mâte avec avidité, elle parait si jeune. Je prends son corps fragile dans mes bras pour m'assurer que ces brutes ne lui ont rien infligé d'autres, auquel cas mes actes ne dépendraient plus de moi ! Rien que d'imaginer leurs mains sur elle me remplit d'une haine infinie. Elle a l'air d'aller bien, mais elle ne veut toujours pas se réveiller, je commence à la secouer légèrement tout en déversant des paroles apaisantes, pour persuader son esprit de se réveiller.

Et c'est là, quand elle ouvre ses magnifiques yeux noisette, que mon univers change d'axe. Pour la première fois au monde, j'ai envie de prendre soin d'une autre personne que moi-même. Un sentiment étrange envahi tout me corps et me remplit d'amour pour elle. C'est impossible mais j'ai bien l'impression d'aimer cette magnifique femme qui me regarde d'un air terrifié...                                     

...à suivre.


Petit passage pour comprendre un peu mieux Will, en espérant qu'il ne vous déçoit pas !?

FORCE D'ESPRITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant