FORCE D'ESPRIT

CHAPITRE 27: SERIEUX !?

Quand j'entre dans l'appartement, j'entends littéralement mes chaussures trainer sur le sol. La nostalgie me reprend, je suis toute seule dans notre appartement. J'examine la pièce du regard elle ne m'a jamais semblée aussi vide. Un élan de dégout me traverse, je me retiens de courir jusqu'aux cabinets sachant qu'il ne s'agit que d'une impression.

Je me traine jusqu'à la salle de bain où j'enlève tous mes vêtements, je m'octroie un moment de faiblesse en inhalant le sweat de Will qui garde encore son odeur, lorsque je vois mon reflet dans la glace je lève les yeux au ciel devant le ridicule de la situation. J'allume à fond le jet et m'y glisse sans attendre que l'eau ne chauffe. Je reçois un jet d'eau glacée qui m'électrise la peau et me fait un plus grand bien, je règle la température à ce niveau. Je finis par m'assoir dans la douche sous cette eau glacée qui m'anesthésie aussi bien les membres que l'esprit.

Je ne saurais dire combien de temps je reste sous cette eau froide, mais ma peau commence à devenir pâlotte et le bout de mes doigts est tout fripé. Je me redresse maladroitement pour atteindre le robinet et couper le débit. Je m'enroule dans l'une des plus grandes serviettes que contient notre, ma, salle de bain. Et me sèche directement ici, plutôt que de retourner dans ma chambre pour m'habiller. Je m'essuie rapidement les cheveux et me fait une longue tresse dans le dos, ça me fait penser à ma mère elle m'en faisait chaque fois qu'elle m'emmenait à l'école... Je redresse les épaules dans le but de calmer la peine qui m'envahit. Je ne m'autorise que très rarement à penser à elle, ces moments étant toujours difficiles à assumer. Je me dirige enfin vers ma chambre pour sortir de mon armoire mes habits pour la journée. La dernière fois que je me suis habillée ici, c'est Tyler qui s'était chargé de cette tâche. Putain mon cerveau n'est pas prêt à m'accorder un peu de répit ! Je reçois le coup au cœur comme une trahison venant de mon propre esprit. Si j'étais ne serait-ce qu'un tantinet plus folle je me filerai une gifle ! Mais non je préfère essayer de faire le vide dans mon esprit, supprimer absolument tout ce qui passe dans ma tête, que ce soit les plus banales affaires ou encore les questions existentielles du moment. Je supprime tout, afin de me concentrer sur le contact du jean sur la peau de mes jambes, de sentir le léger tissu de mon T-shirt onduler sur mon ventre. J'y parviens parfaitement, jusqu'à ce que mon téléphone, posé sur ma table de nuit, me ramène à la vie. A l'instant je me rends compte que j'étais complètement coupée du monde chez Will, dans ma petite bulle égoïste, à ne me soucier que de mon propre sort, du péril sentiment d'abandon. -Tu n'es certainement pas la seule ma petite Charlie, me rassure ma conscience. Peut-être. Je sors de ma « conversation » mentale en prenant mon téléphone qui continue de sonner. Je ne connais pas le numéro, mais décroche quand même.

- Oui ?

- Charlie ! Charlie ?

C'est une voix féminine terrifiée qui me répond. Aussitôt je suis sur mes gardes. Que se passe-t-il encore, je ne reconnais pas la voix, ce qui m'inquiète d'avantage.

- Qui êtes-vous ? Je demande aux aguets.

- C'est Norah, la sœur de Tyler... il a des problèmes, elle reprend précipitamment.

Norah ? Tyler à des problèmes ? Je me fige entièrement, incapable de bouger, que lui ont-ils fait ? Je suis incapable de parler, putain mais ça ne s'arrêtera jamais ce bordel ?

- Il faut que tu m'aides, elle me supplie.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Oh mon dieu, que se passe-t-il ? Est-ce qu'il va bien ?

Elle pleure dans le combiné, je ne comprends rien de ce qu'elle essaie de me dire. Je crie d'une voix autoritaire en me ressaisissant :

- Dis-moi ce qu'il s'est passé Norah !