FORCE D'ESPRIT

CHAPITRE 22: LE BORDEL

Il sort tellement d'ingrédients que je me demande si on va réussir à tout mettre sur nos pizzas. Il commence par laver tous les légumes et je le regarde faire, comme une grosse bêtasse. Je l'admire même, j'essaie de me forcer à bouger pour éviter qu'il ne remarque mon immobilité. Mais il est trop fort.

- Tu vas m'aider, ou te contenter de me mater ?

Il rigole et sur le coup je suis muette, il m'adresse un petit regard en coin, fier de lui. D'accord. J'attends qu'il reprenne son activité puis je me concentre sur l'eau pour lui en faire voler à la figure, à distance. Il se fige lorsqu'il comprend ce que je m'apprête à faire. Trop tard ! Je me marre tellement, que je me plie en deux quand l'eau l'atteint en pleine figure. Il se retourne un sourire prédateurs aux lèvres, en s'essuyant le visage avec le bas de son T-shirt Non je ne m'extasie pas devant ses tatouage et son ventre musclé ! Il me menace en brandissant la tomate qu'il tient dans la main. Il fait mine de me la lancer mais je le prends par surprise en la faisant éclater dans sa main. La chair de la tomate tâche son maillot et son visage. Je ris de plus belle.

- Tricheuse ! hurle-t-il en se ruant sur moi.

- Tu l'as pas vue venir celle-là hein!?

Je cris en courant dans la direction inverse. Il arrive à m'attraper en moins de deux et me colle les bras dans le dos. Nos corps sont collés et un frison nous parcours en même temps. Ses lèvres tremblent, je n'ai pas le temps de les en empêcher, elles écrasent les miennes. Sur l'instant je ne réagis pas, puis mes lèvres décident toutes seules de lui rendre son baiser. Il lâche mes bras qui vont directement autour de son cou. Les siens emprisonnent ma taille pour me coller plus à lui. Il a beau être plus vieux que moi et j'ai beau avoir couché avec Tyler il y a moins de douze heures, je n'arrive pas à raisonner mon corps qui semble lui appartenir. Il lâche un soupir de contentement qui me parcourt entièrement. J'essaie de réagir, de m'éloigner de lui mais je ne retrouve pas la zone de mon cerveau censée contrôler mes membres. Il me soulève de terre pour me poser sur la table de sa cuisine et fait tomber des trucs par terre au passage. Il ne s'en préoccupe pas et se place entre mes jambes. Mes doigts fourragent dans ses cheveux tandis que ma langue harcèle la sienne. Il décolle sa bouche de la mienne pour me regarder dans les yeux, il est magnifiquement beau, ses yeux brillent d'une intensité de malade. Il caresse mon visage si tendrement que mon cœur bondit dans ma poitrine, à m'en faire mal. Tout à coup j'ai envie de pleurer, je ne sais pas pourquoi, je suis perturbée par ce sentiment amoureux qui m'envahit alors que je ne le connais même pas. Mais c'est quoi ce truc !? Je baisse la tête et n'arrive pas à contrôler le sanglot qui m'échappe.

- Je suis désolé, il dit rapidement en s'éloignant de moi.

Le changement précipité d'atmosphère me perturbe encore plus, je pleure davantage en sentant mon corps se vider quand il s'éloigne de moi. Je plaque mes mains sur mon visage pour éviter qu'il ne me voit encore pleurer.

- Excuse-moi Charlie, je n'aurai pas dû, c'est difficile d'y résister chuchote-t-il.

- Je sais, dis-je en reniflant.

Oh oui je le sais putain ! Il suffit de regarder dans quel état je suis, je ne vous parle même pas de l'état actuel de mon cœur. Un génocide à lui seul, il n'y a qu'une infime partie qui y a survécu.

- Tu veux que je te ramène ?

Il me pose cette question alors que tout son corps se contracte pour rejeter son offre.

- Je ne sais pas.

Je croise son regard et je suis encore plus perdue, car il n'est pas fier de lui, au contraire il est mal de me voir dans cet état, de me voir pleurer et de ne pas savoir quoi faire pour me consoler. Il hésite à me caresser la joue mais se ravisse et remet ses mains le long de son corps. Je n'en suis que plus étourdie.