CHAPITRE 20: HERO

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Je dépasse les grilles en fer forgé et arrive à destination quand je distingue la petite pierre tombale noire au milieu des autres. Je me dirige sans réfléchir vers celle-ci et m'accroupie devant pour me mettre à hauteur de ses gravures. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve que sa pierre est vraiment jolie. Je sais que c'est peut être juste parce qu'elle est là pour quelqu'un qui m'est particulièrement chère, mais c'est la plus jolie ici. Je suis folle de comparer des pierres tombales putain ! Je l'effleure de mes doigts avec hésitation, un petit courant électrique me transperce. Je retire ma main par reflexe, qu'est-ce que... ? Non, il ne faut pas que l'espoir d'un monde aussi fou s'insinue en moi. Elle est partie, point final, c'est fini, il n'y a pas de vie après la mort Charlie, mets-toi ça dans le crâne ! Il faut vraiment que j'arrête avec ces conneries, pendant c'est deux jours c'est l'espoir d'un monde aussi fou qui m'a permis de tenir, mais vraiment je ne peux pas, ça ne se peut pas. Je ne dois pas imaginer de telles choses.

Je scrute les alentours à la recherche de je ne sais quoi, il n'y a personne, personne de vivant en tout cas ! Après avoir vu toute la foule de ce matin ça me fait vraiment bizarre. Je suis seule avec elle. Le chagrin m'assaille, c'est ce que je voulais : être enfin seule avec elle. Mes yeux s'embrument, je me masse les tempes pour essayer d'alléger toutes ces émotions qui me parcourent, mais ce n'est pas franchement un succès. Elle devrait être avec moi, assise dans l'herbe à me faire rire, à me parler de combien elle aime Pierre. Je lui répliquerais que je suis jalouse qu'elle le préfère, on aurait continué à se chamailler une bonne heure avant d'aller retrouver Mélissa pour qu'elle lui faire avouer ses activités du soir avec Paul. Elle nous aurait insultées de remettre le sujet sur le tapis mais nous aurait pris dans ses bras, certainement soulagée. On aurait toutes les trois fini dans une chambre à parler toute la nuit de nos problèmes de fille. Je rigole d'un rire sans joie, tout ça n'arrivera plus jamais. Je détourne le regard et contemple l'horizon qui commence à décliner dans le ciel. Des couleurs orangers flottent dans le ciel et les admirer m'apaise un peu. J'observe quelques secondes les nuages, puis repose enfin les yeux sur la pierre de ma meilleure amie.

- Je suis tellement désolée.

Je ne sais pas pourquoi je m'excuse, pour le futur que nous ne pouvons plus avoir, pour ne pas avoir réussi à la sauver, pour mon cœur brisé par Tyler, ou pour le chaos qu'est devenue ma vie ? Pour le tout je suppose.

- J'aimerais tellement que tu sois là...

Ma phrase se termine dans un sanglot, je me plains auprès d'elle, comme d'habitude, sauf que maintenant je suis seule pour faire face à la vie. Malgré moi je guette un courant d'air qui pourrait émaner d'elle, « pourquoi pas » insiste ma consciente, il n'y a plus de limite à ce monde ! Je fais tout pour m'empêcher d'espérer mais c'est plus fort que moi, ça me permet de tenir. Je ne vois pas pourquoi elle n'aurait pas pu trouver un moyen de rester à mes côtés ! Mais rien ne se passe, je ne ressens rien, excepté le vide dans mon cœur. Je m'affale sur le sol, mes fesses touchent la pelouse qui entoure sa stèle. Je reste un moment-là, tête entre les genoux à attendre je ne sais quoi. Mais j'attends.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Je sursaute en me retournant vers mon visiteur. Mon attente n'aura pas était aussi longue que ce à quoi je m'attendais. Mes yeux s'agrandissent sous la surprise, puis peu à peu je me rends compte que c'est lui que j'attendais.

- William...

- Salut.

Il s'assied à mes côtés, laissant une bonne distance entre nous. Il ne dit rien de plus, se contentant de me regarder. Il est vraiment beau, il dégage une telle maturité et un sentiment de sécurité qui doit rendre folles les femmes. Personnellement je sens l'envie d'aller me blottir contre lui monter en moi, mais mon corps ne m'écoute pas et c'est tant mieux, il ne manquerait plus que je me jette sur lui ! De toute façon mon cerveau est bloqué sous le poids des évènements, qui n'arrêtent pas d'assaillir ma mémoire.

FORCE D'ESPRITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant