CHAPITRE 8: DOULEUR

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Je me retrouve en plein milieu de la route, une voiture essaie de freiner pour éviter de me renverser mais elle continue de se rapprocher de moi. Je ne panique pas car j'ai déjà senti la force en moi bloquer les roues arrière pour qu'elle ne me percute pas. Pourquoi ça me vient si facilement ? Alors que je n'ai même rien fais. Une deuxième volonté s'est soudée à la mienne. Je fronce les sourcils, je ne suis pas d'accord ! La tête me tourne, je n'entends même pas le crissement des pneus, alors que de la fumée s'en échappe. La voix dans ma tête tente de me faire comprendre que je suis en état de choc, mais je ne l'écoute pas. J'essaie de rester debout face à cette voiture, William me crie de le suivre. Pourquoi ?

La voiture s'arrête à quelques pas de moi, mon corps me lâche, j'atterris sur le sol dur, me laissant au passage de belles égratignures j'en suis sure. Ma tête cogne violemment le sol pour la deuxième fois de la journée et ça ne me gêne même pas, je ne ressens rien. Il n'y a que le froid dans mon cœur, entrain de geler le reste de mon âme. Changement tu disais Papa ? D'accord, je comprends, c'est fait.

C'est le chaos tout autour, tout le monde a réagi au crissement des pneus, quelqu'un tente de me prendre dans ses bras, ce n'est pas William contrairement à ce que je pensais, c'est mon père. Quelle ironie qu'il soit là le jour de ce changement tant attendu. Sur toutes les voitures qui affluent, il a fallu que ce soit celle de mon père !? Sérieux ! C'est genre une grosse blague ou juste le hasard ? De toute façon je ne veux pas qu'on me ramène, je suis grande je n'ai pas besoin d'aide, laissez-moi ! Ils sont tous en train soit de me toucher les cheveux, les joues ou de s'inquiéter pour mes jambes pleines d'égratignures. J'essaie tant bien que mal de les rabattre sous mon corps pour qu'ils cessent de me fixer, mais ils n'en font rien. Il y a une foule d'inconnus qui s'est maintenant amassée autour de moi. J'essaie de leur hurler d'arrêter de me toucher, qu'ils me laissent en paix, mais rien ne fait bouger mes lèvres. Celles de mon père se tordent de peur, il me parle mais comme précédemment je n'arrive pas à percevoir les sons. L'inquiétude se lit sur son visage et ça réussi à me sortir un peu de ma torpeur, je ne veux pas lui faire de la peine. La première chose que je regarde avec intérêt c'est William qui se tient prêt de mon père d'un air renfrogné et qui, lui, évite de me toucher. Il me regarde intensément mais je ne peux me permettre de soutenir son regard. Je ne peux pas, car à présent je pense à Tyler. Or, quand je regarde William, je ne pense qu'au fait que je me suis quasiment jetée dans ses bras. Certes il m'a sauvée, mais je ne supporte pas l'envie qui monte en moi de me réfugier vers lui quand je le regarde. Tous les événements récents se mêlent dans mon esprit et je ne saurais distinguer le vrai du faux.

J'entends à présent le hurlement des sirènes qui envahit mes oreilles, manquer plus que ça ! Aussitôt je regrette l'engourdissement qui m'entourait, mes émotions m'envahissent et je me recroqueville sous l'assaut. Mon cœur se reprend une slave de douleur à laquelle je ne suis pas sûre de pouvoir résister. On me place sur un lit, ah non, une civière putain ! Je proteste et cette fois-ci on arrive à m'entendre.

- Non, s'te plait papa, je vais bien je t'assure.

Ma voix me parait étrangère. Je les repousse avec mes mains et retire la couverture que l'on m'a donnée. Mon père retient par le bras le secouriste le plus proche de lui afin de lui confirmer ma demande et la plupart finissent par me laisser me redresser maladroitement. Il y a plus de cinq personnes autour de moi. Je m'en écarte, non sans recevoir un regard mauvais de la part de l'une des ambulancières. Je lui retourne un petit sourire, mi agacée, mi soulagée pour lui préciser que ce n'est pas la peine d'insister. Elle secoue la tête pour marquer sa désapprobation, ses cheveux roux bouclés lui arrive en pleine face, elle les dégage d'un mouvement de tête, mais décide de rester planté là. Mon père se détend lorsqu'il entend ma voix. Il écarte la rousse et m'écrase contre sa poitrine, je dois me retenir de protester face à la douleur que ça me provoque. Je ne veux absolument pas aller à l'hôpital. Non, je n'irais plus jamais. Hors de question ! Je me rappelle parfaitement de mon séjour là-bas, lorsque j'avais douze ans et ça va très bien comme ça ! Rien que de l'envisager ça me transperce et ajoute à la douleur déjà présente. Je revois mon lit d'hôpital, je sens encore cette odeur qui en est caractéristique, je revois mon père s'approcher de moi, comme on s'approche d'un animal blessé :

FORCE D'ESPRITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant