CHAPITRE 6: PROIE

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Où je suis !? Putain qu'est-ce que j'ai mal à la tête... Qu'est-ce qui s'est passé ? Un souvenir tente de resurgir mais tout est confus. La petite voix dans ma tête me souffle une question: les filles où sont-elles ? Aussitôt mon cerveau se ferme comme une huitre et je perds pied, noyée sous le chagrin. Les souvenirs déferlent tels de l'acide dans mes veines. J'ai l'impression de chuter de vingt étages d'un seul coup.

Hannah s'approche de moi pour m'aider, ses contours sont flous et le mur de brique derrière elle est sur le point de l'engloutir toute entière. Son corps est crispé par la colère, ses cheveux bruns masquent son visage. Elle est prête à me défendre quoi qu'il arrive, me servir de rempart avec son corps, c'est ce qu'elle veut faire, je le sais, je la connais. Mais le danger, pour elle, ne vient pas du gars qui me tient, qui m'empêche de la rejoindre et de l'étreindre dans mes bras. Non, elle a fait une petite erreur et a tourné le dos à l'homme qui se cache dans l'obscurité de la ruelle. Je ne l'ai pas vu non plus, on n'aurait jamais pu se douter... mais sans qu'aucun bruit n'annonce le tir, son corps tout entier se tend et elle tombe au ralenti sur le trottoir, les yeux écarquillés.

Je me recroqueville et me griffe le visage pour faire disparaitre ces images, j'essaie tant bien que mal de m'entourer de mes bras pour obtenir un quelconque réconfort, mais aucun résultat. L'image de son corps heurtant le sol ne cesse de me torturer, comme si à chaque fois que je la vois, une partie de moi disparait. Je ne vois rien d'autre, mon cerveau est prisonnier de cette image. Mon cœur me supplie pour disparaitre au fin fond de mon être et échapper à cette douleur. Cette douleur qui éclipse tout le reste. Je n'ai jamais ressenti ça, comment un organe pourrai-t-il ressentir quelques chose ? C'est horrible, j'ai bien l'impression qu'il essaie de me dire qu'il veut mourir également. Que s'il pouvait, il sortirait de ma cage thoracique pour se terrer loin de cette douleur. Je prie pour que les battements frénétiques de mon cœur finisse par cesser, afin d'éviter cette souffrance. Mais mon vœu n'est pas exhaussé, au contraire ma respiration finie par ralentir et l'adrénaline qui me permettait de tenir desserte mon corps, pour laisser uniquement place à la douleur.

Je reste prostrée là, sur le sol froid, je n'arrive pas à bouger ni à ouvrir les yeux. Je ne peux pas, si je le fais j'ai bien peur que la réalité ne me saute au visage et que je ne puisse pas supporter ce fardeau. Je ne peux plus bouger, je ne suis plus qu'une coquille vide et c'est tant mieux.

Après plusieurs minutes ou heures, j'en ai aucune idée, je décide de rassembler mon courage pour ouvrir les yeux. La panique essaie de fondre sur moi pour me prendre à la gorge et je manque de la laissé faire, faute de volonté suffisante. Je n'ai qu'une chose en tête qui clignote comme un panneau géant : Hannah, Hannah, Hannah... Je ne peux pas lutter.

Je n'arrive plus à pleurer, mes cordes vocales sont en grève, ce qui m'empêche d'avoir la réaction que mon corps réclame. Chaque fois que la douleur me transperce j'essaie de l'enfermer dans une boite, dès qu'elle parvient à en ressortir je la cale dans une autre à la façon des poupées gigognes. Je dois essayer de la surmonter, je ne suis pas morte, je dois savoir où je suis.

Une fois certaine de ne pas me faire déborder j'ouvre les yeux et détaille l'endroit. Je distingue au fond de la pièce où on m'a abandonnée, un vieux robinet rouillé. Le reste de l'espace, à l'exception d'une chaise en métal en face de moi, est vide. Il fait super sombre et le sol est recouvert de moitié par de la terre et du béton abimé. Une odeur d'essence et de vieille machine flotte dans l'air. Je suis où putain ?

J'ai l'impression d'être dans un vieil entrepôt, j'essaie de visualiser les endroits potentiels sur une carte, mais y'en a beaucoup trop. Mon corps est ankylosé et mes poignets sont entravés d'une corde derrière mon dos, ce qui n'était pas le cas la première fois où je me suis réveillée. Ils sont passés me faire coucou, je tremble en imaginant leurs mains sur mon corps. Je chasse cette éventualité de mon esprit avant de faire une crise de nerfs. Je me redresse tant bien que mal et me fige lorsque j'entends leurs voix. Ils sont dans une des pièces à côté, la bile me monte directe dans la gorge. Ils ont.... Je retiens le sanglot qui menace mais le chagrin m'envahit et je n'arrive plus à retenir mes larmes qui coulent librement et en silence sur mes joues.

FORCE D'ESPRITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant