Les Plumes d'Onyx - Tome I

Les mots

Les mots sont les armes les plus puissantes de ce monde. Regardez comment les écrivains, politiques ou autres idéologistes parviennent à ancrer leurs idées, leurs histoires, dans votre cerveau, à travers leurs livres, essais, ou autres poèmes. Les bibliothèques sont de véritables artilleries de guerre, remplies de mots de toutes sortes. De toutes langues. Les mots peuvent transmettre toutes sortes de messages : de la provocation, de la haine, de la tristesse, mais aussi de la joie, de l'empathie, de la paix. Les mots sont au cœur de toutes choses.

Certains savent utiliser ces mots. Des personnes soignent les maux des gens avec leurs mots. Certains défendent des causes avec leurs mots. Certains créent des univers avec leurs mots. Cependant, comme à toute force, il y a une part d'ombre. Les mots attaquent, blessent, et peuvent s'approprier une vie.

Dans les écoles, surtout dans les collèges et les lycées, certains mots agressifs sont employés. Des mots blessants, insultants, détruisant certaines personnes de l'intérieur. La jeunesse est une période cruellement difficile. Et les enfants entre eux ont toujours été méchants. Prenons cet enfant, que nous nommerons Dylan. Dylan est un adolescent de type leader, agressif, un gamin que tout le monde craint, et que tout le monde suit par peur de ses représailles. Son petit plaisir lors des cours de récréation, c'est d'arriver avec sa bande de copains, et de s'attaquer aux plus faibles, avec les poings et les mots.

Prenons maintenant Mathilde. Une jeune collégienne assise là, un livre en main, esseulée dans la cour de récréation, à l'écart des autres pour pouvoir lire tranquillement. Mathilde n'est ni très belle, ni très moche, elle est plutôt du genre "intello" comme certains diraient. Elle s'habille comme elle l'entend, alors que chaque jour, elle subit les moqueries de ses camarades. C'est alors que Dylan et sa troupe rentrent en scène. Ils s'approchent du banc où la jeune fille est installée, et commencent à la brusquer, en lui tirant son livre des mains et le jetant par terre. Par peur, la jeune fille ne répond pas aux provocations de ses camarades de classe. Dylan commence par l'insulter, la juger ouvertement, la pousser de son banc pour la faire tomber, tout cela pour l'humilier. Il la traite de "pute", de "bâtarde", de "salope", et je pourrais vous citer d'autres immondices. La jeune fille s'enfuit en pleurant. Dylan la suit jusqu'aux grilles, où il la traite de pleurnicharde, de bonne à rien, de déchet. Elle s'enfuit chez elle. Ce n'était pas la première fois, elle s'était tue sous les menaces, mais là c'en était trop.

Le lendemain, dans la cour de récréation, le banc est laissé vide. Mathilde n'est plus là, là où elle s'assoit par habitude pour lire. Il n'y a plus de Mathilde. Dans la classe, la professeure apprend à ses élèves que la jeune Mathilde, 15 ans, s'était suicidée la veille après avoir été victime de harcèlement moral. Là où Dylan ne voyait qu'un amusement dans le fait de ridiculiser les autres, un nouveau mot est apparu : Mort. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de ce Dylan. Imaginez seulement le mal qu'il a fait. Avec des mots.

Les mots sont des armes redoutables. Ils blessent et parfois même tuent. Choisissez-les sagement.

Texte par : Rhosgobels