Adieu Gamine

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Du haut de mon balcon de bois, je jette un coup d'œil au bas monde. La foules s'essouffle d'existence. Portent à bout de bras une grande boite de marbre. Et moi je sirote mon jus de fruit. Je me repose confortablement dans ma chaise longue, observant goutte par goutte la pluie qui s'écrase à quelque mètres de moi. Les derniers mètres avant le corbillard. Les plus durs.

Je discerne différents groupes. Ici la famille, la bas les amis. Ha ! Même Christian est de la partie. Je n'aurais crus le voir en ces circonstances. Quoiqu'il est bien obligé, étant donné qu'il fus longtemps le suspect numéros 1. Monsieur l'inspecteur de police est la, lui aussi. Il n'as toujours rien compris sur ce qui se passe... Quel abrutis, toujours derrière ses papiers, et à exécuter les ordres de ses supérieurs (encore plus con que lui, c'est pour dire).

C'est ici que tout se joue. Ils procèdent à la montée de la boite. Il faut la remonter un peu, la surélever afin que le bord passe en premier. Il est une épreuve assez complexe psychologiquement d'élever ce qui possède le cadavre de sa fille. La mère s'effondre. En pleurs. Le père tente de l'aider à se relever. Le frère aussi, si bien que l'on en oublie, non pas le cadavre, mais la boite ne elle même, qui tombe et s'écrase contre le sol.

Il est traditionnel de ne clouer le couvercle qu'avant la descente aux enfers, si bien qu'il s'ôta de son socle pour aller se jeter quelques mètre plus loin.

C'est alors avec horreur qu'ils découvrirent la boite vide, remplie de pierres.

Je tourne alors mes yeux vers ton cadavre, posé à coté de moi, te prend la main, t'embrasse sur la joue, remontant progressivement jusqu'à ta bouche afin de pouvoir sucer gentiment tes lèvres froides.

« Adieu Gamine ».

Je te prend dans mes bras. Mon dieu que tu est légère. L'âme devais peser son poids. Quel âge a-tu? Huit ans ? Neuf ans ? Je ne sais plus. Du haut de mon balcon je pose les pieds sur la rambarde. Je ressent à présent les gouttes s'écrasant contre mon corps opaque. Ils m'ont enfin vu. Que me crient-ils ? Je n'entend plus. Ils prennent des mines effrayées, Monsieur l'inspecteur prend son pistolet dans les mains, me vise, crie quelque chose...

Je suis déjà mort, venu chercher ma douce Lya.

Je perd l'équilibre, volontairement, et tombe.

Je sers dans mes bras ton corps froid.

Les yeux fermés j'attends la douceur de la mort.

Les Plumes d'Onyx - Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant