Chapitre 3

340 20 0
                                    


Le chemin jusqu'à ma porte d'entrée ne m'avait jamais paru aussi long. Il faisait quoi en réalité ? Dix mètres grand maximum depuis le trottoir ? Pourtant, aujourd'hui, j'eus l'impression de parcourir trente bornes. Je luttais pour faire chaque pas, comme si mes jambes s'étaient soudainement transformées en plomb.

Tout semblait différent par rapport à ce matin quand j'étais parti, presque en courant puisque j'étais en retard. Je n'avais pas fait attention aux fleurs qui bordaient l'allée ni au gazon parfaitement tondu. On aurait pu jouer au golf sur ce foutu gazon. Tout était parfait. Quand quelqu'un passait devant ma maison, c'était l'impression qu'il devait avoir. Pourtant, ce n'était pas parfait à l'intérieur. Ce n'était parfait chez personne je pense mais la perfection à l'extérieur de chez moi allait bientôt détonner avec ce qu'il se passerait à l'intérieur...

J'avais au moins la satisfaction de savoir que si l'extérieur de la maison était nickel, ce n'était pas grâce à l'un de mes parents. Ma mère avait beau adorer les fleurs, elle n'avait absolument pas la main verte. Toutes les plantes qu'elle avait le malheur de toucher avaient une fâcheuse tendance à mourir. Elle avait même réussi à faire crever un cactus. C'était donc un jardinier qui s'occupait de l'espace extérieur. Il y avait toujours de l'imperfection qui se cachait derrière un dehors nickel.

J'avais appris ça depuis le temps. Ma famille n'était pas parfaite mais on gardait nos histoires à l'intérieur de la maison. Mon père était doué pour ça. C'était assez logique d'un côté, il était avocat. Il devait réussir à faire bonne figure en tout temps. Ce n'était pourtant pas sur lui que je prenais exemple quand je me prenais la tête avec mes parents et que je voulais me défouler sur le monde entier. C'était sur ma sœur. Mali-Koa avait eu des gros problèmes à un moment donné, avant qu'elle ne déménage pour ses études, mais elle avait gardé la tête haute. Elle était restée parfaite, semblable à elle-même. Si je n'avais pas su par d'autres personnes ce qu'il lui arrivait, je ne m'en serais jamais douté.

Il fallait que je prenne exemple sur elle aujourd'hui et dans les jours à venir. La différence entre ce qui lui était arrivée à elle et ce qui était en train de se passer pour moi était que Mali n'était en rien responsable de ce qui lui était tombée sur la gueule. Alors que moi si. Enfin, pas tout à fait. J'avais mis un préservatif, ça n'aurait jamais dû arriver !

Je jetais encore un regard vers la voiture de Délia garée de l'autre côté de la rue. Je lui avais demandé de patienter le temps que je parle à ma mère. Je n'étais pas du genre à attendre pour annoncer les mauvaises nouvelles. Il valait mieux arracher le pansement tout de suite. A quoi ça servait d'attendre ?

Je savais comment ça se passait quand on attendait trop longtemps avant d'annoncer quelque chose. J'allais me trouver des excuses, une différente chaque jour : "mon père était de mauvaise humeur", "ma mère ne se sentait pas bien" et ainsi de suite. Je le savais. Et j'aurais constamment cette pression sur les épaules en sachant que mon univers tout entier s'écroulait. Je ne voulais pas de ça. Je l'avais déjà fait une fois pour une toute autre raison. J'avais eu un bulletin de merde pour le premier trimestre en première. D'habitude je m'en sortais plus ou moins autour de la moyenne mais là ça avait été nul à chier. Je n'en avais donc pas parlé à mes parents. Jusqu'à ce que ma mère croise celle de Michael au supermarché. Cette dernière lui avait alors demandé quels étaient mes résultats.

Je crois que ce n'est pas la peine de préciser que je m'étais fait engueuler comme une merde. Ça avait même été pire que si je l'avais dit tout de suite parce qu'en plus d'être déçu de mes notes, elle était énervée parce qu'elle avait été ridicule devant la mère de Michael. Je ne tenais pas à revivre une situation dans le même genre... Mais en pire.

Harlow's Song, Can't Dream Without You // 5 Seconds of SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant