Chapitre 4

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C'était une blague. Ce n'était pas possible autrement. C'était la journée des bonnes grosses vannes pourris. Je me pinçais même pour être sûr que je ne rêvais pas. La douleur étant bien là, j'en conclus que j'étais bien dans la vie réelle. Et que c'était un cauchemar.

- Qu'est-ce que tu veux dire par "Emmalin reste avec nous" ? C'est son Emmalin ! M'exclamais-je en pointant Délia du doigt, elle part avec elle !

J'avais réussi à rester plus ou moins calme jusqu'alors. J'avais eu le temps de réfléchir pendant que j'étais resté seul. J'aurais pensé que Délia demanderait de l'argent à mes parents, mon père aurait très bien pu s'occuper de la paperasse et tout ça, et j'aurais été obligé d'aller la voir de temps en temps. Ou Délia l'aurait ramenée ici. Histoire de donner une bonne conscience à tout le monde. A aucun moment je n'aurais pensé, même pendant une demi-seconde, qu'elle nous laisserait sa gamine !

- Calum, calme-toi, m'intima ma mère.

Je savais que le mieux à faire était de l'écouter. J'écoutais ses mises en garde d'habitude, si elle les disait c'était pour éviter d'énerver mon père. Si je ne faisais pas ce qu'elle disait, le ton montait et on finissait immanquablement par nous hurler dessus à nous arracher les oreilles mon père et moi.

Sauf que je n'avais pas envie de me calmer aujourd'hui. Je n'avais pas envie de me taire. La journée avait été trop longue. J'avais été en cours, j'avais appris que j'avais eu une fille, je l'avais dit à ma mère et là on me disait qu'Emmalin allait rester ici ? Je n'avais même pas encore réussi à assimiler que c'était bien la mienne ! C'était trop ! Beaucoup trop !

- Ah non ! M'exclamais-je, c'est hors de question ! Vous voulez me gâcher la vie ou comment ça se passe ?!

- Calum ! S'exclama ma mère.

Oui, je sais, je suis allé trop loin. Si Emmalin était là c'était en grande partie à cause de moi. Mais je n'avais jamais demandé à ce qu'elle reste avec nous ! Pourquoi Délia ne pouvait pas se contenter d'un chèque ou d'un truc dans le genre ?

- Je t'ai dit que je ne m'en sortais plus ! Plaida Délia, je l'ai expliqué à tes parents.

- Délia nous a dit que si nous ne gardions pas Emmalin, elle la confierait à une famille d'accueil, dit posément ma mère, tu ne vas quand même pas me dire que c'est ça que tu désires pour ta fille ?

Je faillis hurler que je n'en avais rien à foutre. Je réussis à me retenir de justesse grâce à la façon dont ma mère avait tourné sa phrase et à son regard. Je secouais donc la tête de mauvaise grâce pour dire que je n'aurais pas aimé qu'Emmalin soit confiée à des inconnus.

C'était ma fille. J'essayais de l'assimiler mais... Ça ne marchait pas comme ça. Pour moi c'était un bébé. Juste un bébé. C'était le bébé de Délia mais ce n'était pas mon enfant. Je n'y pouvais rien. Elle ne pouvait pas se pointer avec un bébé, me dire que c'était le mien et s'attendre à ce que je saute de joie ! J'avais dix-sept ans, bordel !

Délia nous regarda à tour de rôle. Les quelques larmes qui avaient faits leur apparition quelques minutes plus tôt avaient complètement désertés ses yeux. Quelle fouteuse de merde celle là ! Elle avait fait exprès de me mettre à l'écart pour pas que j'y mette mon véto !

- Je vais y aller, dit-elle finalement alors que je la fusillais du regard, merci encore Monsieur et Madame Hood.

Et elle partit. C'est tout. Elle ne jeta même pas un regard à Emmalin. On se contenta de la regarder se diriger vers la porte. Elle ne la claqua pas, je crois même qu'elle mit un soin tout particulier à la fermer le plus doucement possible.

Harlow's Song, Can't Dream Without You // 5 Seconds of SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant