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J'ai été brutalement réveillé par la sonnerie du téléphone.

J'avais dormi plus de douze heures d'affilée. Le soleil inondait

la chambre. Dans l'état où je me trouvais la veille, je n'avais

pas fermé les volets, ni même tiré les rideaux et je transpirais

comme un beignet juste frit. Je me suis levé et j'ai fait quelques

pas mal assurés pour atteindre l'appareil. J'ai décroché en

proférant un « allo » pâteux. C'était une voix féminine :

- Monsieur Jean Bonnot ?

- Bonnet, corrigeai-je. Oui c'est moi.

- Jean, reprit la voix féminine, c'est moi, Ann.

Je demeurai muet de surprise. Je croyais être encore plongé

dans mes rêves. Peu à peu, je reprenais mes esprits, mais je

n'arrivais pas à comprendre comment Ann avait trouvé mon

numéro de téléphone et surtout, (en admettant qu'elle ait pu

le récupérer par je ne sais quel miracle), pourquoi elle perdait

son temps à m'appeler, là, ce matin, après ce qui s'était passé

la veille.

- Mais qu'est-ce-qui vous a pris ? continua-t-elle sur un ton

de reproche. Vous avez filé comme l'éclair. Un moment, j'étais

avec vous, dans le lit, et la minute suivante, je me suis retrouvée

toute seule. Je n'ai rien compris. Je me suis même demandé si

je n'avais pas rêvé. Vous êtes bien monté avec moi dans cette

chambre d'hôtel, dites-moi ? Je ne me suis pas trompée ?

J'ai bafouillé quelques mots :

- Oui, bien sûr... Je suis désolé... Je m'excuse... Mais, expliquez-

moi : comment connaissez-vous mon nom de famille

et mon numéro de téléphone ?

Elle eut un petit rire :

- Et j'en sais encore bien davantage sur vous, croyez-moi :

je connais aussi votre date de naissance, votre adresse, votre

numéro de sécurité sociale et plein de choses encore. Vous ne

devinez pas ?

Elle me laissait patauger. Je ne voyais vraiment pas. Les rôles

étaient inversés ; elle en savait bien plus sur mon compte que

moi sur le sien. C'était elle la détective en définitive, pas moi.

Elle essaya de me mettre sur la voie :

- Il ne vous manque rien ? Vous n'auriez rien perdu par

hasard ?

Je jetai un coup d'oeil dans la pièce. Ma chemisette, mon

jean, dont je m'étais rapidement débarrassés la veille, traînaient

sur le sol. Je m'accroupis, tâtai les poches du pantalon :

vides ! Je compris soudain.

- Mon portefeuille dis-je, paniqué. Dans mon affolement,

10 jours de canicule [publié, mais épuisé, chez ETT]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant