Chapitre XVII.

3.8K 398 8
                                    

PDV AIDEN:

   Il courait comme un fou en espérant pouvoir la rattraper. Ce n'était pas grand chose et pourtant, l'adrénaline déchainait son cœur. Il sortit de l'immeuble et vérifia à gauche et à droite. Il la vit tourner au coin de la rue, sur sa gauche. Il sprinta jusqu'à elle. Elle montait dans un célèbre tramway de San Francisco jaune et marron, un cable-car.

- Eliana! Cria t-il en faisant signe frénétiquement.

   Elle se tourna vers lui et écarquilla les yeux de stupeur. Lorsqu'elle se mit à rire, il remarqua qu'il avait l'air débile. L'amour rendait idiot. Certains le dévisager, amusés ou écœurés. Il n'avait pas le temps de les envoyer chier.

- Qu'est-ce que tu fais là?

- Je dois passer à la fraternité. (Expliqua t-il en faisant de grandes enjambés vers elle) Et toi?

" Le temps paraitra intenable si tu n'es pas dans la même pièce que moi."

   Il savait parfaitement où elle se rendait. Cependant, il voulait gagner du temps. Ne pas la laisser entrer à l'intérieur du cable-car. Si elle le faisait, il n'arriverait pas à puiser assez de force pour continuer son geste insensé. Elle s'agrippa à l'une des barres extérieures du cable-car.

- Je veux retourner à ma librairie.

- La City Lights bookstore. Je connais, je t'y accompagne!

   Tout bon habitant de San Francisco connaissait cette librairie, même si ce n'était que de nom. Le tram démarra. Alors qu'il se mettait à courir, Eliana riait en lui disant au revoir de la main. La sale peste! Il accéléra autant que possible, le regard fixé sur son objectif: Elle.

- Rattrape-moi alors! Hurla t-elle en mettant ses mains autour de sa bouche pour porter sa voix.

   Dans quelques mètres, le cable-car entamerait sa première pente. Ce serait impossible d'y grimper. Donc, il devait tout donner. Il courait comme il ne l'avait jamais fait. Même lors des match de Football Américain de la fac. Elle ne lui échapperait pas! Il se rapprochait, plus que quelques centimètres. Il lui tendit la main pour qu'elle l'aide. Elle arrêta de rire devant la détermination du garçon et lui attrapa la main. Dès que leurs mains se lièrent, une sorte d'onde invisible se déploya autour d'eux. Ce qu'il ressentait était indéfinissable. Il en fut hébété mais ne lâcha pas la main ni les yeux de la française. Il donna une impulsion et s'aida de la barre qu'elle tenait. C'était comme s'il s'était senti pousser des ailes. Alors que le cable-car commençait son ascension, il percuta Eliana, la repoussant contre la vitre de l'engin. Leurs souffles se mêlèrent, leurs torses se touchaient. Il en était sûr, leurs cœurs battaient à l'unisson et l'un comme l'autre pouvaient le sentir. Les joues de Eliana avaient pris cette teinte rosée qu'il aimait tant. Pris par un élan d'espoir, il pencha légèrement la tête vers elle. Cependant, elle tourna la sienne. Il se décala d'elle en toussant.

- Ta librairie est sur Columbus Avenue.

- Oui. Murmura t-elle sans oser lever les yeux, le regard fixé sur San Francisco.

   Ce n'était pas dans ses habitudes mais il se sentait intimidé. Comme il ne savait pas comment gérer cela, il mit les mains dans les poches et tenta de se faire une petite place dans le cable-car bondé. Même s'il la connaissait par cœur, il admira lui-aussi la ville. San Francisco était tourné vers la mer. Dans les années 60, elle avait réussi à attirer les minorités ethniques et sexuelles. Donc contrairement au reste des USA, elle possédait une incroyable diversité culturelle. Les habitants affichaient clairement leur anticonformisme ainsi que leur tolérance. C'est ce qu'avait particulièrement apprécié Aiden à sa son arrivée, trois semaines avant son entrée en première année. Lui aussi était différent, à sa manière. Il se sentait bien mieux ici qu'à New York. En effet, le centre ville n'est pas écrasé par des gratte-ciel. Des maisons victoriennes embellissent de nombreux quartiers. Et puis, ses collines et ses rudes pentes feraient le bonheur de n'importe quel motard. Cela n'était pas étonnant qu'on la surnommait "Everybody's Favorite City". De plus, elle incarnait parfaitement l'American Dream notamment grâce à son revenu moyen supérieur de plus de 50% à la moyenne nationale. Oui Aiden se sentait bien mieux ici qu'à New York. Lors de son choix de fac, son critère majeur avait été l'éloignement de sa famille. De cette vie qui l'empêchait de respirer. Finalement, il était plutôt bien retombé sur ses pattes. Francisco était sa ville. Une idée lui traversa l'esprit, il devait se servir de ses connaissances sur la ville pour kidnapper Eliana cet après-midi.

Là-Bas. [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant