PDV ELIANA:
Les bruits autour d'elle n'était qu'un brouhaha constant, ses yeux lui piqués d'avoir trop pleuré, son esprit vagabondé sans qu'elle ne s'en rendent compte. Depuis quasiment deux mois, elle avait l'impression de ne plus être dans son corps. Elle n'avait plus aucune certitude ni d'envie. Le bonheur? Elle avait oublié ce que cela était. Après le départ d'Aiden, elle était restée pendant plus d'une semaine dans son lit, à crier sa peine. La douleur en elle avait été si violente, qu'elle avait eu l'impression que celle-ci tentait de sortir en déchirant tout sur son passage. Puis, elle n'avait plus eu de force. Ni pour pleurer. Elle était tombée dans un profond sommeil. Une vive lumière l'en avait sorti, Mel avait tiré les rideaux de sa chambre et malgré les insultes qu'Eliana lui avait balancé au visage pour déverser sa colère, elle avait réussi à la faire sortir du lit. Pour ne pas que ses amis décident de l'interner ou de la renvoyer en France, elle avait décidé de porter un masque. Celui d'une Eliana qui écoutait attentivement leurs conseils, qui participait à la vie du groupe même si elle n'arrivait plus à sourire. Y arriverait-elle à nouveau un jour? Selon la bande, le temps guérissait tout. Elle pensait le contraire. Le temps l'avait détruite et il continuait à le faire. Elle ne pensait pas être capable d'aimer autant et en si peu de mois. Et plus le temps filait et plus, Aiden s'éloignait. Le temps la tuait de l'intérieur à petit feu mais la douleur restait. Elle s'était livrée à lui à cœur ouvert. Elle avait refusé une relation stable pour l'amour. Enfin l'amour, l'avait-il déjà aimé même une seconde? Elle en doutait. Le romantisme tuait.
- Mademoiselle Martin?
Elle releva brusquement la tête vers la vieille professeur de français qui tentait de ressembler à Coco Chanel. Elle en était loin. Eliana fronça les sourcils.
- Encore dans vos pensées... Souffla t-elle en souriant légèrement.
Les regards des Américains étaient braqués sur elle. Elle baissa la tête. Madame Delorie avait eu la merveilleuse idée de placer les français face à la classe. Cela leur donnait encore plus l'impression d'être des bêtes de foires. Déjà que leur présentation officielle par le Doyen dans la salle des fêtes avait été disproportionnée, ils devaient faire face à leurs nombreux assaillants en chaleur ou encore au fait qu'à la faculté leurs moindres faits et gestes étaient épiés par les étudiants, cela n'allégeait pas le cœur d'Eliana. Si elle restait c'était uniquement pour le fait que si elle n'avait pas ses amis à ses côtés, elle se serait effondrée. Et puis, même si elle se détestait pour cela, elle avait espoir qu'Aiden revienne. Donc elle agissait comme une étudiante normale d'Histoire de l'Art, qui souriait peu et qui était heureuse de retrouver des amis dans certains cours.
- Je demandais si vous aviez amené une chanson.
- Non. Répondit la jeune femme en faisant mine de gribouiller dans son cahier.
Nul besoin de lever les yeux pour savoir que Madame Delorie la regardait avec tristesse. A maintes reprises, elle avait essayé de savoir ce qui se passait en elle. Si elle savait. Il n'y avait rien. Elle n'était plus rien. Parfois, elle se demandait si cette professeur n'avait pas choisi de commencer par des chansons pour leur mettre du baume au cœur. Elle pensait certainement qu'ils avaient le mal du pays. Or, le cœur d'Eliana était mort. Putain, comme elle le détestait et pourtant Dieu seul savait à quel point elle l'aimait! Même penser son prénom, elle en était incapable. Parfois, elle se tenait sur le pas de la porte de la chambre de ce garçon qui était parti avec son cœur. Son odeur s'effaçait et les images des moments vécus ensemble devenait de plus en plus troubles. Sans qu'elle ne s'y attende, les larmes lui montèrent. Elle renifla en espérant pouvoir les retenir.
- J'en ai amené une.
Elle tourna la tête vers Doudou. Sans la regarder, il lui toucha la cuisse. Comme tous ses amis, il était une crème avec elle. Ils mettaient toutes leurs forces dans leurs tentatives de lui changer les idées. Même trop parfois, notamment Léo. Après avoir maudit Aiden, il s'était concentré sur les câlins qu'il lui procurait pour ne pas qu'elle manque d'affection. Il n'arrêtait pas non plus de la complimenter pour ne pas qu'elle perde confiance en elle. Finalement, elle était soulagée qu'il ait du aller à l'entrainement de football à cette heure afin d'être prêt pour la reprise des matchs. Au moins, il la laissait respirer. En fait, elle ne se comprenait plus. Soit elle était angoissée de se retrouver seule ou soit elle avait besoin de son espace vital. Doudou se leva et posa le CD dans le vieux poste noir. Elle rencontra un regard bleu turquoise. Celui du brun à côté de Dan et Andrew, elle ne l'avait jamais vu à la confrérie. Elle l'ignora et se concentra sur Doudou.
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Là-Bas. [EN PAUSE]
RomantizmCes six mois aux USA devaient être consacrés à l'amitié, à la folie, à de nombreuses parties de jambes en l'air sans regrets, à des soirées alcoolisées ou encore à créer des souvenirs inoubliables. Pour résumer, la bande d'amis souhaitait croquer la...