Adèle, 21 Octobre 2012

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On m'avait dit que c'était plus facile avec le second, mais je suis terrassée par la fatigue cette fois ci. J'ai le sentiment de ne jamais pouvoir reprendre mon souffle, comme si j'étais le jouet des vagues d'un océan déchaîné ; à chaque fois que j'arrive à rejoindre la surface, au prix d'un effort surhumain, je n'ai pas le temps d'inspirer suffisamment d'air pour remplir mes poumons que déjà un autre rouleau m'aspire dans un tourbillon, et m'entraîne tout au fond. À chaque fois, il faut que je trouve la force de remonter pour respirer, mais les vagues se succèdent, j'ai de moins en moins d'air, je me sens de plus en plus faible.

Robin ne fait toujours pas ses nuits. Je suis à bout de nerfs, folle d'épuisement. J'ai tant besoin de dormir que j'en ai mal.

Les pleurs de Robin me tirent brutalement de mon sommeil. Il me faut plusieurs secondes, parfois plusieurs minutes, avant de me rappeler où je suis. Je suis si fatiguée que j'ai peur de tomber en le berçant.

Je n'arrive pas à le calmer. Par moments, le son de ses pleurs m'est intolérable, c'est presque comme une douleur physique, je ne peux plus supporter de l'entendre, je donnerais tout pour qu'il cesse de hurler. Il pleure très fort et sa chambre est juste à côté de celle de son frère. Il le réveille, et je dois m'occuper de lui aussi. Je ne sais plus comment faire. Parfois je suis obligée de laisser Robin pleurer pour m'occuper d'Abel, qui n'arrive pas à se rendormir.

La nuit dernière Jean est venu frapper à la porte de la chambre alors que j'étais avec Abel. Il avait fait un cauchemar et j'essayais de le calmer. Jean m'a demandé ce que je faisais, pourquoi je n'allais pas m'occuper de Robin qui pleurait. Je lui ai dit qu'il y aille, lui, que j'étais occupée. Il a quitté la chambre d'Abel l'air fâché. Il est revenu quelques minutes plus tard en se plaignant que Robin avait faim, qu'il fallait que je lui prépare un biberon. Agacée, je me suis dirigée vers la chambre du bébé, tandis que Jean est retourné se coucher, en grommelant qu'il devait se lever tôt le lendemain pour partir travailler, lui. Pourquoi n'est-il pas resté auprès d'Abel ? Ne voyait-il pas que son fils avait besoin de réconfort ?

C'est à cause de nos disputes qu'Abel s'est remis à faire des cauchemars, j'en suis persuadée. Je peux tolérer que Jean m'en veuille à moi, mais pas qu'il délaisse son fils aîné. Son fils qu'il adorait. Je ne comprends pas qu'il semble s'en désintéresser à présent.

L'autre filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant