chapitre 4

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Le vent était glacé, peu de monde se promenait à cette heure. Je marchai tranquillement vers ce fameux logement. Les rues se vidaient à son approche puis tout devint désert. Je marchai de plus en plus vite, la peur me serrait le ventre, je couru jusqu'à la porte et refermai derrière moi, la peur s'envola instantanée. Je m'installai sur le matelas qui se trouvait dans la pièce à coté de la cheminée. Je mis mes écouteurs et repensais à ces mystérieux personnage ; Mike. Son visage fin, ses yeux d'un vert étourdissant me faisait penser à un ange. Il était musclé, même un peu trop pour son âge mais peu importe, sa peau était d'un mate clair. Il était brun. Pourquoi était-il partit comme un voleur ? J'y avais réfléchis une bonne partie de la nuit puis je mettais endormie. Le lendemain je me réveillai avant l'aube. Je sortis le reste de l'argent qu'il me restait et l'étala sur le lit. Il me restais juste de quoi me payer le petit déjeuner. Je pris une douche rapide et froide pour bien me réveiller puis habillai mes yeux d'un coup de crayon et d'une touche de mascara. J'enfilai un vieux jogging et un haut noir. Je marchai la musique dans les oreilles. Le café venait seulement d'ouvrir, je poussai la porte, saluai les premiers arrivant et m'installai sur une banquette du fond. Je pris mon portable et fixai un long moment la photo de ma mère et moi. Une femme me sortit de mes pensées et demanda ce que je désirai. Je lui demandai un café et un pain au chocolat. En patientant, je réfléchis à ce que je pourrai bien faire après ça ... On m'apporta ma commande que j'engloutis en moins de deux. En jouant avec les miettes qui restaient de mon pain je pensai au joli parc non loin d'ici. Je me levai, payai et sortis. En allant vers le parc je me remémorai le bonheur que j'avais ressenti en m'endormant là-bas, c'était la première fois que j'avais apprécié de m'endormir même si mes cauchemars m'avaient réveillé et la seule fois ou je me sentais réellement en sécurité. Il y avait peu de gens, le ciel menaçant avait sûrement du les convaincre de rester chez eux, au chaud au coin du feu, jouant avec leurs enfants ou plongé dans de vieux bouquins leurs procurant la sensation d'être dans un autre monde. Pour ma part rester enfermer n'est pas mon truc, quelque soit la météo ! Encore moins depuis la mort de ma mère, même si sortir se promener seule n'est pas la meilleure de solutions mais dans ce parc tout me paraissait possible. De toute façon j'étais seule. Les premières gouttes tombaient. Les dernières personnes quittaient le parc à toute jambe pour trouver un abri, j'aurais pu faire pareil mais non. Le silence me fit face et là toute ma souffrance refit surface, je m'effondrai contre un arbre. Les larmes ne s'arrêtaient plus. Je revis ma mère ensanglantée. Pourquoi je n'avais rien fais ? Elle ne méritait pas ça, pas de mourir et surtout pas de cette façon. Et puis pourquoi elle et pas moi ? Je sentais encore les ongles perçant ma chair, ce souffle brûlant dans le cou, je sentais encore son sourire grandir à chaque seconde sur ma joue. Je glissai mes doigts sur chaque parties de mon corps ou j'avais senti leurs doigts, leurs souffles. Je ne me souvenais plus de la suite, juste que je m'étais écroulée au coté de ma mère et puis plus rien, le vide, le trou noir ! 

La pluie ne s'arrêtait pas, la pluie et mes larmes ne faisaient plus qu'un. Je n'avais plus la force de rentrer, je m'abandonnai aux bras de la Nature. Je sursautai, désormais il faisait nuit, j'étais allongée dans un lit.je me levai lentement, ma tête me lançai fortement, mon corps était glacé, je grelottai. Je traînai les pieds jusqu'à la pièce principale. La télé criait les paroles des acteurs, des pieds dépassaient du canapé. J'eus un frisson de peur. Ou es que j'étais encore tombée ? Je restai là, sans bouger, un chat passant par là, s'écarta en me soufflant et poursuivit sa route à toute jambes. Mon sauveur se releva brusquement. Mike était mon sauveur, encore une fois. 

    - Ah tu es enfin réveillée. Il était temps, tu dois avoir faim. Regards dans le placard, il doit traîner quelques trucs.

Je m'emparai d'un paquet de céréale qui se cachait derrière un pot de Nutella. J'en versai dans un bol puis regardai de nouveau vers le canapé. Mike me fixait, remarquant que je ne bougeai plus, il m'invita à m'installer à ses cotés. Je mangeai mon déjeuner tout en regardant des dessins animés. Quant à Mike, il regardait aussi mais se tournait de temps à autre pour me jeter des coups d'œil certain plus intense que d'autre, comme si il cherchait à lire en moi. Puis d'un seul coup, il me regarda sérieusement, ses traits étaient tirés.

    - Pourquoi étais-tu dehors ? Qu'es qui te prend de faire des siestes sous la pluie ? Il y a mieux à faire tout de même. Il reprit son sérieux et poursuivit. Tu devrais faire attention Lou !

Je sursautai lorsque mon prénom franchit ses lèvres. 

    - Comment ... Comment sais tu mon prénom ?

Encore une fois, Mike, se défila. Il prit mon bol que je tenais entre mes mains serrées et le ramena dans la cuisine. 

    - Restes ici ! Ne sors pas. Je reviens dans la soirée. Je t'ai mis quelques fringues sur ta table de nuit, prends une douche et reposes toi !

Il avait dit ça comme si il parlait à une gamine. Je passai ma matinée à somnoler sur le canapé devant des émissions complètement inutiles et dont le sens m'échappai. Vers 12 heures, je pris une douche et m'habillai des vêtements qu'il m'avait préparé. Un jogging et un tee-shirt qui devait sûrement lui appartenir car je flottai littéralement dedans ou aurait pu croire que je cherchai à me déguiser. Comme promis je ne bougeai pas, j'attendrai sagement son retour. A vrai dire je connaissais maintenant chaque angle, chaque pièce, chaque tiroirs et couverts, de la maison par cœur. Il ne rentra pas ... L'aube montrait déjà le bout de son nez. J'en avais marre d'attendre comme un chien, le retour de son maître adoré. Je pris ma veste et partis. Je marchai le long d'une rivière. Un homme surgissant derrière, se mit à marcher à mon rythme. Je ne dis rien mais sa présence ne me rassurait absolument pas,mon instinct me conseillait de prendre mes jambes à mon cou ! Qu'es qu'il me voulait ? Tout à cou, il m'empoigna le bras. Il me tira malgré mes efforts, pour l'en empêcher, vers un banc. Il me força à m'asseoir, me gifla ce qui ouvrit ma lèvre et me donna des coups de pieds. Je m'étais retrouvée à terre, percevant le goût âpre de sang dans ma bouche. Un de ses coups atteins mon ventre, j'en eu le souffle coupé, la terreur me paralysai. Des points obscurcis ma vision. Je me recroquevillai sur moi même et repris doucement ma respiration. Mon corps entier était douleur, chaque mouvement était souffrance ! Cette souffrance était insupportable, il fallait que cela cesse. Je pris une grande inspiration. Quand il se lança pour me frapper, j'en profitai pour lui attraper la jambe, il fut déséquilibré, ce qui lui fallu une belle chute dans l'eau. Je me relevai difficilement à l'aide du banc puis boitillai le plus vite que je le pouvais pour rejoindre Mike qui était le seul qui pourrait vraiment m'aider. Il m'attendait devant la porte, il était énervé mais lorsqu'il remarqua que j'étais à bout de force, la lèvre ouvertes et couverte de bleus il se précipita sur moi. Je m'effondrai dans ses bras, il me retint du mieux qu'il pu puis me porta comme une princesse, un peu esquintée, mais comme elle. Il me déposa avec délicatesse sur le canapé. Ma vue se troublait de plus en plus. D'une force hallucinante, il me gifla puis s'excusa. Il me porta de l'eau qu'il m'aida à boire. Il s'appliqua à nettoyer mes blessures ouvertes, évitant de me faire mal malgré ses gestes durs et énervés, il m'en voulait, son regard ne croisa que rarement le mien. Avant de mettre endormi, je l'ai effleuré, il m'a regardé inquiet, je savais qu'il resterait à mes cotés.

«  Les doigts me perçaient la peau. Ma mère venait de s'effondrer, elle me regardait, ses yeux implorant me disaient de partir, de me sauver le plus loin possible. J'aurais voulu me jeter à son cou mais cet homme me retenait. J'étais paralysée. Mes poumons me brûlaient à force de hurler. L'homme derrière moi riait, il jubilait ! Lou ! Lou ... »

    - Lou ! Réveilles toi bordel !

Mike me secouait de toutes ses forces.

- Lou, respires, arrêtes de hurler ! Tout va bien.

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