Je revois encore mes grandes vacances,
Mon esprit léger, innocent, et sa chance,
Ses légers soucis, ces menues préoccupations,
L'année passée, je vivais comme en dérision.J'écoutais du Madéon, j'étais en Belgique,
Je buvais sans modération, alcoolique
De musique, jeune génération du son,
Je vivais comme un autre, tous à l'unisson.Étais-je heureux ? Oui, je crois bien que je l'étais,
J'ai retrouvé des musiques que j'écoutais,
Et, en les repassant, j'ai failli en pleurer,
Amnésique à présent, je me suis rappelé...Au fil de la mélodie, je me suis revu,
Dans la ville de Bruxelles, courant les rues,
"Midnight City" dans les oreilles, comme alors,
J'ai revu l'ancien Thibault, celui qui est mort !Le Thibault simple et heureux, l'esprit léger,
Inconscient de sa force et de sa liberté,
Si jeune, si jeune il y a quelque mois, vivant,
Il ne se reconnaîtrait pas en moi, maintenant.Celui qui avait une copine stable,
Celui qui sortait d'une classe minable,
Celui qui se disais encore mentaliste,
Quelquefois, même, croyait être triste.Je me revois encore, l'esprit si léger,
Si joyeux, heureux et inexpérimenté,
Souriant et inconscient, je n'avais pas tord ;
Que de faiblesses, pour se trouver être fort !Pourtant, l'espace d'un instant, en écoutant,
J'ai retrouvé un cœur pur, un esprit léger.
Pourtant, l'espace d'un moment, en souriant,
Je suis redevenu le Thibault du passé !Effleurant ma conscience, j'ai tout retrouvé,
Ces bonheurs faciles, ces belles amitiés,
Dans la vie docile d'un jeune adolescent,
Gaspillant son temps, si paresseux, si content !À présent, je traque, musique en musique,
La moindre ombre de souvenir, les yeux m'en piquent...
Inconscient, bêtement, j'étais si fort pourtant,
Tout était à ma portée, rétrospectivement !Mes sentiments, à la lumière du présent,
Semblent si naïfs, car je ne connaissais pas
La souffrance ; je vivais donc tranquillement,
Sans landes de boue, ni leur vers, ni leur choix.J'ouvre les yeux. Je retire mes écouteurs.
À l'époque, j'étais ignare de la peur.
L'esprit léger, le cœur pur, j'étais. J'existais.
Thibault Desbordes, un jour, a bien connu la paix.Mais mon corps à maigri, ma peau s'est pâlie, l'opale
Ne luit plus dans mes deux yeux ternis ; j'ai mal,
Et mes joues se sont creusées, mon front s'est plissé,
J'ai prix dix ans, et ça, en même pas une année !Thibault Desbordes.
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Blitzkrieg
PuisiTroisième pas dans l'écriture, aussi lourd que grand. avril 2016 - juin 2016 - Dans le silence d'une chambre où s'annonce l'écriture, D'un certain recueil où sonnent les ratures.