HARD TO LIVE (tome 1)

8.

KALTER:

Je suis gelé. Il fait noir, vraiment tout noir. Je ne sais même pas si je peux m'orienter correctement.

Je suis au sol, allongé sur le dos comme bloqué par une force inconnue ou juste invisible. Je dois avouer que j'ai peur. J'ai l'impression que cela fait des jours, des semaines, des mois que je suis dans cette position en espérant pouvoir me relever.
Peut-être est-ce ça la mort. Je sais pas mais c'est tellement apaisant. Ce silence est si doux.

– Kalter s'il-te-plaît ouvre les yeux... Ça fait déjà six semaines.

C'est la voix d'Ethan. Qu'est-ce qu'Ethan vient foutre là ?

– Ethan ?

Oh putain je parle. Je parle ! Mais je veux pas partir je suis si bien. C'est ce que je défini comme le paradis. Je ne veux pas vivre mais si j'entends mon ami m'appeler alors j'imagine que je suis pas entièrement mort. Treize échecs... Qui dit mieux ?! Je ne veux pas que cette tentative soit un échec complet.

ETHAN

Le temps passe de plus en plus vite. Trois mois qu'il est dans le coma. Ses parents ne sont jamais arrivés mais une fille du nom de Katlin est venue. Sa jumelle. La première chose que je me suis dis quand je l'ai rencontré c'est " leur mère est obsédée par les K ou quoi ? ".
Elle est super sympa comme fille. Elle me parle de Kalter quand il était encore enfant, ils semblent si proches c'est dingue. Je pensais être le seul à être proche de lui mais en réalité je ne suis pratiquement rien pour lui. Juste un ami avec une date d'expiration.
Malgré ça je reste toujours à ses côtés. Enfin avec sa jumelle on alterne afin que je continue de suivre les cours et qu'elle puisse se trouver un job et un appart. En attendant l'Université à acceptée qu'elle prenne la chambre de son frère donc je la croise tous les jours. Joe s'est fait casser la gueule bien sûr, enfin, elle l'a juste giflé. Quatre fois. Et elle lui a mis un coup de poing. Je considère ça comme pas grand chose moi.
J'apprends une nouvelle chose sur mon meilleur ami chaque jour. Il me manque plus que n'importe qui au point où les appels de mon frère me semblent insignifiants alors que mon frère est tout ce qu'il me reste.

Je suis sur mes devoirs depuis bientôt deux heures. Je n'arrive pas à me concentrer sur ma fichue littérature française. Qui en a sincèrement quelque chose à foutre de Bel Ami de Maupassant ? Même les français ça doit les faire chier mais c'est le prix à payer pour devenir un bon prof de français.
J'essaye encore et encore de me concentrer mais une tornade entre dans ma chambre.

– Il a bougé ! Dépêche-toi, il a bougé !

Je regarde Katlin plusieurs secondes.

– Putain Ethan bouge ! Il a bougé, c'est signe d'un futur réveil ! On va le voir ! Le médecin m'a appelé putain bouge ton cul !

Ses mots parviennent enfin à mon cerveau et je cours pour m'habiller. Il est vingt-deux heures mais le dirlo est au courant de notre lien et notre tristesse vis-à-vis de Kalter, on peut donc sortir quand nous le voulons pour aller à l'hôpital. D'ailleurs je suis étonné que Katlin soit revenue aussi tôt de cet endroit un peu trop blanc.

***

On a couru comme des fous jusqu'à cette chambre que je connais par cœur. Quand nous entrons, les médecins s'activent autour de lui.

– Excusez-moi jeunes gens je vais devoir vous demander de sortir nous viendrons vous chercher quand tout sera terminé.

Déçus mais compréhensifs nous sortons de la chambre et allons dans la salle d'attente. Seule Katlin va dans la salle d'attente, moi je cherche quelque chose à manger. Quand j'arrive devant la machine j'introduis mon argent et tape le numéro pour avoir un Kinder Bueno. Évidemment la machine bloque. Sur les nerfs je tape dessus.

– Donne-moi mon putain de Kinder ! J'ai pas mis de l'argent pour rien ! Mais... Putain de machine !

Un homme arrive vers moi en riant, retape le numéro et bizarrement le Kinder tombe.

– Il faut savoir s'y faire. Dit-il en me donnant le Kinder.

Je le remercie en rougissant énormément. Je viens de me foutre la honte devant un dieu.

– Vous... Vous voulez quelque chose ? Je demande.

– Un sachet d'oreos s'il-te-plaît. Je suis Jeremy.

– Ethan. Enchanté.

– Que fais-tu ici ? Si ce n'est pas indiscret.

– Mon meilleur a tenté de mettre fin à ses jours en sautant d'un pont..

– Le jeune Kalter-Angel.

– Comment...

– Je suis infirmier.

Génial. Je rougis encore plus.

– Le rouge te va plutôt bien. Bon maintenant que on a pu prendre à manger, si on allait voir ton meilleur ami, les médecins ont fini. Il est réveillé.

Je ne vois même plus le beau gosse devant moi et cours jusqu'à la chambre.
Quand j'entre, Katlin est déjà près de son frère. Ils parlent doucement, Ethan avec son téléphone. J'ai l'impression d'être de trop mais Kalter m'aperçoit et me regarde dans les yeux. Il me fait signe d'approcher.

Je ne comprends pas ce que je ressens à ce moment. Une putain d'explosion dans le ventre et une euphorie totale. Je suis juste très heureux de le revoir.

Katlin laisse son frère seul avec moi et je m'approche de lui. Je le prend illico dans mes bras. Je suis très ému quand lui aussi me rend mon étreinte. Il cache son visage dans mon cou et j'en frissonne. Il me chatouille avec son souffle.

– Tu m'as fait peur. Extrêmement peur. Ne fais plus jamais ça Kalter.

« - Je suis désolé Ethan. Avant de sauter j'ai réussi parler mais j'y arrive plus. »

– J'aurais tellement voulu savoir à quoi ressemble ta voix.

« - Bientôt ! Le médecin m'a proposé des exercices pour que je récupère ma voix d'ici la fin de l'année. »

– Dis-moi si je rêve mais tu sembles.. Heureux.

« - Je.. J'ai réalisé beaucoup de choses quand j'étais dans le noir. Je veux me battre contre mes démons. Devenir un réel ami pour toi. Vivre ma jeunesse comme il le faut ! »

Mon cœur se brise au mot "ami ". Je ne m'en préoccupe pas puisque Kalter veut changer.

– Pourquoi ta jeunesse aurait été gâchée ?

« - Je.. T'énerve pas. Je suis un drogué, un alcoolique et tu l'as bien vu je suis anorexique. »

Les larmes aux yeux je le prend dans mes bras une nouvelle fois.

– Je vais t'aider. Oh et Kalter ne t'approche plus de Joe.

« - Pourquoi ? T'es jaloux ? »

– Oui mais c'est pas la raison, quand tu as sauté, il a souhaité que tu crèves. Il m'a dit qu'il voulait juste baiser avec toi.

Il baisse la tête et je la relève embrassant ses joues, son front et son nez.

– Ne l'écoute pas. Tu es un garçon merveilleux. Je resterai toujours auprès de toi.

Il sourit tendrement et je ne sais pas ce qu'il me prend. Depuis qu'il est réveillé j'ai extrêmement besoin d'être près de lui.