Le lendemain je me réveillai tôt. Je voulais pouvoir faire le plus de sport possible. Je ne pris pas la peine de me doucher et enfilai un jogging, un t-shirt et des baskets. Je mis un mot à mon père pour lui dire que je sortais et que je rentrais ce midi.
Aucuns bus ne passaient par le lycée, ce matin, je dus donc marcher. J'étais autorisée à faire des marches tant que je ne courais pas, depuis ma greffe. Le chemin était plutôt agréable malgré le vent glacial. Il y avait beaucoup moins de gens qu'en semaine. Et je fus contente de pouvoir profiter de ce moment de répit. Je tournais dans différents chemins pendant environ 40 minutes jusqu'à arriver près du lycée. Il faisait vraiment peur quand il n'y avait aucuns élèves dehors. Il ressemblait presque à un manoir hanté. Quand j'ouvris le portail, il grinça légèrement et un vent se souleva décoiffant mes cheveux. Je remontai l'allée rapidement et rentrai. Il n'y avait personne à l'accueil, je décidai donc de descende directement à la salle de sport. Je courrai presque et mes pas résonnaient dans le couloir. Je me retrouvai bientôt devant la porte qui menait au sous-sol. Les escaliers étaient sombres, il n'y avait pas de lampe. Je descendis rapidement et arrivai dans le couloir. Une faible lumière l'éclairait. Je fonçai dans les vestiaires qui heureusement étaient eux allumés. Puis j'entendis des voix et sursautai. J'avais oublié que je n'étais pas seule. J'allai dans le couloir, entrouvris la porte du gymnase et regrettai amèrement de n'avoir pas lu les noms sur la feuille.
Buner se trouvait sur les tapis et parlait avec Andrew, si je me souvenais bien. Il tenait un sabre en bois à la main. J'allai rebrousser chemin quand je l'entendis crier :
- Et capuche...qu'est-ce que t'attends, rentre !
Ma main se crispa sur la poignée. Je soufflai un bon coup puis entrai. Tous les regards des inséparables étaient rivés sur moi. Ils étaient tous là, les sept en train de s'entrainer. Je leur fis un petit salut de la main avant de me diriger vers les étagères et fis semblant de réfléchir attendant qu'ils reprennent leur entrainement. Quand j'entendis les premiers coups de sabre, je pris le sac de boxe et l'accrochai au crochet installer un peu plus loin. Je récupérai les gants de boxe, m'assis sur le sol et les mis. Je me détendis, expirant et inspirant lentement et me concentrant que sur les bruits extérieurs, les sabres en bois qui s'entre choquaient, les pieds qui se déplaçaient sur le tapis et au loin dehors un oiseau qui chantait. Quand ma respiration fut assez lente, je me levai et me concentrai sur le sac de boxe. Je décidai de faire un petit entrainement, pour commencer. Je fis de petits coups puis une fois dans ma bulle j'enchainai des coups de poing et des coups de pied. Je fis même des coups de judo et de karaté. Je me défoulai sur le sac, j'évacuai toute ma colère contenue depuis le jour de mon hospitalisation. Je me rendis compte combien m'entrainer me manquait. Je donnai un coup de poing au visage de mon ex qui avait provoqué mon renvoie. Je donnai un autre en me revoyant dans la voiture. Puis un autre en repensant encore à ces foutus personnes qui n'ont même pas sorti ma mère de la voiture. Et un autre pour moi-même, qui était la cause de tout ça. J'enchainai les coups de pied quand le sac se décrocha. Je m'allongeai par terre, en sueur, haletante et fatiguée. Mais malgré ça, c'était la première fois que je me sentais aussi bien depuis l'accident.
Les yeux fermés je sentis la présence de quelqu'un à côté moi. Ouvrant un œil, je découvris Buner qui m'observait. Je refermais l'œil comme-ci de rien était.
- Tu tiens à ce que je te lève de force...s'énerva-t-il serrant des dents.
- A ce que je sache, je n'ai pas envie de me lever et tu t'énerve alors que je ne t'ai rien fait...répliquai-je froidement toujours les yeux fermés.
- J'ai besoin de sac de boxe et tu es un peu trop près !
- Et comment aurais-je pu le deviner... marmonnai-je exaspérée puis ajoutant avec un petit sourire aux lèvres : « et puis, désolé mais je suis fatiguée et je n'ai pas très envie de me lever ».
Je sentis d'ici qu'il serrait les dents et se retenait de me donner un coup.
- En plus, je n'ai pas fini avec, continuai-je.
Il ne répondit pas. Je l'entendis reculer puis des murmures. Puis d'un coup on me tira les jambes. J'ouvris les yeux et vis Buner qui me trainait loin du sac de boxe. Je lui lançai un regard noir jusqu'à ce qu'il arrête. Matthew se rapprocha de moi et s'accroupit au niveau de mon visage.
- La prochaine fois, tu sauras quoi faire, chuchota-t-il.
Je m'assis, à bout de nerf. Il m'énervait vraiment ce con. La plupart des personnes aurait lâché l'affaire mais s'était pour faire de la boxe que je voulais venir ici et rien d'autre. Je m'avançai jusqu'à lui :
- Tu me le laisses si j'arrive à te mettre à terre, proposai-je.
Ce n'était surement pas une bonne idée pour ma convalescence. Il me regarda puis regarda les autres et me regarda de nouveau. Un sourire au coin de ses lèvres, apparu.
- Comme tu veux, Capuche.
Je lui fis mon plus beau sourire et lui montrait les tapis. Les inséparables s'écartèrent. Certains me lancèrent des gros yeux. Colombe, elle avait le visage neutre mais ses yeux étaient rieurs. Elle pensait surement que je n'étais pas de taille. Je me recoiffai. Je me mis en face de Buner. Il connaissait mon point faible, le bas du ventre. J'inspirai un grand coup puis ne me consacrai que sur lui, ce qui n'est pas si difficile. Il ne portait qu'un jogging mais pas de haut. J'avais une parfaite vue sur ses magnifiques abdos car il fallait que je me l'avoue, il était super bien foutu. Puis on commença. Il m'attaqua direct avec un enchaînement de coup de poing. Je contrai chacune de ses attaques. Je m'abandonnai dans le combat, savourant la joie qui me traversais- ça m'avait tellement manquée. Je lui fis mon plus bel enchainement, mélangeant coup de poing de box, de karaté, de judo. Ma vitesse augmentait à chaque coup. Mais il arrivait à tous les bloquer- c'était stupéfiant. Il avait une technique d'enfer, en cours il n'avait pas tout montré. Chacune de ses combinaisons était réfléchies. Il savait quand mettre le plus d'énergie et où donner le coup. Heureusement, que j'avais eu d'aussi bon professeur que lui. J'avais l'œil et savais quand il fallait que je me protège. Pendant un moment on s'attaqua, on se défendit. Je commençai à fatiguer mais je continuai quand même. A un moment, j'attrapai son poignet, le fis tourner autour de moi ce qui força son corps entier à tourner, puis plaçai son bras derrière son dos et le fis trébucher. Mais à peine il toucha le tapis qu'il me fit basculer la tête la première. Je me rattrapai avec les mains et roulai sur le côté. Buner se tenait debout au-dessus de moi. Je lui donnai un coup de genou au tibia droit puis sur son tibia gauche. Il se retrouva bientôt sur moi à califourchon. Une fossette apparut sur sa joue. Mon ventre se contracta à son contact. C'était la deuxième fois, qu'on se retrouvait dans une position de ce genre et je nous trouvais un peu trop collé. Malgré ma gêne, je me forçais à prendre un air nonchalant.
- Tu déclares forfait, murmura-t-il.
- Je ne...
- Mmmm...tu es en mauvaise posture, me fit-il remarquer. Je lui lançai un regard noir.
Il rigola. Je profitai de son inattention pour dégager ma jambe. Je l'utilisais comme levier et d'un mouvement de hanche le fis basculer sur le côté. Je me retrouvais alors sur lui.
- Tu déclares forfait ? l'imitai-je.
Je me levai sans le laisser répondre. Un sourire aux lèvres, je retournai près du sac. Mon poignet et mon oreille me démangeaient mais je fis comme si de rien n'était. Le regardant droit dans les yeux, je m'allongeais par terre. Pendant près de quatre heures, j'alternais le sac, des exercices d'assouplissement et de la méditation. Je trouvais mes coups de pied très raides et mes membres étaient de plus en plus lourds. Je sentis leur regard sur moi quelque fois. Parfois je jetai un coup d'œil dans leur direction. Il n'allait pas de main morte avec leurs coups, ils pouvaient très bien se casser quelque chose. Je comprenais mieux pourquoi Buner boitait en sport. Ils étaient tous très gracieux et leur mouvement était plutôt rapide. J'étais surprise par la force que les filles avaient. Leur technique était un peu bancale. Le meilleur était de loin Buner qui dépassait tout le monde. Chacun de ses coups était parfait et précis. Il ne ratait aucun de ses mouvements et puis il n'était pas mal non plus. J'aurais pu rester là pendant des heures rien que pour le regarder s'entrainer. Les muscles de ses épaules roulaient à chacun de ses mouvements et ses abdos se contractaient à chacune de ses attaques. C'était... je ne pourrais jamais m'en lasser de les voir. Son jogging tombait légèrement sur ses hanches. Et puis son dos était tellement musclé que j'avais cru que j'allais m'évanouir. A midi, ma montre sonna et je rangeai le sac et les gants de boxe puis allai aux vestiaires.
Je m'étais à peine assise que les inséparables entrèrent. Au début je ne vis que les filles puis je me rendis que les garçons les suivaient. Comme je n'avais pas l'intention de me changer je me levai, récupérai mes affaires et me dirigea vers la porte. Mais je fus stoppée par Colombe. Elle me dévisagea pendant une longue minute avant de me demander :
- Comment t'as fait ?
- Comment j'ai fait quoi ? repris-je surprise.
- Personne n'a tenu plus de 10 minutes contre Matthew, alors que toi tu as tenu 20 minutes. Alors dis-moi comment tu as fait ?
Je la regardai bouge bée. Non pas parce que j'avais tenu 20 minutes mais parce qu'elle me demandait comment. Quand je jetai un œil autour de nous, je remarquai que tout le monde attendait la réponse.
- Déjà, de 1 je ne vois pas en quoi c'est exceptionnel 20 minutes – il y a des combats qui dure beaucoup plus longtemps que cela- et de 2 je ne sais pas, je me suis battue c'est tout.
- Matthew est l'un des meilleurs et toi... (elle me jaugea de la tête aux pieds) ...tu es...
Je serrai et desserrai les poings. J'étais à deux doigts de lui donner un coup de boule.
- Colombe, c'est bon, laisse-la, intervint Matthew. Elle est juste très bonne.
- Mais elle ne peut pas être aussi bonne que toi, répliqua-t-elle sèchement. Je lui lançai un regard noir avant de dire :
- Tu ne sais rien de moi !
- Ouais mais tu es... (elle me montra mon corps de la main) tout sauf une sportive.
Je faillis lui donner un coup de poing mais avant même que je lève mon poing, Matthew m'attrapa par les épaules.
- Tu devrais te calmer, me murmura-t-il à mon oreille.
Je voulus protester mais je savais qu'il avait raison, si j'osais toucher Colombe, tous les inséparables tomberaient sur moi. Je me focalisais alors sur une porte de casier et inspirais. Une fois calmée, je rapportais mon attention sur Colombe.
- Ecoute-moi bien, madame je sais tout ! J'ai fait plus de sport que tu ne le penses et même plus que ce que tu as pu faire toute ta vie. Près de 50h par semaine depuis que je sais marcher. Tout mon temps libre était consacré à mes entrainements. J'ai fait tellement de sports différents que je ne pourrais pas les compter sur les doigts de mes mains. Alors je souhaiterais que la prochaine fois avant de me juger t'apprenne à me connaître.
Sûr ce, je la contournai et partis.
- Capuche, attends ! cria Buner dans le couloir alors que je montai les escaliers. Il me rattrapa et m'empêcha de sortir.
Je me retrouvai bientôt coincée entre la porte et lui. Ses bras étaient de part et d'autre de ma tête, j'étais prise au piège, encore une fois. J'essayai d'atteindre la poignée mais quand je tirai dessus la porte semblait verrouillée. Sa bouche effleura mon oreille et son souffle chaud caressa ma joue. Un frisson me parcourut. Heureusement pour moi, il avait remis un t-shirt sinon je pensais bien que je me serais mise à baver.
- Je ne savais pas que tu avais eu autant d'entrainement ...commença-t-il mais je l'interrompu.
- Ouais je sais ma mère était une dévergondée sur le coup.
- Alors je me disais, repris-t-il sans faire attention à ma remarque, que tu aurais pu venir avec nous à nos entrainements.
- Quoi ? m'exclamai-je voulant soudainement m'éloigner de lui en essayant de le repousser sans aucun résultat concluant.
- Je me disais que tu...
- Non, ça j'avais compris. Là je ne comprends pas que tu veuilles que je vous aide, vous et la poufiasse, à vos entrainements. Je rêve !
- Non, c'est sérieux. Tu pourrais vraiment nous être utile.
- Ah quoi ? A part me faire humilier ? demandai-je un peu agacée et en me rendant compte que je me grattai le poignet.
- Saurais pu être possible, fit-il en faisant mine de réfléchir ce qui m'énerva encore plus.
J'allais lui faire la prise en cas d'agression quand il reprit son sérieux et ajouta :
- Mais non, on a besoin d'une autre personne, comme tu l'as vu on est sept....
- Donc lorsque vous vous combattez en duo, y en a un qui est tout seul, concluai-je à sa place en croisant les bras pour m'empêcher de me gratter. Mais je ne vois pas en quoi ça me concerne.
- Arrête tu sais très bien en quoi ça te concerne, dit-il en approchant son visage du mien. Et puis c'est moi qui serai ton partenaire.
- Ah comme si ça allait me motiver... ironisai-je.
- Oh arrête, je sais que je te plais.
- C'est un peu mince comme justification, rétorquai-je sans pour autant le contredire. Puis j'ajoutai en feignant un air pensif :
- Mais en sachant ce que tu as dans le cerveau ça ne m'étonne pas trop...
Il sembla vexé mais ne bougea pas d'un millimètre. Sa bouche n'était qu'à quelque centimètre de la mienne. C'était assez perturbent et excitant à la fois. Je le repoussai légèrement et entrouvris la porte. Il posa sa main sur mon bras alors que je m'apprêtai à sortir.
- Tu vas y réfléchir ? demanda-t-il puis après avoir hésité il ajouta, s'il te plait.
Il les avait prononcés en serrant les dents comme si c'était un supplice pour lui. Il ne devait pas être du genre à le dire souvent.
- Je vais voir, fis-je puis je sortis.
Je sortis et profitai pour faire un tour dans le jardin. Il était très agréable. Je longeai le mur du bâtiment en touchant du bout des doigts l'ancienne pierre. Je fus étonnée par sa largeur, presque cinq cents mètres. J'arrivai à l'arrière du bâtiment et me trouvai à peine 4 ou 5 mètres de la forêt. Même de jour, elle semblait sombre. Un vent léger arriva jusqu'à moi et un frisson me parcourus. Elle me faisait peur, j'avais l'impression que quelque chose clochait. Ma cicatrice me picotait légèrement. Je n'avais jamais ressenti ça, ce sentiment d'insécurité. Je me frottai les bras pour me protéger et me détournai quand je vis une ombre bougée à la lisière de la forêt. Mais à peine je clignai des yeux qu'elle avait disparue. Je secouai la tête et repartis. Il m'arrivait souvent depuis l'accident de croire voir des choses ou avoir l'impression d'être suivis. Mais cette fois-là c'était différent, je me sentais vulnérable. Je tremblais légèrement en retournant vers le portail. J'entendis alors des voix et me cachai derrière un arbre. Matthew et les deux jumeaux couraient vers la forêt. Je n'entendis que quelques brides de ce qu'ils disaient :
- Punaise encore un autre...dit Matthew.
- Ce n'est pas possible, comment ont-ils venir ? s'étonna un des jumeaux.
- Je ne sais pas mais il faut qu'on trouve, affirma Matthew après un instant.
- Reste derrière nous Matt, lancèrent les jumeaux d'une seule voix.
Je me dirigeai à petit pas vers le portail et marchai assez vite et discrètement jusqu'à ce que je sois assez loin pour qu'ils ne me voient pas. Je ne savais pas de qui ou de quoi ils parlaient mais je ne voulais pas être mêlée à leur histoire. J'avais déjà eu assez de problème. En rentrant dans l'appart, je vis mon père. Ces yeux me lancèrent des éclairs. Il était tendu, tout son corps l'était. J'allai directement à la cuisine. Il me suivit.
- Tu peux me dire où tu étais et pourquoi tu es habillée comme ça ? s'écria-t-il ce qui me fit sursauter.
- Je te l'ai dit dans le mot. Je suis allée faire du sport, enfin un jogging.
- Qu'est que tu n'as pas compris dans ce que je t'ai dit hier ? Pas de sport avant un mois ! cria-t-il.
- Mais j'en ai envie ! m'écriai-je à mon tour, tu ne peux pas m'empêcher de le faire. Je n'arrête pas de penser à l'acc...l'accident et pour une fois depuis deux mois je me suis... et je perdis les mots et sentis les larmes que j'avais retenues pendant près de deux mois pour faire bonne figure –sauf quand j'avais eu ma crise-, coulées.
- Chérie...commença mon père en se rapprochant soudain très doux.
- Non laisse tomber, tu as raison, je devrais arrêter, fis-je et je courus me réfugier dans ma chambre ne voulant pas de sa pitié.
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Gealach : Brisée (TOME 1) [TERMINEE]
Fantasy"Les liens se créent pour être brisés. Ils sont là pour nous briser. Ils ne nous laisseront aucunes chances." La mère de Julie est morte dans un accident pour le moins étrange. Dans sa volonté de prendre un nouveau départ, elle s'envole pour l'Irl...