Chapitre 11

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- Mademoiselle Mayor (je sursautai en entendant Monsieur Baron, le professeur d'histoire, m'appela. C'était la dernière heure de cours du lundi). Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?

- Vous parliez de...heu...

- Essayez de suivre la prochaine fois.

J'acquiesçai mais à l'instant où il recommença à parler, mon esprit divagua de nouveau. Depuis samedi, j'étais fatiguée et mon humeur restait sombre. Même les blagues d'Antony et Aïcha ne me faisait pas sourire. Pendant tout le repas, mes yeux étaient restés rivés sur le mur. Une ombre c'était abattue sur moi. Je n'avais pas suivi les cours de toute la journée. Je repensais à chaque fois à l'emprise de la chaleur sur moi. Pour l'instant, je n'ai jamais réussi à la résister. Je frissonnai d'horreur. Il fallait que je me calme et que je redevienne normale.

Je secouai la tête et inspirai un bon coup mais cet instant aucun air ne rentra dans mes poumons. Mon cœur se mit à battre plus fort. Je n'entendais plus que ses battements dans ma tête. Tout mon corps était parcouru de frisson. Je savais très bien ce qui se passait. C'était le début d'une crise. Je me levai et interrompis le professeur. Je marmonnai une excuse indéchiffrable et courus vers la porte.

Ma vision devenait floue. Bientôt, le couloir se transforma en forêt. Je secouai la tête et cherchais une pièce pour me cacher avant le début de la crise. Je repérais celle du concierge et couru jusqu'à elle. Mais la forêt apparaissait sans cesse me désorientant. Je trébuchais plusieurs fois mais arrivai jusqu'à la porte. Je l'ouvris et me cachais dedans.

A l'instant où je la fermais derrière moi, la pièce se transforma en forêt. Je restai immobile et regardai autour de moi, tétanisée. Il faisait sombre. Les branches des arbres empêchaient la lumière de la lune de passer. On n'entendait que le bruit de ma respiration saccadée. Je tournai sur moi-même mais je ne voyais qu'une forêt qui s'étendait à l'infini. D'un coup, le même rire que le jour de l'accident résonna. Je reculai et trébuchai sur une branche. Je me retrouvais à terre. Je sentis alors la chaleur. Elle venait vers moi de tous les côtés. Elle rentra dans mon cœur en un seul coup et me provoqua un haut-le-cœur. La nausée monta et vomis. Mon ventre vide, je regardais autour de moi de nouveau. La forêt était la même. La chaleur était là. Elle montait jusqu'à ma tête et força. Mon mal de tête s'amplifia. Elle força de nouveau et la douleur fut insupportable. Je me mordis la langue jusqu'au sang pour ne pas crier. Elle fit une troisième tentative. Une épaisse chaleur avait enveloppé ma tête. Elle me brûlait. J'avais l'impression qu'on avait mis ma tête dans un feu et quand même temps, qu'on lui donnait des coups de pioches. Je hurlai mais aucun son ne sortait de ma bouche. Elle réussit finalement à entrer. La douleur ne cessa que quelque seconde. Je dus retenir un autre cri. Les larmes aux yeux, je sentis qu'elle me retirait quelque chose, une partie moi. Elle me brisait. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, la suppliant d'arrêter. Elle sortit aussi soudainement qu'elle était rentrée. J'étais à la fois horrifiée et déchirée. J'étais comme vide. Je m'étais recroquevillé, les ongles plantés dans la terre. Une fois calme, je jetai un regard autour de moi. J'étais toujours dans cette maudite forêt. Je me rassis et mes yeux tombèrent sur un corps de femme, allongée sur le ventre. Je rampai jusqu'à elle et la retourna. Elle était froide et livide. Mon regard se posa sur son visage et mon sang se figea.

- Maman, murmurai-je en la secouant mais bien entendu elle ne bougea pas. Les larmes recommencèrent à couler. Maman s'il-te-plait répond-moi.

J'étais prise de tremblement. Je ramenai mes genoux à ma poitrine et commença à me balancer d'avant en arrière.

- Maman, je suis désolée, tout est ma faute, m'excusai-je refusant la vérité. Je vais tout arranger je te le promets.

Gealach : Brisée (TOME 1) [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant