Chapitre 15

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En ouvrant la porte qui mène au sous-sol, je tombai sur Thomas. Il semblait aussi agiter que moi. Quand je croisai son regard triste, ma colère augmenta d'un coup. J'inspirai profondément pour me calmer.

- Julie... commença-t-il mais je le coupais.

- Thomas, ce n'est vraiment pas le moment. J'ai passé une mauvaise semaine et je suis à bout de nerf.

Je le contournai et alors que je descendais les escaliers, il me proposa :

- Si on se battait, j'ai entendu dire que tu n'étais pas trop mauvaise.

Je fis semblant de ne pas entendre sa pique et réfléchis à sa proposition. Je devais me défouler et j'avais des comptes à rendre à Thomas. Ce n'était pas une mauvaise idée.

- D'accord mais à une condition, fis-je.

- Laquelle ?

- On se bat dehors.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas battue dehors et puis j'aurais plus l'occasion de me dépenser.

- Dehors, tu es sûre ?

Je savais pourquoi Thomas hésitait. Il faisait très froid à cette période l'année et ce n'était pas les conditions de combat les plus agréables pour beaucoup de personnes mais moi j'adorais.

- Sûre et certaine.

- Et on se bat avec ou sans arme ?

Je regardai par terre et aperçus ma main bandée. Mince, j'avais oublié que j'étais blessée ! Et, je savais pertinemment que je ne pouvais pas me battre à mains nues.

- Arme.

Il haussa les sourcils mais ne me fis aucune remarque. Puis il se dirigea vers le gymnase et je le suivis. Les inséparables étaient là -pour ne pas changer-, ils s'entrainaient au combat à la canne. Ils ne se retournèrent pas quand j'entrai sauf Colombe qui me fusillai du regard. En arrivant, devant les étagères, je décidai de choisir la même arme que les inséparables et me dirigeais donc vers les cannes d'entrainement qui étaient moins dure que les vraies. Je pris une de taille moyenne, c'est-à-dire une qui faisait à environ ma taille. Thomas lui s'arma d'une simple dague cependant je le redoutais quand même. Le peu que j'avais vu en le voyant se battre contre Matthew, m'avait appris qu'il était aussi fort même meilleur que ce dernier.

Je ressortis de la pièce, pendant que Thomas alla parler aux autres. Ils sortirent tous quelques instants après. Ma main se crispa autour de la canne, j'inspirai un grand coup pour me calmer. Puis je questionnai Thomas du regard mais n'obtins aucune réponse. On monta les marches et traversa l'école. Thomas alla dans le jardin à côté du manoir parce qu'il n'y avait pas trop d'arbres. Lui et moi, nous se plaçâmes au centre des arbres et les autres se mirent sur le côté. Je me mis en position et Thomas fit de même. Son regard rencontra alors le mien sans se détourner. Je me concentrai dessus jusqu'à ne plus qu'entendre ma respiration et ne voir que lui. Ses muscles se contractaient sous la concentration et sa respiration se fit plus lente comme la mienne. Nous étions prêts pour le combat mais j'attendais qu'il attaque ce qu'il fit.

Il s'avança si vite qu'il était presque flou, quand il fut presque à ma hauteur il lança sa dague en direction de mon visage. Légèrement surprise, je me penchai vers l'arrière un peu trop lentement et la lame frôla mon visage et s'enfonça dans un arbre derrière. Je me redressai une seconde plus tard et contrai son coup de pied latéral qui visait mes jambes, avec ma canne. On commença à échanger des coups, lui me donnant des coups de toutes sortes et moi essayant de l'atteindre avec ma canne. Il était fort, agile et rapide. Il évitait mes coups avec une telle facilité que s'en était agaçant. Plus on continuait à se battre plus il les évitait facilement. Je décidai alors d'abandonner et le laissai m'attaquer. Il enchaina des coups de poing et des coups de pieds. Je les évitai ou les contrai autant que je pouvais mais je reçus plusieurs coups aux bras et aux jambes. Je commençais sérieusement à m'énerver, j'avais l'impression qu'on ne progressait pas. Je lâchai donc ma canne d'un coup ce qui le surpris. J'en profitai pour lui donner un coup de pied dans les abdos. Il recula légèrement. Au même moment où il prit son élan pour me donner un coup dans les côtes, je fis un fleep arrière et atterris avec grâce près de l'arbre où s'était enfoncée la dague. Je l'attrapai et la lançai de toutes mes forces vers les pieds de mon adversaire. Il s'écarta sur le côté comme je l'avais prévu. Pendant l'instant où il ne me regarda pas, je me baissai et attrapai la canne qui était à quelques centimètres de moi et tapai le plus fort possible ses mollets. Il perdit l'équilibre, les yeux écarquillés. Je me relevai et allai à sa rencontre, cependant il avait eu le temps de reprendre ces esprits et de se remettre sur pied. Le haut de son corps fit une rotation d'un demi-cercle, avec une telle rapidité et une telle fluidité, que je n'anticipais pas son coup de pied que je reçus au ventre. Je me pliai en deux, le souffle coupé. Heureusement pour moi, il n'avait pas touché ma cicatrice. Je restai un petit instant dans cette position, légèrement sonnée. Thomas qui n'avait pas bougé d'un pouce, la jambe figée dans les airs, m'observait. Feignant d'être toujours mal, je chancelai vers l'avant pendant que sa jambe se baissait, et une fois que je fus assez proche de lui, je lui assenai un coup de coude à la mâchoire, m'écartai et dans un mouvement circulaire lui donnai un coup de poing au ventre. Il cilla et recula de plusieurs pas. Profitant de ce moment faiblesse, je courus jusqu'à ma dague dont la lame s'était enfoncée dans le sol, et me laissai glisser sur le sol pour la rattraper. Puis sans un seul regard, je l'envoyais avec force vers l'endroit où je pensais que se trouvaient les chevilles de mon ex. Je me levai et époussetai mon pantalon avant de lever les yeux. L'arme en bois avait transpercé le jogging de Thomas et s'était enfoncée profondément dans l'arbre derrière lui. Il essaya de se débloquer en grommelant des choses incompréhensibles puis abandonna et leva ses yeux vers moi. Ils me lançaient des éclairs mais je ne cillais pas et sans le lâcher du regard, je me rapprochai. Je ramassai ma canne et dans un mouvement circulaire, je frappai en direction de sa gorge. Ses yeux s'agrandirent d'étonnement et je sentis les regards perçants des insaisissables dans mon dos. Et alors que je perçus un mouvement sur ma gauche, je stoppai mon geste, le morceau de bois se trouvant à un centimètre du cou de mon adversaire. Ce dernier déglutit difficilement et je lâchai mon arme.

Gealach : Brisée (TOME 1) [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant