Chapitre 7

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A mon réveil, ma tête m'élançait et je voyais trouble. Je ne me souvenais que de bride de ce qui c'était passé : mon mal de tête et la fête. Ma vue se précisa et je me rendis compte que je me trouvais dans une chambre que je ne connaissais pas. Elle était simple, un lit double au centre sur lequel j'étais couchée et une porte se dressait au centre du mur en face du lit. Au moindre mouvement tout mon corps me faisait souffrir. En regardant alors mes bras qui était rouges et écorchés, tous mes souvenirs me revinrent. Je me levai d'un coup, mon cœur battant la chamade et la pièce se mit à tourner autour de moi. La porte apparaissait en double. Je me rassis de peur de m'évanouir.
Cinq minutes ou dix minutes après, ma vue se rectifia. Je me mis sur pied, vérifiant si mes jambes supportaient mon poids. Une fois rassurée, je me dirigeais vers la porte. Je l'entrouvris légèrement. Elle donnait sur un long couloir que je ne reconnus pas. Je ne savais pas où j'étais et mon cœur se contracta à cause de la peur. Il n'y avait aucun bruit. Je sortis. J'entendis alors un bruit de vaisselles rangées. Je me dirigeai vers ce dernier. Je traversais le couloir et arrivais devant un escalier. Le bruit venait d'en bas. Je descendis et arrivai dans un hall qui m'était familier. Le bruit me mena dans une petite cuisine où s'affairait Matthew. Je compris que je me trouvais dans son manoir enfin chez lui. Mon cœur qui n'avait pas cessé de battre depuis tout à l'heure, se calma légèrement.
- Ah tu es réveillée, fit Matthew en se tournant vers moi.
- Euh...je... qu'est... pourquoi je suis là ?
- Tu ne te souviens pas ? s'étonna Matthew.
- Ben j'étais à la fête, j'ai eu une migraine, tu m'as amené à l'écart puis il...
Je stoppai net à mon discours. Et s'il me prenait pour une folle ? Comment expliquer ce qui c'était passé ? Je ne pouvais pas lui raconter cela et si ce n'était qu'un rêve. En jetant un regard à mes bras, je savais très bien que ce n'était pas un rêve.
- Puis... ? m'interrogea Matthew qui coupa cours à mes pensées.
Je réfléchis à toute vitesse pendant qu'il m'observait. Je savais que je ne pouvais rien lui dire et il allait me prendre pour une folle. Il fallait que j'invente.
- Puis...je...heu... je me suis encore plus éloignée. Mon mal de tête empirait de seconde en seconde et je ne pouvais plus le supporter. Et en voyant qu'il ne diminuait pas je suis entrée dans la forêt et j'ai trébuché.     
- Humm... tu sais qu'on t'a retrouvée à plus de 10 km de chez moi.
J'essayais de cacher mon étonnement et dit de la manière la plus nonchalante que possible :
- J'avais vraiment mal à la tête.
Je vis briller ses yeux d'amusement pendant un instant puis il reprit son sérieux. Je savais très bien que c'était impossible qu'il me croie. Mon explication était ridicule.
- Donc si je reprends ce que tu m'as dit. Tu t'es éloignée à plus de 10 km à cause de ton mal de tête. Et j'imagine que tu t'en foutais de t'écorcher le bras. Mais comment expliques-tu tes brûlures aux mains ?
Je regardais mes mains, surprise. J'avais plusieurs cloques sur chacune d'entre elles. Je me rappelais qu'après avoir touché mon visage, mes mains m'avaient brûlée mais je n'avais jamais imaginé m'être vraiment brûlée. Tentant de cacher mon choc, je me justifiai en disant :
- Je m'étais brûlée avant d'aller à la fête.
- Je n'avais pas remarqué, dit Matthew dans ses pensées.
Puis il me regarda. Il ne me croyait pas mais n'insista pas.
- Va te doucher, je vais te ramener chez toi, ajouta-t-il en se passant une main sur le visage, après un moment.
- Heu...je...je ne sais pas où se trouve la salle de bain.
- C'est la première porte à droite des escaliers à l'étage.
Alors que je sortais de la cuisine, il m'attrapa le bras en faisant attention de ne pas me faire mal.
- Heu...j'ai mis des vêtements dans la salle de bain. Et ton sweet...
- Mon sweet ? m'étonnai-je puis je me rappelai l'avoir emmené. 
- Oui...heu... je l'ai trouvé par terre, il était un peu...sale...et...je l'ai mis à laver.
- Euh merci, fis-je en souriant légèrement.
C'était la première fois que je voyais Matthew hésiter. Il me lâcha et je montai et rentrai dans la salle de bain. Elle était petite et comprenais une douche, un water sur lequel une serviette et des vêtements avaient été déposés, et un lavabo. Au-dessus de ce dernier se trouvait un miroir. En m'observant, je croisai le même regard que quand j'avais eu ma crise de nerf. Mes yeux étaient gonflés et rouges à cause des larmes. Le mascara et le crayon que Aïcha m'avait mis, avaient coulé sous mes yeux jusqu'à mes joues. J'avais des immenses cernes en dessous des yeux. On devait croire que je n'avais pas dormi depuis des jours. Mes cheveux étaient décoiffés et emmêlés. Mes cheveux collaient sur mon visage à cause de la sueur. Une de mes oreilles était tâchée d'une substance rouge. En la touchant du bout des doigts, je me rendis compte que c'était du sang séché. Tâtant mon cuir chevelu à la recherche de la source, je tombais sur une bosse couverte de sang. Je soupirai. Personne ne pourrait croire ma version.
Je me déshabillai et entrai sous la douche. Malgré le picotement de mes égratignures, je les savonnais. Mes mains me faisaient mal mais c'était supportable. Je restai sous l'eau chaude un long moment. Mes muscles se décontractèrent et pour la première fois depuis le début de la soirée, je me sentis apaisée.
Une fois, sortis de la douche et sèche, j'enfilai les vêtements qu'avait laissés Matthew. Ils étaient dix fois trop grand, je dus retrousser le jogging en bas et le serrer au maximum pour ne pas qu'il tombe de ma taille et retrousser les manches du t-shirt à longue manche qu'il m'avait donnée.
Je redescendis mes vêtements dans une main. Matthew m'attendait en bas. En me voyant arriver, il ne put s'empêcher de sourire. Je lui lançai un regard noir. Je me rendis alors compte qu'il n'y avait plus de musique et plus personne.
- Quelle l'heure est-il ? demandai-je.
- 5h du matin.
Je le regardai bouche bée. Mon père allait me tuer et je pouvais en aucun cas lui parler de mes migraines. Je devrais de nouveau mentir.
- La fête s'est finie à quelle l'heure ?
- 1h du matin par là.
- Vous m'avez retrouvée à quelle l'heure ?
- A 2h, pourquoi ?
Je faisais maintenant les gros yeux. Combien de temps avais-je marché ?
- Heu...pour rien merci.
On partit alors pour chez moi. On ne parla pas de tout le trajet. Perdue dans mes pensées, je me revoyais en train de résister à cette chaleur. Mais qu'est-ce que c'était ? Pourquoi je ne pouvais pas résister ? Je me souvins de la douleur et un frisson me parcouru. J'avais eu envie de mourir. Je n'avais jamais autant souffert de ma vie. Et puis qu'est-ce que c'était ces voix ? Que voulaient-elles dire par elle est forte ce « elle » c'était moi ? Et de qui parlaient-elles en disant ils arrivent ? A moins que je n'aie tout inventé, peut-être que la chaleur et les voix ne sont que le fruit de mon imagination. Mais comment expliqué mes écorchures, le fait que mes mains soient brûlées et que je fus retrouvée à plus de 10 km ?
- On est arrivé, me prévenu Matthew interrompant ainsi le cours de mes pensées.
- Comment tu sais où je vis ? demandai-je surprise.
- J'ai un ami qui vit dans ton immeuble, répondit-il sèchement ce qui me froissa.
- Euh ok... et bien merci, dis-je en sortant de la voiture.
- Julie...
Je me retournai vers lui.
- Il faudra bien qu'un jour tu me dises la vérité au sujet de ce qui s'est passé.
Je ne répondis rien. A quoi bon le contredire, à chaque fois que j'avais mentis, il avait su que je en disais pas la vérité. Je fermai la porte et entrai dans l'immeuble.
Le reste de la soirée enfin du matin, je dus me justifier auprès de mon père. Il me cria dessus pendant 20 minutes, m'accusant de l'avoir fait s'inquiéter. Je lui expliquai que je m'étais endormis et pour justifier mes vêtements que quelqu'un avait renversé un jus sur moi. Je me couchai à 6h pour me réveiller à 6h 30.
Je sortis de mon lit en grognant, fatiguée. J'avais les jambes en compote, mes bras me faisaient mal à cause des écorchures et mes mains m'élançaient affreusement. Trainant des pieds je me rendis à la salle de bain. J'enfilai le premier jean que je trouvais et un t-shirt à manches longues et pris mon plus gros sweet qui cachera mes mains. A mon plus grand malheur, je me rendis compte que j'avais oublié chez Matthew mon sweet et que je devrai lui remettre ses affaires. Je soupirai et allai dans le salon.
C'était la première fois que mon père ne travaillait pas. C'est pourquoi, je le retrouvais dans la cuisine, une tasse de café dans la main. Je pris un fruit en essayant de cacher mes mains. Il me regarda faire puis me fit signe de m'assoir à côté de lui.
- Tu me dis tout ma chérie ?  me demanda-t-il très doux.
- Oui papa, répondis-je en détournant le regard, trop honteuse de lui mentir.
- Tu... tu ne te drogue pas ?
- Papa ! m'exclamai-je, bien sûr que non.
- Alors qu'est-ce qui se passe ? s'enquit-il.
- Je... rien...
- Ton directeur m'a appelée, il m'a dit que beaucoup de professeur se plaignent de ton manque de concentration en cours.
Je le regardais étonnée. Aucuns de mes professeurs ne m'avaient fait cette remarque. Et comment se faisait-il que le directeur parlait si souvent à mon père ? Il n'allait pas me lâcher tant que je ne lui donnerai pas une réponse correcte alors je décidai de miser sur la vérité.
- J'ai des migraines, avouai-je.
- Oh Julie ! Depuis quand elles ont commencé ?
- Depuis la rentrée, au début ça allait, mais ces derniers temps elles empirent et parfois elles sont si fortes que je n'arrive pas à me concentrer.
- Oh ma chérie ! pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
- Je...je ne voulais pas que tu t'inquiètes et puis je suis sûre qu'elles passeront, expliquai-je.
- Bon d'accord, mais je vais quand même t'acheter des antidouleurs pour qu'elles diminuent.
- Merci.
Il me serra contre lui et m'embrassa le front puis retourna dans sa chambre.

***
En arrivant au lycée, je fus accueillie par des « Où tu étais passée hier ? », « on t'a cherchée partout », « on s'est fait un sang d'encre », « te voilà ! ».  Je donnai la même raison que celle que j'avais donnée à mon père en ajoutant les migraines. Aïcha me serra dans ses bras et on rentra en cours. Elle n'avait pas remarqué mes mains brûlées que je gardais dans les poches de mon sweet.
Le reste de la journée, j'évitai Matthew. Pour une fois depuis deux semaines, mes migraines étaient beaucoup plus supportables. Aujourd'hui, on finissait plus tôt et mon bus n'arrivait pas avant une heure. Quand je sortis, accompagnée d'Aïcha et Antony, Matthew réussit tout de même à m'arrêter.
- Voici ton sweet, dit-il en me donnant un sachet dans lequel se trouvait ce dernier.
- Voici tes vêtements, dis-je en lui tendant un sachet et comme moi il vérifia le contenu. Et merci encore de m'avoir ramenée.
- Tu n'as toujours pas envie de me dire ce qui s'est passé ? me demanda-t-il.
Je lui tournai le dos sans lui répondre puis me dirigeai vers Aïcha et Antony qui étaient en pleine conversation et montrait du doigt quelque part. A mon arrivée, ils cessèrent de parler.
- Qu'est-ce qu'il te voulait ? demanda-t-elle.
- Je te dirais plus tard, qu'est qui se passe à part ça ?
- Il y a un mec qu'on n'a jamais vu...enfin il me semble familier...
- Où ça ?
- Là-bas près du portail, m'informa Antony.
Je lançai un regard dans cette direction. Mon cœur cessa de battre et mes yeux s'ouvrirent en grand.  Un jeune gars de 20 ans se tenait debout, près du portail. Il portait un jean déchiré, une veste en cuir et un t-shirt noir. Ses cheveux noirs corbeau étaient en bataille et ses yeux sombres étaient tout simplement rivés sur moi. Je clignai plusieurs fois des yeux croyant que je rêvai mais non c'était vraiment lui. Mon ex se trouvait devant le portail de mon lycée. Voyant ma tête, Aïcha me donna un coup de coude.
- Tu connais ce canon, c'est ça ?
- Hmmm... acquiesçai-je.
- Et qui c'est pour toi ? me demanda Antony.
- C'est mon ex, répondis-je.

Gealach : Brisée (TOME 1) [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant