Je me réveille en sursaut après la même routine de ces nuits abominables. Je sens comme un gros poids sur mon corps et quand je me retourne, je l'aperçois. Il est couché un bras autour de mon bassin et ronfle bruyamment. Je reste scotchée qu'il se soit couché à côté de moi et je reste sous le choc qu'il soit là devant moi.
Son haleine empeste l'alcool et ça ne fait qu'approuver ce que m'a raconté Conrad.
Je me lève doucement, mais surtout délicatement pour ne pas le réveiller et vais m'installer sur une chaise sur le balcon.
La vue est magnifique et je me perds petit à petit dans les couleurs rosâtres du ciel.
Miami est une ville magnifique. Je fais quelque chose que je n'ai pas fait depuis un bon bout de temps, j'allume ma cigarette et l'a porte à mes lèvres en laissant la nicotine empoisonner mes organes. Je n'ai jamais aimé fumer, encore maintenant je n'aime pas, mais la sensation de pouvoir s'évader rien qu'un peu me rassure et c'est pour cela que je fume souvent.
Je repense à la soirée dernière ou je m'endormais seule dans son lit. Qu'a-t-il fait à cette soirée ? L'idée de l'imaginer avec une autre que moi me brise le coeur et j'en profite pour inspirer profondément ce poison qui traverse mon œsophage.
Point de vue d'Alex:
Je me réveille avec un horrible mal de crâne, j'essaye de ne pas trop y penser et me remémore les évènements de la nuit passée : j'étais à cette soirée et je suis rentré, je me suis couché et... Oh non, la fille. Je suis revenu avec une fille.
Impossible.
C'est fou comme la fatigue est toujours aussi présente ou bien c'est peut-être parce qu'elle n'est pas là à mes côtés, je n'en sais rien. Quand je me regarde dans le miroir, je ne me reconnais plus, je suis blanc comme un cachet d'aspirine et j'ai des affreuses cernes.
Je me lève tranquillement et au moment ou j'enfile mon training, j'aperçois une ombre sur le balcon. Je m'avance, j'entrevois par l'entre-bâillement de la porte de longues boucles brunes et il me semble qu'elle porte une cigarette à sa bouche.
Elle lui ressemble vachement.
Je me racle la gorge pour lui montrer que je suis là, elle laisse tomber sa cigarette et elle se retourne.
Quand je vois son visage, je reste choqué. Ça ne peut absolument pas être possible. Elle détourne le regard quelques minutes plus tard, mais reste tout aussi choquée que moi. Elle est aussi belle que le jour ou elle est partie, mis à part le fait qu'elle ait des cernes et maigri.
Elle essaye de dire quelque chose, mais elle n'y arrive pas.
Je reste bouche-bée qu'elle soit ici en face de moi.
Il faut que je me reprenne et que je me mette à parler :
- Qu'est-ce que tu fais là ? d'une voix sèche, je demandai.
Elle se retourna et fixa droit devant elle, puis s'exclama :
- Je n'y arrivais plus.
Sa voix se brisa dans les quelques mots qu'elle prononça.
- Je n'arrivais plus à supporter cette distance. Je suis partie de mon plein gré, mais j'y arrive pas. Je ne dors plus, je ne mange presque rien et ils ont refait surface dès que je t'ai laissé, renifla-t-elle.
Elle restait belle malgré ses larmes de tristesses ruisselantes sur son visage.
- Pourquoi es-tu revenue Cassidy ? Tu ne m'aimes plus, fis-je de marbre.
- Tu te trompes, je t'aime plus que n'importe qui qui a pu t'aimer dans ta vie. Je suis revenue pour toi, Alex, tu ne peux pas continuer comme ça.
Elle stoppa net de parler et continua de fixer l'horizon. Que veut-elle dire par là ?
- L'alcool te tue à petit feu, crois-moi je sais de quoi je parle.
Elle savait. C'est pour ça qu'elle est revenue.
- Tu m'as abandonné, j'ai toutes mes raisons de boire, protestai-je.
- Non, tu m'as fait souffrir et j'étais brisée. Alex, laisses-moi t'aider et acceptes-moi, tout en s'efforçant de fixer droit devant elle, elle me supplia.
Je me redressai, mis mes mains dans mes poches et soupirai.
J'avais besoin d'elle, j'en étais accro et pour aussi bien dire, j'étais amoureux. J'avais surtout peur de la faire souffrir. Moi ? Je pourrais arrêter de boire, je ne suis pas aussi dépendant qu'elle, est dépendante à souffrir. Qui me dit qu'elle ne souffrira pas en retour ? Qu'elle ne sera pas à bout ?
Je ne veux pas me remettre avec elle, si c'est pour l'a faire souffrir d'avantage qu'elle ne l'ai déjà.
- Quand je suis partie, j'ai cru que me retrouver seule sans toi, ça me ferait le plus grand bien. Je n'ai malheureusement pas su gérer ma tristesse et j'ai aussi sombré dans la cigarette, jusqu'à ce que ma meilleure amie vienne me sortir de cet immense fossé qui, pour moi, prétendait être mon ami, mais qui en réalité, ne faisait que de me tirer vers le bas. Il m'a fallu du temps, il m'en a fallu beaucoup et encore maintenant, je ne suis absolument pas prête, mais je sais que le fait de me retrouver sans toi à mes côtés une seconde fois, c'est inimaginable, déclara-t-elle d'une voix neutre et froide.
Ses mains tremblaient et elle faisait tout pour ne pas le faire paraître. Elle avait peur, peur de me perdre pour de bon.
Cassidy a peur de beaucoup de choses, elle ne vit pas une vie facile et encore moins si on vient déranger son cocon rassurant. Ce qui s'est passé il y a exactement deux semaines.
- Je ne te cache pas que ça a...
- Tu as dit que tu ne mangeais plus, dormais plus et qu'ils étaient revenus ? Ils, c'est les cauchemars, c'est bien ça ? l'interrompis-je inquiet, mais distant.
Elle baissa la tête, mais ne se retourna pas pour autant. Elle aimait rester dans l'ombre, se faire discrète et cacher ses vraies émotions. Cassidy est une personne très dure à cerner et si je veux que tout redevienne comme avant, je dois tout d'abord faire des efforts et réussir à ce qu'elle me fasse confiance.
- Oui, ils sont toujours et bien là, mais ce n'est pas le sujet...
- Si si, ça l'est, il se passe quoi dans tes cauchemars ? lui demandai-je curieux en appréhendant la suite.
Je savais que lui demander de me retranscrire ces cauchemars n'était qu'une preuve de curiosité, mais surtout de lâcheté de ma part, car je lui faisais ouvrir une parois qu'elle avait réussi à recouvrir pendant des années. J'étais si curieux que je devais le savoir. Je posai mon regard sur son magnifique petit corps, ses cheveux qui s'agitaient dans le vent et ses petits pieds qu'elle cachait. Cette fille était magnifique. Je voulais pouvoir l'embrasser. Pouvoir sentir ses lèvres en mouvement avec les miennes et pouvoir sentir son corps chaud en contact avec le mien. Je sortis difficilement de ma transe et l'a regardai.
- Tu y étais, tu as été dans tous ceux que j'ai fait, elle s'exclama tremblante.
- Qu'est-ce que je faisais ? insistai-je.
Elle se retourna et me lança un regard froid, triste et noir.
Au moins j'en étais sur, elle ne voulait pas en parler, mais je devais le faire.
- La nuit ou mon père m'a frappé et que ma soeur s'est enfuie, tu as surgi de nulle part et tu m'as regardé me faire maltraité sans bouger d'un centimètre, j'ai cru voir dans certains de mes cauchemars que tu souriais en coin de bouche tant la situation te plaisait et après tu t'en allais, parfois une bouteille à la main, parfois rien. Tu me laissais ensanglanté dans ce bureau et tu t'en allais, lâcha-t-elle.
Elle se mit à trembler d'avantage et je savais que dans de normales circonstances, j'aurais du venir l'a consoler, mais dans celle-ci, je ne bougeai pas. Je restai scotchée de voir à quel point elle a du souffrir pendant mon absence et je m'en veux énormément. Je n'arrêtai pas de me refaire le scénario qu'elle se faisait toutes les nuits et j'en restai sans voix. Comment ai-je pu l'a blesser autant ?
Moi, je buvais pour mon réconfort, je pouvais ne pas toucher a une bouteille, mais avec tous les événements, c'était trop tentant . Quant à elle, elle essayai de survivre et de ne pas couler.
Je gloussai.
- Je suis là maintenant Cassidy, j'ai déconné, je le sais, mais laisses-moi une seconde chance, tu ne seras pas déçue. J'ai vraiment besoin de toi avec moi, je n'y arrive pas sinon. Je deviens violent, je bois, j'insulte quand tu n'es pas là. Tu me changes et je déteste cet effet que ça me fait, mais je veux pouvoir t'embrasser devant tout le monde, t'enlacer quand tu ne vas pas bien, te faire sourire et rire à t'en faire jaillir des larmes, je veux pouvoir te blottir contre moi et te chuchoter à quel point, je t'aime putain.
Point de vue de Cassidy :
Je reste béa de son magnifique discours, là j'en suis sure, je le veux pour moi toute seule. Je suis follement amoureuse de lui. Je l'aime et je ne veux plus jamais m'en aller.
- Arrête de boire, je t'en supplie Alex, je t'aime et je ne veux pas que l'alcool creuse un ravin entre nous deux, donc tu arrêtes de boire dès aujourd'hui, ordonnai-je froidement.
- Promis, je ne boirais plus jamais, mais juste reste, je ne le supporterais pas sinon.
J'acquiesçai et me levai pour aller l'embrasser fougueusement. Ses lèvres m'avaient tant manqué et sa chaleur, je me perdis dans ce baiser. En étant en contact avec lui, tous nos souvenirs resurgirent et tous ces moments de pleurs et de rires. C'est sur, j'aime Alex, mais espérons que tout ira bien mieux.

"Ben dis donc ! Vous ne perdez pas de temps les tourtereaux, attention, on ne sait pas ce qui peut se passer."

Awful distraction, but beautiful addiction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant