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Ça y est. C'est l'heure de partir. Je suis dans la voiture de notre chauffeur habituel et j'écoute patiemment ma musique. Mes parents ont eu un empêchement et n'ont pas pu m'emmener à l'aéroport, comme d'habitude. Toujours le même refrain "ma chérie, on ne pourra pas t'accompagner, mais tu sais que l'on t'aime très fort. Bisous"
Bien évidemment, je n'ai rien dit. J'ai pris mes valises et je suis sortie sans me retourner. À quoi bon répondre, ça ne servirait à rien.
La chauffeur n'a pas levé le regard de cette immense autoroute, sans sourciller, il a mis le contact et a conduit, vous allez me dire, c'est son boulot. Je pourrais le faire parler et lui raconter ma vie si peu interessante, mais je n'en ai vraiment pas envie.
Nous arrivâmes à l'aéroport, il vint m'ouvrir et m'aida à porter ma valise, puis me souhaita un bon voyage et s'en alla.
Je me retrouvai seule, encore.
Je ne suis pas une fille avec un entourage qui est aussi grand que son compte en banque, j'ai juste quelques amis, qui je pense, ne me portent pas dans leurs coeurs.
Je marchai tranquillement, essayant de trouver un café ou je pourrais patienter, mais je ne faisais que tourner en rond. Je décidai d'aller m'asseoir près de ma porte d'embarquement. Je branchai mon téléphone et aperçus un message de la part de Jamie.
"Bonnes Vacances :)"
Je décidai de ne pas répondre, je ne suis pas du genre à oublier aussi vite et je n'ai vraiment pas aimé sa façon réagir hier soir.
Un groupe de jeunes vint s'asseoir en face de moi. Une fille et deux garçons, des enfants de Bourges, je suppose. Un des garçons n'arrêtait pas de regarder dans ma direction et cela m'irritait. Il était très grand, blond aux yeux bruns noisettes, il portait un cardigan Tommy H. et un short abercombie, puis il avait des raybans. Voilà pourquoi j'en déduisais qu'il était un enfant de Bourges. Pour une fois, je ne porte pas mes Doc, j'ai décidé de porter mes converses montantes bleus, ça passe plus discret avec mon short et mon t-shirt blanc. Mes mèches roses, elles, ne passent pas inaperçus.
- Je vous avais dit que le vol pour Miami durait 5h, fit la seule fille du groupe d'une voix aigue.
- Ok, Sara, on a compris. Tu nous soules grave, de plus papa et maman s'en fichent de l'heure à laquelle on va arriver, s'énerva le plus vieux.
- Ok, ok, calmes-toi. Je prévenais juste. Depuis que tu fumes plus, t'es tellement tendu, s'exclama la blonde.
- Je suis tendu et ? Ça arrive non ? Maman et papa vont nous dire un truc important et je ne vois vraiment pas comment je pourrais rester serein.
Le blond aux yeux noisettes ne dit rien. Il me regardait et souriait :
- Excuses-moi, mais t'as un problème ? demandai-je irritée.
Il changea d'expression et les deux autres s'arrêtèrent de parler et me regardèrent.
- Et bien, non, merci d'avoir demandé, fit-il d'une voix grave.
Sa soeur me lança un regard de blondasse, vous savez ces regards qui veulent dire "t'as quoi, sale cruche".
- Ok, donc arrêtes de me
regarder, merci.
- T'es qui, au juste ? me demanda le plus vieux.
- Toi, t'es qui, au juste ? dis-je en me foutant de sa gueule.
Je mis mon casque et le branchai à mon téléphone.
Je ne vais pas perdre mon temps à me disputer avec des inconnus.
Le blond vint s'asseoir à mes côtés et me regarda. Non, mais c'est quoi son problème.
- Tu cherches quelque chose ? demandai-je.
- T'as acheté où tes Beats ? Je les cherche depuis un bon bout de temps.
- Oh... Je ne sais pas.
- Ok, sois gentille deux secondes ça ne va pas te faire du mal, donc tu les as acheté ou ?
- Je viens de te dire que je ne sais pas.
- Evidemment. T'es pas très sociable, hein ? Laisse tomber.
Il se leva et rejoignit son groupe.
- À B-Buy, c'est pas le meilleur magasin, mais ils ont vraiment une bonne qualité de Beats, répondis-je.
Il se retourna et me sourit, puis me remercia.
- Tu t'appelles ? me demanda-t-il en me relookant.
- Cassidy.
- Théo.
Je souris et remis mes écouteurs. Quelques minutes plus tard, l'appel pour le vol direction Miami résonna, je me levai et me dirigeai vers le comptoir ou se trouvait minutieusement l'hôtesse de l'air.
Elle me gratifia d'un sourire et me souhaita bon voyage, je lui rendis son sourire et allai trouver ma place.
Une fois assise, je remis mes écouteurs, montai le volume à fond et essayai de m'endormir, ce qui fut un échec, car mon voisin de vol s'écrasa de tout son long sur moi sans même s'excuser. J'ouvris les yeux et découvris par pur malheur que ce fut ce fameux Théo.
Comme par hasard. Bizarre, non ? Je "sympathise" avec ce gars vingt minutes avant et je me retrouve assise à côté de lui, quelle affreuse surprise.
- T'abuses, vas t'asseoir à ta vraie place et laisses-moi seule stp.
Il me regarda et leva les yeux aux ciels.
- J'aurais préféré louper mon avion que d'être assis à côté de toi, Cassidy, exagéra-t-il en accentuant sur les premières syllabes de mon prénom.
- Super, on est tous les deux d'accord sur une chose, proférai-je à son égard.
Il se redressa et me regarda, je l'ignorai et regardai à travers le hublot.
J'aperçus ces magnifiques demeures devenir de toutes petites maisons play-mobiles et une pensée de mes
parents fêtant avec joie mon départ me vint à l'esprit. En fin de compte, c'est bien mieux si je m'en vais.
- T'es de quelles origines ? me
demanda mon voisin de vol.
Je me retournai et le regardai, ses yeux verts me scrutaient comme un professeur scrute son élève. L'air méfiant.
- Je suis née ici, à Beverly Hills.
- Ah ouais, une vraie petite bourge, alors, s'exclama-t-il en riant.
- Excuses-moi, mais t'es qui pour juger dès la première impression ? T'es pas forcément mieux avec ton air de surfeur sur la plage de Malibu, m'énervai-je.
Il ria.
- Laisses-moi deviner, tu es certainement aimé par toutes les jeunes filles de ton lycée, tu portes des Cardigans qui valent le prix de mes Beats et tu fais parti du club de football de ton lycée ? demandai-je sans attendre de réponse de sa part.
Il tarda à répondre et je crus comprendre que Monsieur tombeur du lycée eut mal pris ma question, ce qui ne me gênai pas et qui me permis de reprendre ma playlist là ou je l'avais arrêté.
- Toi, tu fais surement parti du groupe des toxicos du lycée, tu dois avoir trois potes à tout casser, mais tu fais quand même parti des gosses mégas riches de Beverly Hills.
Ok. Cette remarque venant de sa part m'irritai et je ne comptai absolument pas en venir aux propos blessants qui tentaient en vain de sortir de ma satanée bouche.

Quelques minutes plus tard, il changea de place et je fus désormais assise seule pour quatre heures de vol. Miami risque de devenir la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des siècles. L'idée de rencontrer mes cousins me régale, mais me stresse d'un autre point de vue. Seuls mes parents savent ou je vais mettre les pieds.

"Ne crois pas que tu ignores l'existence de ce voyage, Cassidy, car tout a une vérité cachée et tu en es la clé."

Awful distraction, but beautiful addiction.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant