Alexeï venait d'escalader la façade arrière du château pour pénétrer le bâtiment à partir du dernier étage. Ayant eu en main les plans de construction des lieux, il peut, dès à présent, s'orienter sans problème au sein du vieux bâtiment.
Lui et Natasha avaient reçu pour mission de récupérer Violette, laissant ainsi à Fleure le champ libre en ce qui concerne le mage bleu.
Il avait donc convenu avec sa partenaire russe qu'il ratisserait les étages supérieurs et, elle, les sous-sols.
Il entre dans ce qui semble être une chambre par la fenêtre préalablement brisée. Un grand lit à baldaquin aux draps défaits lui indique la présence d'au moins une personne. Prudent, il quitte la pièce et s'engage dans les couloirs.
Le décor est peu atypique, puisqu'à cet étage-ci, les murs sont dénués de tableaux et de quelconque décoration. De fait, de par cette singularité, cette absence de similarité, il entreprend de jeter un coup d'œil dans chacune des pièces qu'il croisera.
Alors qu'il s'apprête à entrer dans l'une d'elles, une main se pose sur son épaule. Tournant rapidement la tête, il n'a que le temps de croiser un regard sombre et un visage de poupée : celui de la fille de l'aéroport. Il se retrouve alors violemment projeté vers l'arrière, son dos percutant une porte qui cède. Déstabilisé, il tente de se relever. L'environnement tangue et il manque de perdre l'équilibre.
L'Humaine Génétiquement Modifiée de deuxième génération profite de son inattention pour lui envoyer un coup de pied en plein abdomen. Il tombe lourdement sur le sol marbré, dans un gémissement plaintif.
Il reprend cette fois-ci rapidement ses esprits et, se relevant, il n'attends pas un instant pour foncer sur la jeune femme et la plaquer contre un mur. Mais elle se trouve être bien plus forte que lui. Il n'est donc pas étonné d'être repousser sans difficulté aucune, comme s'il était un poids plume.
Ayant conscience de sa position, Alexeï prend la sage décision de fuir. Ou tente-t-il de le faire.
Il s'engage sans attendre dans le couloir, mais l'autre le rattrape rapidement. Lui sautant dessus, il trébuche maladroitement sous la masse de son assaillante. Sa mâchoire manque de se briser au contact direct avec la pierre froide.
Sonné et à la merci de ce monstre à visage humain, il se demande s'il s'agit là de ses derniers instants. Il repense à Fleure et à son visage angélique. Une femme douce et altruiste dont il s'était épris. Au premier regard, dans cette ruelle sombre, et bien que blessé, il s'était trouvé charmé. Très vite, il s'était développé entre eux quelque chose de fort et de puissant. Un lien les réunissant, inébranlable et dur comme le roc. Il aimait cette femme, et s'était déjà pris à l'imaginer dans une longue robe blanche. Et c'est justement l'image qu'il a d'elle à cet instant, pendant que son ennemie glisse ses mains autour de son cou pour le priver du précieux oxygène.
Sa vision devient trouble, mais ses pensées sont toujours claires. Il ne cesse de penser à sa dulcinée. La seule femme dont il était tombé fou amoureux. Et il se dit qu'il allait mourir là, sans le lui avoir dit. Un baiser pouvait tant de chose, mais ne pourra jamais remplacer ces trois petits mots : je t'aime.
Je t'aime Fleure, pense-t-il tout en s'éteignant.
Natasha épluche les divers documents éparpillés dans le sous-sol de la demeure. Ce qu'elle y découvre la subjugue et la laisse sans voix, tant et si bien qu'elle reste sourde aux pas d'une personne arrivant dans son dos.
"Ooooh ! Mais qui voilà ?" émet alors une voix aiguë, que la femme reconnaîtrait entre toutes.
Elle se retourne pour darder un méprisant regard sur la non-humaine aux cheveux violets. Elle est maintenant sur ses gardes, prête à se battre. Elle a conscience de la force de son adversaire, mais elle n'est nullement effrayée. Après tout, elle sait comment retourner la force de son assaillant contre lui.
"Dites... dites... dites... ! entonne-t-elle de plus bel. Saviez-vous que la différence entre une démocratie et une dictature, c'est qu'en démocratie tu votes-
- Avant d'obéir aux ordres, dans une dictature, tu perds pas ton temps à voter, finit la russe, d'une voix glaciale. Charles Bukowski. Je connais."
Elle lui tourne le dos, afin de reprendre son investigation, sous son air des plus surpris.
La Cuillère, alors lasse de s'être fait couper, s'approche de l'ancien agent, prête à la frapper. Mais, encore une fois, elle est coupée dans son élan par l'avant-bras de sa victime qui détourne son poing s'apprêtant à l'abattre, tandis que le sien à elle s'écrase durement contre sa mâchoire.
"Ne me sous estime pas, kozel.
- "Kozelle" ?! Ca veut dire quoi, "kozelle" ?!"
Un sourire mesquin étire les fines lèvres de la russe. Elle n'a nul besoin de réponse, l'expression qu'elle affiche la lui fournit. Elle fonce alors sur la brune pour la plaquer contre le bureau sur lequel elle travaillait, dans un rugissement qui résonne à travers la pièce.
Mais, l'amazone s'accrochant à ses vêtement, elle parvient à lui assener un violent coup de tête sur le nez.
"J'vais t'tuer !
- Idi na huj !
- Hein ? Idi... quoi... houille ?"
Perplexe, alors que l'étrangère venait de chuter, elle la dévisage longuement, sans remarquer la plaque de métal que se procure son souffre-douleur.
"J'ai dit : vas te faire foutre !"
Et, sur ces bonnes paroles, la jeune femme aux cheveux colorés reçoit un violent coup de barre métallique sur le crâne. Suite à ce coup d'une agressivité inouïe, elle perd connaissance.
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Fugitive
Science FictionBourrée, elle ne s'attendait pas à trouver un homme se vidant de son sang dans une ruelle sombre. En décidant de l'aider, elle se retrouve embarquée dans une affaire qui dépassera l'entendement et remettra en cause religions et croyances populaires...