Chapitre 01 : Le réveil

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— Injectez lui une nouvelle dose, elle ne doit pas se réveiller, vous comprenez ?

J'entrouvre les paupière cette voix féminine et familière.

La première question qui me vient à l'esprit est : suis-je morte ?

La seconde : Où suis-je ?

— Madame Teixeira, je... je crois que le sujet est réveillé... Regardez.

Une silhouette noirâtre apparaît, mais est déformée. C'est comme si je me trouvais sous l'eau, les yeux ouverts. Tout vous semble trouble.

— Incroyable... j'ai réussi.

La troisième : Qui suis-je ?

C'est vrai, ça. Qui suis-je ? J'essaie de chercher dans ma mémoire une quelconque information à mon sujet, un souvenir, mais je ne trouve qu'un vide béant, inquiétant... Une angoisse sourde me saisit, accélérant drastiquement mon rythme cardiaque. Je suis prise d'une incontrôlable crise de panique, qui me donne l'impression de mourir de l'intérieur.

— Non ! Merde ! Vite ! Préparez les sédatifs !

Je ferme fort les yeux, j'exulte de rage, j'essaie de bouger, de crier, mon instinct me hurle de m'échapper au plus vite. Peu importe où je me trouve, je sens que je ne suis pas en sécurité.

Mais très vite, le calme revient, et avec lui, le vide. Tout s'éteint et je me sens sombrer, comme un bateau englouti par le vide profond de l'océan. Moi, je me fais engloutir tout entière, par ce raz-de-marée de médicaments.

oOo

Je me réveille dans une grande chambre blanche anthracite. Mur, plafond, sol, rideaux, draps : tout est d'un blanc immaculé des plus inquiétant. Ca me file une de ces angoisses... Je n'aime pas ça. Vraiment pas.

Je me redresse dans le lit, tout en me massant les tempes. Je n'ai aucune idée de ce qu'il vient de se passer. Tout est flou et désordonné. Et pire encore, je ne sais toujours pas qui je suis. Enfin, chaque chose en son temps. Si je commence à me poser trop de question, je me retrouverai incapable de faire quoique ce soit. Je dois d'abord comprendre où je me trouve.

Je suppose qu'il s'agit d'un hôpital. Et vraisemblablement, mon médecin est cette fameuse "Madame Teixeira".

je pousse les draps qui couvraient mes jambes et j'ai la surprise de découvrir mon corps, nu. Je baisse le regard sur sur mes jambes, en remontant vers mon ventre, plat, doté de légers abdominaux.

J'esquisse une petite grimace lorsque j'essaie de quitter le lit. Mon corps me donne l'impression de peser deux tonnes.

Une fois debout je procède à quelques petits exercices d'étirements musculaires. Je me découvre une incroyable souplesse, en plus d'une grande maîtrise de mon corps. Cette sensation de contrôle est grisante.

Je m'intéresse ensuite à mon environnement : il y a un lit, une fenêtre et deux portes. Je me dirige d'abord vers la fenêtre. Peut-être que de voir l'environnement extérieur me permettra de me souvenir qui je suis et où je suis.

Dehors c'est... vert.

Tout du moins, l'extérieur me donne l'impression d'être perdu au beau milieu d'une jungle. Afrique ? Brésil ? Thaïlande ? Finalement, ça ne m'est pas d'une grande aide et c'est même plutôt inquiétant, car ce bâtiment où je séjourne semble être isolé de tout. Et ce qui m'inquiète d'autant plus c'est la présence d'hommes armée quelques étages plus bas, dehors. Des militaires, on dirait.

Merde ! Qu'est-ce que je fous là ?

Je suis peut-être une criminelle. Une criminelle brésilienne ? Teixeira.. ça sonne latin.

Je ferme les rideaux et je me dirige vers les portes. J'essaie de les ouvrir mais une seule sur les deux n'est pas verrouillé. Elle conduit sur une petite salle de bain, le tout, comme la chambre, est spartiate et dans les même tons blancs. Enfin, il y a un miroir, je m'y précipite alors, car en me voyant, peut-être que quelques détails de ma vie passé me reviendront.

J'ai un mouvement de recul, tout en passant ma main sur mon crâne, dénué de pilosité. En fait, en observant mon corps dans son entièreté, je constate qu'il ne s'y trouve aucune trace de poil. Je n'ai même pas de cils ou de sourcils. Il n'y a rien qu'une peau halée, dénuée de poils, de cicatrice ou même de grain de beauté. Rien.

La panique commence finalement à me gagner. Je sens mon poul s'accélérer et ma pression sanguine augmenter. L'adrénaline pulse dans mes veines. La suite est dicté par mon instinct de survie.

Je quitte la salle de bain et, me plaçant face à la seconde porte, celle qui ne voulait pas s'ouvrir. Levant la tête, mon regard croise celui d'une caméra de surveillance. Je prends une grande inspiration, tournant mon attention de nouveau vers la porte. Je serre le poing droit, puis je frappe de toutes mes forces.

Un bruit métallique retentit et la porte se creuse légèrement à l'endroit où j'ai frappé. Une porte blindé.

J'évalue la douleur, la sensation dans mes phalanges, mais je ne ressens qu'un léger picotement qui s'estompe rapidement. Un sourire inquiétant étire mes lèvres : je recommence. 

FugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant