Chapitre 10 : Ô mon cœur...

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Nue, face à ce long miroir accolé contre le mur de la salle de bain, j'observe ce reflet m'étant partiellement inconnu.


Inconnu depuis qu'ils m'ont sculpté une nouvelle morphologie.

De plus ma nouvelle coiffure me créée un visage différent. En effet, ma chevelure courte, plaquée vers l'arrière à l'aide de cire, fait ressortir mes pommettes creuses et ne rend mon regard d'acier que d'autant plus perçant. Ma couleur naturelle est le roux mais, désormais, je me retrouve avec les cheveux aussi noirs que l'est mon âme. Un noir profond, un noir intense.

Une larme dévale sur l'une de mes joues : je me souviens encore du craquement de mes os lorsqu'ils me les broyaient.

Je me souviens encore de la douleur lorsqu'ils m'arrachaient des parcelles de peaux.

Je me souviens de bien des choses.

Ces souvenirs me hantent et me brisent chaque jour un peu plus.

Scarifications, tentatives de suicide à l'aide de fortes doses de médicaments, drogues et alcools... Rien n'y a fait.

Ce corps est devenu bien trop fort, paradoxalement à mon esprit faible.

Je suis un diamant dont le clivage est devenu bien trop aisé.

"NARCISSE ! Vas-tu finir par sortir de cette salle de bain ?!" tonne la voix d'Antoine. Cela me fait sursauter. Mon cœur palpite de nouveau.

Enfoiré.

Mes deux compères et moi traversons un couloir dénué de couleurs, seul le blanc domine. Il sent la javel et je remarque que les portes sont automatisées, du fait du léger ultrason produit par ces dernières. De plus, aucune ne possède de serrure ou de poignée : il suffit de glisser un badge contre un petit boîtier placé à côté.

Eux aussi, possédaient le même mécanisme.


Nous nous trouvons actuellement dans une base militaire proche de l'hôtel dans lequel nous séjournons.

"Vous savez qu'en France, les armes à feu sont classées en quatre catégories, et ce en fonction du nombre de répétition du tir et de coups tirés. Elles vont de A à D et, pour chacune d'entre elles, il faut faire diverses démarches auprès de l'administration et autres futilités du même gabarit afin d'en acquérir. Or, il s'avère que je peux vous avoir n'importe quel type d'arme à feu. N'est-ce pas fantastique ?" nous confie Antoine, excité.

Cet homme ne tient définitivement jamais en place.

Il nous invite à entrer dans une grande pièce dont la multitude d'armes blanches et d'armes à feu entreposée apporte une touche colorée à l'ensemble.

Mon regard s'avère être irrémédiablement attiré par un magnifique Colt Python 357 Magnum et, de toute évidence, de 4 pouces si j'en crois la taille de la bête. Clichés, certes ! Mais bon sang, ça a du punch !

Alexeï observe consciencieusement les diverses armes blanches, bien plus pratiques à cacher lors de notre future mission d'infiltration. Antoine, lui, se permet de me signaler qu'un pistolet 22LR serait bien plus pratique et plus facile d'usage.

"L'arme ne fait pas le tireur, c'est le tireur qui fait l'arme. L'odorat, la vue, le toucher et l'ouïe... Ces outils nous permettent d'affiner la précision du tir. Peu importe le calibre, ces armes sont toutes deux d'excellente manufacture et faciles à porter lorsque l'on est vêtu d'une robe ample", lui rétorqué-je tout en dardant mon regard obsidienne dans ses orbes noisette qui trahissent son étonnement.

FugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant