Chapitre 30 : L'impossible

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"Certes, se contente-t-il de répondre. Ils étaient... en travers de ma route. Antoine devait te tuer. Il m'a désobéi. Et puis... j'ai décidé de te laisser en vie, ma très chère Fleure. Sais-tu pourquoi ? Il étouffe un rire mauvais. Parce que tu vas être celle qui va tester ma toute nouvelle expérience ! s'exclame-t-il d'un ton enjoué. Étant de bonne humeur, je me permets de te souhaiter... bonne chance."

Un grésillement retentit, signant la fin de cette conversation des plus étranges.

Bonne chance ? Je dévisage la caméra, inquiète. Cela ne me dit rien qui vaille et si je prends en compte ce que j'ai précédemment lu dans le document trouvé sur le sol, je crains même le pire.

Une main agrippe brusquement ma cheville et un frisson d'effroi me parcourt l'échine.

Tremblant de la tête aux pieds, je me tourne lentement pour voir le scientifique initialement mort me fixer d'un regard éteint, la respiration forte et, de toute évidence, difficile.

Je lève les yeux au ciel, priant pour que tout cela ne soit qu'une vaste blague. Dans le doute, je pince mon avant-bras droit. Rien. Je suis bel et bien éveillée et il y a bel et bien un... espèce de mort-vivant qui me tient la jambe. Littéralement.

Quelle est la suite du programme ?

Ils vont maintenant tenter de me tuer ?

La bonne blague.

Peut-être est-ce dû au stresse résultant de cette situation effroyable, mais je me mets à ricaner jusqu'à en perdre le souffle. Je peine toujours à croire qu'une telle chose se produise. Et pourtant... pourtant ce type, ce mort, se lève et tente désormais de m'attraper pour faire je ne sais quoi. Très honnêtement, je n'ai pas envie de savoir. Et c'est pour cela que je n'hésite nullement à lui broyer la nuque, cassant net le tronc cérébral à l'aide de mon pied. Le cadavre s'immobilise. Le mort est désormais réellement mort.

Les hauts-parleurs grésillent de plus bel, avant que la voix suave de l'inconnu ne retentisse de nouveau.

"Tu es plus maligne que je ne le pensais. Félicitation. Augmentons la difficulté de ce jeu, veux-tu ?" Le son pétille de nouveau, mettant fin à cet interlude.

Un jeu ?

Je regarde l'œil technologique, perplexe. Il prend cette abomination pour un jeu ?!

J'entends distinctement du mouvement derrière moi et nul besoin d'être une lumière pour comprendre que ce sont maintenant les deux militaires qui se relèvent. Cela ne m'inquiéterait pas si, en plus de ces deux-là, je n'entendais pas d'étranges bruits provenant du couloir.

Je ferme les yeux, soupirant faiblement, longuement, afin de garder mon calme. Dans ce genre de situation, mieux vaut être serein.

D'autant plus que, les yeux clos et l'ouïe fine, je me concentre sur chaque son retentissant dans la pièce. Je visualise leur position dans ma tête, leur emplacement, ce qu'ils font, la façon dont ils bougent ! Étrange paradoxe, je ne vois réellement rien. C'est grisant, comme sensation. Bien évidemment, je pouvais le faire auparavant, mais jamais avec autant de... clarté.

Je prends un peu d'élan, jusqu'à pouvoir asséner un violent coup de pied retourné à mon assaillant mort-vivant. J'entends distinctement sa nuque se briser sous la puissance de mon attaque et, ouvrant les yeux, je le vois s'effondrer à mes pieds.

Un mort-vivant...

D'un point de vue médical, on peut désormais le considérer comme en vie puisque son cœur bat et son cerveau est alimenté, bien qu'artificiellement. Pourtant, cela n'arrête nullement la décomposition de l'homme. Après tout, il ne peut que bouger. Il ne ressent pas même la douleur ! Et puis... il n'a pas de conscience.

Après m'être psychologiquement rassurée, je m'occupe du second soldat sans difficulté aucune. Finalement, ces non-morts ne sont pas agressif et s'avèrent être particulièrement lent. Il me faut maintenant rejoindre Violette au plus vite pour quitter ce lieu malsain.

Sortant de la pièce, c'est sans surprise que je tombe nez-à-nez sur ces humains génétiquement réanimés, ces HGR, uniquement ceux dont la colonne vertébrale n'est pas brisée, pour des raisons évidentes, je constate. Je les repousse violemment lorsque je passe près d'eux.

Ils n'ont pas de conscience.

Je "tue" certains d'entre eux.

Ils n'ont pas de conscience !

"Ce que vous avez fait est absolument abominable !" crié-je à l'intention de l'horrible inconnu. Lui, ce mystérieux groupe... ils ne cessent de jouer avec la vie d'autrui, ils se prennent pour dieu, mais il n'en est rien.

Un feuille se trouvant sur le sol attire mon attention. Elle aussi est placée dans la main d'un scientifique à terre, le dos en miette.

"...de par l'injection d'un composé de nanorobot, il est désormais possible de contrôler à distance n'importe quel corps humain, mort comme vivant. Mort est préférable.

L'injection se fait dans le sang et les nanorobots se rendront, dans les quelques minutes qui suivent, dans le cerveau. Ils activeront la partie psychomotrice permettant les mouvements en envoyant une impulsion électrique et..."

Non... pas encore...

Je reprends mon chemin, mais cette fois-ci en pressant le pas, alors que plus loin, je ramasse un autre document, toujours le même. Je ne leur prête maintenant plus aucune attention et je me mets à courir. Malheureusement, je ne peux courir aussi vite que je le souhaite puisque je me vois contrainte de parcourir plusieurs croisements.

Je parviens en moins d'une minute jusqu'à la salle d'opération et, face à la porte, j'y découvre un Antoine à moitié debout, tentant maladroitement de pénétrer la pièce.

"Antoine..." osé-je murmurer.

La stimulation auditive semble fonctionner puisque l'individu se tourne vers moi. Il tente maintenant de s'approcher de moi, je ferme les yeux et je soupire longuement. Courage Fleure, courage. Je lui assène un violent uppercut à la mâchoire, résultant en un équivalent du célèbre coup du lapin.

"Je suis désolée, Antoine... Je suis désolée..."

Je regarde le corps inanimé de mon ami avec douleur. Il me faudra du temps pour accepter sa mort. Il s'est sacrifié pour moi ! Je m'agenouille près de lui et je murmure avec rage et dévotion.

"Je te vengerai... Je te le promets. Je mettrai un terme à cet infâme jeu."

Je me redresse puis j'entre dans la pièce. Violette est debout et semble faire les cent pas. Non, elle s'entraîne à marcher.

Elle cesse son activité lorsque j'entre et, après avoir convenablement refermé derrière moi, elle me saute dans les bras et elle entoure de ses jambes mon bassin. Bah voyons... fais comme chez toi, j'te dirais rien.

"J'ai cru qu'il t'était arrivée quelque chose ! me crie-t-elle d'une voix extrêmement aiguë, capable de me briser les tympans, et enthousiaste.

- Ah... euh... y a des zombies dehors... hasardé-je en posant mes mains sous ses cuisses pour la soutenir.

- Je sais, Antoine me regardait pendant que je marchais ! L'est mort, nan ? C'est triste. Comment va-t-on récupérer sa thune ? me demande-t-elle en cachant son visage dans le creux de mon cou. Et je me fais violence pour ne pas la frapper, la punir pour cette insulte.

- Descends, lui ordonné-je d'une voix autoritaire. J'T'AI DIT DE DESCENDRE !"

Cette dernière s'exécute et j'en suis plus que satisfaite. Seulement, cette harpie profite de mon inattention pour m'embrasser.

Notre collaboration promet d'être compliquée.

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Merci à PedroBondieu pour l'idée du nom des HGR ! ;)

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