Chapitre 7 : Une petite cuillère

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Rome n'est pas aussi grande que je ne le pensais. On s'y repère bien vite. Et trouver deux individus suspects, tel que nos deux oiseaux, n'est qu'une question de temps et de contacts.

C'est ainsi que nous avons appris pour la mort de Bertrand, survenue un an plus tôt. Je n'ai pas eu accès au dossier, mais Youri m'en a fait un bref résumé : une femme comme moi, défaillante cependant aurait rejoint leur groupe et fait sauter un des sièges du 'groupe'. Bertrand serait mort lors de l'explosion. Serait. Aucun corps n'a jamais été retrouvé. Normal, direz-vous, puisqu'il aurait péri dans une violente explosion.

Youri n'a rien dit, mais son regard en disait beaucoup. Personne dans l'agence ne croit en la mort de Bertrand. Alors nous continuerons à le rechercher.

Concernant Violette, la retrouver a ete plus facile que prévue. Elle organise des combats clandestins dans les quartiers compliqués de cette majestueuse ville. Youri et moi nous préparons donc, revêtant nos tenues militaires, rangeons nos armes et nous préparons mentalement à nous battre face à une Humaine Génétiquement Modifiée.

Nous ne devons pas la sous-estimer.

— Je chercherai Bertrand. Tu t'occuperas de Violette. Considère le comme un test.

Je cesse mes activités, consistant en la préparation de mes armes, pour fixer mon collègue avec un brin de curiosité dans le regard.

— Et si j'échoue ? j'ose lui demander, non sans une certaine appréhension.

— Tu n'échoueras pas.

Je secoue la tête, pas aussi confiante qu'il ne l'est. Le risque zéro n'existe pas. On doit penser à toutes les éventualités. C'est un professionnel, il a dû penser au fait que je pourrais échoué. Je lui offre un petit sourire, semblant le surprendre: Il détourne le regard et ne m'adresse plus la parole de l'après-midi.

La soirée s'écoule paisiblement. Vêtue d'une combinaison noire, je suis pratiquement invisible dans les hauteurs de la ville. Mon objectif en tête, je m'empresse de rejoindre mon point de rendez-vous, la fameuse rue où se produisent les combats clandestin.

En arrivant, je me rends compte que les lieux sont déserts. Étonnée, et je ne le cache pas déstabilisée, je m'y faufile discrètement.

J'entends de la musique tonner depuis une porte barricadée. Un petit sourire étire mes lèvres. J'y porte deux grands coups de mon poing serré et ganté. La porte s'entrouvre et un italien, d'une carrure imposante, me toise de son regard cendré.

— Je viens pour combattre, lui dis-je dans un italien approximatif.

Son regard glisse le long de mon corps, comme s'il ne me pensait pas capable, avec mon petit gabarit, de me battre. Et d'ailleurs, un rire gras lui échappe.

Mon sang ne fait qu'un tour, avant que je ne saisisse la porte pour l'ouvrir et asséner à ce type un brutal coup de pied en plein plexus solaire. Le pauvre homme vole deux mètres vers l'arrière avant de tomber. J'entre et je prends soin de refermer la porte.

— Youri, je suis entrée, je chuchote dans mon oreillette.

— Parfait. Trouve et élimine la cible. Ne réfléchis pas. Les ordres sont les ordres. D'accord ?

Je met un moment à répondre.

— Fleure... ?

Je ferme les yeux, hésitante une fois de plus. Mais cette voix... ce timbre qu'il emploie... qu'a-t-il donc de si particulier pour me faire réagir ainsi chaque fois ?

— Oui... Oui, je rajoute d'un ton plus ferme et assuré. Compte sur moi.

Il n'ajoute rien de plus. Nous coupons court à toutes communication, d'autant que le "videur" que j'ai attaqué à l'instant semble reprendre ses esprits. Je l'assomme, avant de m'intéresser plus en détail aux lieux où je me trouve.

Je suis dans un couloir délabré, conduisant à un escalier qui semble s'enfoncer profondément sous terre. La musique provient de là. Prenant une grande inspiration, je m'enfonce dans les ténèbres de ces lieux sans aucune hésitation.

Suite à quelques petites minutes de marche en aveugle, je fais face à ce qui semble être une station de métro désaffectée. C'est gigantesque, plein de monde et en son centre se trouve une espèce de cage où se battent actuellement deux hommes.

Je saute sur les railles abîmés, m'approchant aussi discrètement que possible. Je n'attire pas autant l'attention que je ne me l'étais imaginé.

Je m'approche de la cage, observant ces deux lions se battre férocement. Des hurlement d'encouragement tonnent de tous les côtés, la foule est en délire, alors incapable de se contenir face à l'effusion de rage et de sang. C'est comme si ce combat faisait ressortir ce qu'il y a de plus mauvais en nous, de plus sombre. C'en est presque effrayant...

Et étrangement, je me sens dans mon élément, ici.

Je me détourne de l'impitoyable scène, élevant mon regard pour observer non plus la marre de monde qui s'agglutine, mais les puissants d'en haut.

Des hommes et des femmes observent la plèbe, jugeant de leur regard assassin le combat, les comportement proche de l'animal. Et enfin, je la vois. Avec sa chevelure à la couleur atypique, il ne fait aucun doute. Violette est bien présente.

— Youri, je l'ai trouvé.

Quelques secondes s'écoulent, je m'étonne de l'absence de réponse, mais je ne m'en formalise pas. Nous avons chacun notre objectif.

Violette ne semble pas m'avoir remarqué, c'est tout du moins ce que je pense, jusqu'à ce que nos regards se croisent. Et là, le temps semble se ralentir. Je ne vois qu'elle et elle ne voit que moi. Ma vision se floute, avant qu'une vive douleur dans mon crâne me tiraille. Et de nouveau, un souvenir refait surface.

"J'ai énucléé tout le monde avec ma petite cuillère !!"

Je secoue la tête, reprenant conscience de ce qui m'entoure. Qu'est-ce que c'était ?

Je relève la tête, me rendant compte que Violette a disparu.

Merde.

— Fleure ? Qu'est-ce que tu fous ? J'ai retrouvé Violette ! Dépêche toi !

Double-merde.

*****

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