Chapitre 27 : La lettre

1.7K 273 64
                                    


"Ma très chère Fleure,

Lorsque tu liras ces lignes, je serai probablement mort. Ou, du moins, si je ne le suis pas, je préférerais l'être.

J'aimerais pouvoir t'expliquer, te raconter ce qu'il se passe, ce qu'il s'est passé te concernant, mais je t'avoue que moi-même je n'en sais fichtre rien. Toute cette affaire est absolument abracadabrante ! Et je regrette amèrement aujourd'hui d'y avoir pris part. Mais tu me connais, je n'aime pas rester dans l'inconnu, je suis d'une naturelle curiosité ! Je suis un génie, l'on n'y peut rien. Devrais-je blâmer mes parents pour cette calomnie ?

Fleure... j'aimerais te conter une partie de ma vie, de mon histoire. C'est important, et cela t'apportera sûrement quelques réponses.

Je n'avais que seize ans lorsque j'obtins mon diplôme d'ingénieur. Bertrand, mon petit frère, en était alors âgé de quatorze. Ce dernier était assurément doué, bien plus que moi, à mon grand désarroi. Il aurait pu passer les examens du MIT haut la main, mais... nos parents avaient convenu d'un tout autre avenir le concernant.

Le "mage bleu" vint le chercher le jour de ses quinze ans. Ils le voulaient.

Je ne sais pas qui 'ils' sont ni qui 'il' est : ce jour-là, je n'étais pas présent et Bertrand ne m'en a jamais parlé. Mais depuis lors... il n'était plus le même. Lorsque lui et moi nous sommes revu trois années plus tard, il avait tant changé.

Mais tu dois savoir qu'entre-temps, je n'ai pas chômé ! Loin de là, j'ai fais moult recherches au sujet de ce soi-disant magicien et de l'organisation en elle-même !

Fleure... j'ai une dernière volonté. C'est égoïste de ma part de te faire une telle demande, d'autant plus que tu dois en avoir assez et que tu ne souhaites probablement qu'une seule chose : vivre tranquillement, dans une petite maison, à la campagne, avec une ferme...

Très honnêtement, avec tes goûts vestimentaires, je t'imagine fermière !

Un peu de sérieux...

Très honnêtement, et avec les modifications que j'ai apporté à ton corps, je pense que toi seule peu désormais mettre un véritable terme à cette mascarade.

Arrête-les.

Mets fin aux agissement de cette foutue organistion. Ce qu'ils font n'est pas naturel ! Ils jouent avec la vie humaine, ils jouent aux dieux sans prendre en compte les conséquences que cela peut entraîner !

Donc, j'écrivais : Mage Bleu.

Ah oui, il me faut te faire une confidence !

Bon sang, j'espère qu'ils ne trouveront jamais ce paquet, car sinon... je suis mort ! JOKE ! Je suis marrant.

Donc, Anastasia Mikhaïlovna était une chercheuse ayant travaillé pour eux, mais pas seulement. Elle était aussi la mère biologique d'Alexeï. Je m'explique ! Alexeï a été adopté par un colonel et sa femme, en étroite relation avec Anastasia, à Dimitrovgrad.

Je l'ai déjà rencontrée lors d'un gala de charité, quelques jours avant mon vingtième anniversaire, d'ailleurs. C'est une demoiselle très secrète et discrète. Autant te dire que ce jour-là, j'ai eu de la chance !

De fait, je pense que si tu parviens à prendre contact avec elle, tu parviendras à les retrouver eux. En plus de comprendre pourquoi ils font ça.

Ta mission est donc, si tu l'acceptes (Mon dieu, j'ai toujours rêvé de dire ça !!!!), de retrouver Alexeï, qui doit probablement être en Russie à l'heure qu'il est. Ensuite, ensemble, il vous faudra retrouver Anastasia et, pour finir, détruire cette putain d'organisation criminelle et immorale ! Bon sang, je m'emporte.

Oh ! Au fait, je me suis permis d'apporter quelques petites modifications. Rien de bien folichon, ne t'inquiète pas. Je ne vais pas te les décrire car, j'en suis persuadé, tu ne comprendrais rien. Aaaah... les petites gens... Que veux-tu, je suis un génie !

J'ai retiré la puce RFID de ton petit cerveau de moineau ! Nul besoin de me remercier. J'ai placé une boîte de cachetons dans le paquet : trois par jour à prendre à chaque repas pendant un mois.

De plus, ma très chère Fleure, je t'ai donné mon cœur. Bon, d'accord, ce n'est pas le mien, mais je trouvais cette phrase romantique et elle offrait une parfaite transition avec ce qui va suivre :

Lorsque tu verras Alexeï, j'aimerai que tu lui dises que je l'aime. Il le sait déjà, il connaissait mes sentiments à son égard. J'aurais aimé pouvoir le lui dire une dernière fois mais, hélas, c'est impossible. Le réseau ne passe pas et il est désormais bien trop loin. Et je ne peux quitter cette prison.

Rassure-toi, petit moineau, Alexeï ne partage absolument pas les mêmes sentiments que moi. Et oui, parce que j'ai bien vu les regards langoureux que vous vous lanciez ! Vous me prenez pour un foutu aveugle ?! Et bien non ! Voilà. Et je ne suis absolument pas jaloux. Pas. Du. Tout.

J'entends des coups de feux, je suppose que je n'en ai plus pour très longtemps, malheureusement. Bizarrement, savoir que je vais probablement mourir, ne me fait ni chaud, ni froid. En plus de vingt-six ans d'existence, je me dis que j'aurai bien vécu.

Je t'ai laissée quelques petits présents dans le paquet. Fais-en bon usage.

On se revoit en enfer, Cerber !

xoxo

Antoine, ton ami."

FugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant