Chapitre 23 : Activation

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Il nous souhaite la bienvenue dans "le réseau" avant de nous inviter à le suivre.

J'apprends que l'homme est un ancien colonel retraité depuis maintenant cinq ans et ayant intégré le "réseau" depuis seulement trois. C'est un père de famille ayant perdu sa femme lors d'un tragique accident de voiture. Il élève désormais seul ses deux filles, et il paraît être complètement gaga.

On nous fait visiter le complexe dans lequel nous nous trouvons. Il s'agit d'un bunker non-répertorié par l'État. Clandestin, en somme.

La première pièce n'est rien contrairement à la cantine ou aux laboratoires de recherche et de développement la suivant. Nous nous enfonçons dans l'édifice et je suis assez surprise de découvrir qu'il s'agit d'une organisation correctement agencée et équipée. Ils doivent avoir d'importants... donateurs ? Antoine, par exemple. Il semble être un homme d'affaire important. Jamais je ne me suis véritablement intéressée à lui... Peut-être devrais-je effectuer quelques recherches sur "internet" ?

Notre petit groupe fait tache : ensemble, nous provoquons le chaos, une véritable cacophonie, nous interférons dans les activités des soldats et employés que nous rencontrons.

En effet, Violette ne peut s'empêcher de toucher à tout, de même qu'Antoine. Alexeï tente tant bien que mal de les canaliser pendant que je rumine dans mon coin sous le regard presque admiratif du vieil homme nous accompagnant.

Alex'... Je le regarde tristement et je ne peux réprimer un faible soupire de m'échapper. Je suppose que lui et moi avons fait un "pas en avant" dans notre relation. Et j'en viens à me demander si c'est une bonne chose. Il fait un allié de taille, il est mature, fort et intelligent. Il est mon opposé.

Je sens que le vieil homme s'apprête à poser sa main sur mon épaule, cela me fait sortir de mes pensées moroses. Je fais mine d'être surprise par ce geste se voulant affectueux, tout en s'efforçant à lui sourire. Quoi de plus simple.

"A quoi pensez-vous ?" me demande-t-il tout en arborant un regard empli de bienveillance. Je grimace, je n'aime pas ce genre de regard. C'est à... vomir.

"Votre "réseau" me fait penser à une fourmilière."

Il semble surpris par ma réponse, il ne s'attendait pas à cela. Moi non plus à vrai dire. Il m'invite à continuer, de fait, je reprends :

"Les fourmis vivent sous terre, sous un dôme de terre, si je puis dire. Je ne suis pas experte en formicidés, mais je m'y suis suffisamment intéressée pour prétendre comparer votre organisation hiérarchique à la leur. Voyez-vous, il existe des fourmis prédatrices, les soldats ici. Les fourmis chasseresses, les hommes qui vous subventionnent. Les fourmis champignonnistes, moissonneuses... ce genre de choses ! Elles, elles représentent vos scientifiques et vos employés s'occupant de la bonne gestion des lieux."

Ouvrant les bras en grand, je fais un tour sur moi-même afin de lui désigner le bunker dans son ensemble.

"Voyez-vous, une fourmilière est une organisation sociale complexe et très structurée dont la communication en est le fondement. Tout comme vous. C'est du moins ce que j'ai pu remarquer vous concernant ! Peut-être que je me trompe, mais il s'agit de ma première impression."

Violette m'applaudit tandis que mon interlocuteur semble être aux anges. Alexeï pose sa main sur mon autre épaule et je lui souris timidement.

"L'équilibre social est au centre de nos préoccupations. Nous avons mis au point un nouveau système hiérarchique afin de limiter au maximum les problèmes ! Il n'y a plus vraiment de "supérieur", de "chef". Il n'y a que des gens instruits qui savent ce qu'ils doivent faire pour que tout fonctionne correctement. Chaque décision est longuement et mûrement réfléchie par l'ensemble de notre communauté !

- Quelle belle utopie, s'écrit Violette, jusqu'au jour où vous vous entre-déchirerez ! Pourquoi ? Simple : car chaque individu pensera que son idée est la meilleure. L'être humain n'est pas une fourmi. Ça ne marchera qu'un temps. Vous êtes des êtres barbares, violents et naturellement bestiaux. Vous n'y pouvez rien, l'on vous a fait de cette façon.

- Et vous non, peut-être ?

- Effectivement, Fleure et moi n'avons rien en commun avec vous."

Dodelinant de la tête, elle s'approche lentement de l'homme. Elle arbore un regard dans lequel on peut discerner une pointe de folie.

"Dites-moi, mon ami, avez-vous déjà vu un HGM masculin ? Non ?"

Son rire s'élève et résonne dans ces couloirs à l'odeur aseptisée. Le monde autour de nous la regarde et l'écoute, passablement horrifié. Bien qu'elle s'adresse à l'ancien colonel, elle darde son regard sur ma personne. Un indescriptible frisson me parcourt, mais je le soutiens.

"Vous ne savez même pas contre qui vous luttez. Vous êtes... adorablement pathétiques et..."

Elle est brusquement interrompue par la sonnerie de mon téléphone, celui que Bertrand m'a offert. Je décroche et j'approche le téléphone de mon oreille. C'est alors qu'une voix féminine, mais tenant plus d'un robot retentit :

"Activation de la puce R.F.I.D."





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