Chapitre 35 : Souvenirs

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"Tu vas accompagner les gamins, n'est-ce pas ?" demande alors Jude, alors que sa femme entre dans leur chambre. Il ne se fait pas vraiment d'illusion la concernant, il la connaît parfaitement. C'est grâce à cette affaire, HGM, qu'elle et lui se sont rencontrés, après tout.

Il lui adresse un petit sourire, digne d'un sale gosse venant de faire une bêtise et elle lui en adresse un regard  désolé en retour.

"Je veux connaître la finalité de cette affaire, Jude. Antoine... en est mort, lui répond-elle. Ce dernier lui répond par  une parfaite grimace à la mention de ce prénom. Cesse donc ta jalousie inutile ! Il... est mort ! Bon sang, ne peux-tu donc pas te montrer... respectueux ? ose-t-elle le questionner en commençant à hausser la voix. Elle reçoit, en retour, un regard assassin.

- Certes. De toute façon, il est hors de question que tu les suives. C'est trop dangereux... Bon sang Nat' ! Ne me prends pas cet air de chien battu, c'est non ! Nous avons des enfants et ils ont besoin de leurs deux parents ! Et... j'ai moi-même besoin de toi."

Prenant les mains de sa dulcinée, il porta le dos de ces dernières à ses lèvres pour y planter un doux baiser. Elle détourne le visage en grimaçant, hésitant encore sur ce qu'elle compte faire par la suite. Elle ne veut abandonner sa famille, mais le manque d'action et de combat ont laissé un vide en elle, après son mariage.

L'alcool lui offrant un piètre réconfort, elle se sent dépérir à petit feu.

Face à la triste frimousse de sa femme, il comprend alors que c'est perdu d'avance.

Il ne la connaît que trop bien.

Il l'attire et l'embrasse de ses bras pour la garder confortablement lovée contre son torse. Il dépose un baiser sur son front et espère secrètement qu'elle changera d'avis.

Tel un chat en manque d'affection, il commence à la câliner et à parsemer son cou de doux baisers. Ses mains se faufilent sous le chemisier de sa sauvageonne de femme, encouragé par les soupires de celle-ci.

Leur nuit fut tumultueuse et emplit d'amour.

Pourtant, lorsque les premiers rayons solaires transpercent les rideaux blanc de la chambre de Jude, ce dernier trouve l'autre côté de son lit vide.

Habitué à de tels évènements, il ne s'en démord pas et se lève avec l'espoir qu'elle ne l'a pas abandonné après qu'il se soit endormi.

Il n'y a âme qui vive dans sa gigantesque demeure. Il doit se rendre à l'évidence : sa femme, ses invités, tous sont partis en le laissant.

Énervé et fatigué par ce comportement irresponsable de la part de celle qui partage sa vie, il jure de le lui faire regretter... amèrement.

Déjà à l'époque, elle se comportait ainsi, emportée par la fougue de la jeunesse et de par les exigences que requérait son ancien métier.

La première fois qu'il avait croisé la jeune femme, c'était dans son bureau. Elle s'était présentée à lui comme sa nouvelle secrétaire personnelle et, tout de suite, il était tombé sous le charme de cette ravissante créature.

Avec ses joues creuses, son petit nez légèrement retroussé et ses yeux semblables à des obsidiennes, il s'échappait d'elle une prestance certaine. Et malgré sa petite taille, elle n'en demeurait pas moins imposante. Son caractère rebelle et farouche, n'empiétant pourtant pas sur son esprit d'analyse, il était tombé éperdument amoureux d'elle, sans même s'en rendre compte, dans un premier temps.

Des mois durant, elle l'avait impressionné de par ses incroyables aptitudes : sa capacité de jugement et d'observation, assurément. Mais aussi linguistiques !

Un jour, il avait dû se rendre à un gala important à l'occasion de l'inauguration d'une succursale de l'entreprise au Japon. Aussi doué soit-il, les langues n'ont jamais été son point fort, et il avait demandé l'aide généreuse de son assistante marketing, Cathy, qui possédait les bases et pouvait lui permettre de communiquer avec le japonais. C'était du moins ce qu'il pensait.

Il s'y rendit donc avec elle, mais aussi avec Natasha. Lui ayant dissimulé un don certain pour la communication en japonais, celle-ci l'avait tout bonnement époustouflé !

En effet, elle avait su parler, charmer et débattre avec ses associés, en plus de lui permettre une meilleure compréhension. Époustouflé était un euphémisme...

Les mois passèrent à une vitesse fulgurante et ses sentiments, envers la jeune amazone, se confirmèrent.

Un jour, apprenant la mort de sa mère, elle n'avait pas voulu le laisser seul. Ensemble, ils étaient rentrés à son appartement, et ils avaient bu et parlé.

Le lendemain, ils s'étaient embrassés.

Jude s'en souvient parfaitement : c'était doux, empreint d'une certaine fougue de par l'empressement et le besoin irrépressible de l'un de l'autre. Il ne savait plus, en revanche, lequel avait fait le premier pas.

Et puis... les choses s'étaient précipitées : la CIA, le KGB à la conquête du dossier HGM qu'il possédait, et possède encore, les avaient mis dans une situation difficile, mais qui leur avait permis de se rapprocher.

Antoine, Cathy, son ancien co-PDG et agent de renseignements américain, la sulfureuse Eva, une secrétaire tuée par ce dernier, et sa jolie espionne...

Il s'en est passé, des choses, du fait de cette excentrique affaire. De fait, il ne peut en vouloir à sa dulcinée de momentanément l'abandonner.

Mais Jude ne compte pas rester de côté. Oh non... lui aussi, finira par intervenir.

S'extirpant de toutes ces réminiscences, il se saisit alors de son téléphone portable pour composer un numéro bien connu de sa personne : Emilia Teixeira, actuellement connue sous le prénom Anastasia, la mère d'Alexeï et l'ancienne employée de celui que l'on surnomme le Mage Bleu.  

***

Petite note de l'auteure :  les chapitre 18  et 19 ont été entièrement réécris !  Il n'y a désormais plus de rites satanique ! Ils ne sont pas non plus sous leur forme finale !Je vous conseille donc de les relire ;) 

A très bientôt !

Noémie. 

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