Chapitre 7

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Je referme la porte de ma chambre en la claquant. James m'a mise hors de moi, je sais que je ne devrais pas m'attarder sur ses commentaires, ce qu'il pense de moi ne devrait pas du tout m'atteindre. Je n'ai ni mon portable, ni mon ordinateur, ce qui me rend encore plus à vif. Je n'ai absolument rien à faire à présent, et ma fierté m'empêche de descendre pour aller chercher mes affaires. Je me dis qu'il me suffira de patienter pour qu'il sorte et d'y retourner ensuite, mais plus les minutes passent, plus je me trouve de bonnes raisons pour ne pas sortir. Je décide d'attendre plusieurs heures, mais l'ennui finit par prendre le dessus. J'allume la télévision, je m'allonge sur mon lit après avoir retiré mes tongs et je me sens partir petit à petit. Je ne pense pas m'endormir profondément, mais les programmes télévisés m'entraînent doucement vers un sommeil profond. 

Mes yeux se ferment sans que je ne m'en rende compte... Jusqu'à ce que je sente une légère sensation dans mes cheveux. Je suis incapable de bouger, je ne sais pas si je dors encore, si c'est un rêve, ou si je ressens quelque chose de concret, faisant partie de la réalité. Ma perception s'affine, mes yeux s'entrouvrent légèrement et lorsque je réalise que James se tient devant moi, je sursaute brusquement en me redressant. Il recule en repoussant sa main, pensant certainement que je ne m'en suis pas rendue compte, mais je sais très bien qu'il était en train de glisser ses doigts, délicatement, à la surface de ma chevelure, et peut-être même sur ma joue. Les souvenirs sont trop vagues, même abstraits. Il me regarde d'un air sérieux, comme s'il n'avait rien fait et je cligne des yeux plusieurs fois.

- Qu'est-ce-que tu fais ?

Je pose la question même en sachant de quoi il en est. Pourtant il ne semble pas vouloir assumer.

- Rien, répond-il simplement.

- Qu'est-ce-que tu étais en train de faire ?

Je me répète, un peu plus brusquement cette fois-ci. Son mot à peine prononcé, je rétorque déjà à vive-allure. 

- Je te ramenais simplement ton ordinateur et ton téléphone.

Je suis sur le point de lancer mes accusations fondées sur ce qu'il était réellement en train de faire lorsque j'ai repris conscience, mais au dernier moment mes lèvres restent closes. Je suis perturbée, je me pose beaucoup de questions sur ses intentions et surtout sur ses pensées à mon égard. Une minute il me déteste, me méprise même, et quelques heures plus tard il a... de l'affection ? C'est à ni rien comprendre. 

- Merci, dis-je simplement. 

Il a un mouvement de tête très léger en guise de réponse et tourne les talons. Il marche assez lentement et je le regarde s'éloigner vers la porte. Avant de sortir, il se retourne finalement en laissant retomber le bras qui se dirigeait vers la poignée. Il me regarde, hésitant, avant de prendre la parole. 

- Je suis désolé pour ce que j'ai dis.

Je le regarde, un peu surprise par ces excuses inattendues. 

- Ce n'est rien. C'est oublié, mentis-je. 

Comme s'il devinait que ma réplique n'était que pur mensonge, il reste dans la même position et me regarde. Je ne dis rien de plus, pourtant je sais que si je ne parle pas, il partira... Et bizarrement, je n'en ai pas envie. Je ne comprend pas pourquoi je ressens ça tout à coup, et lorsqu'il se retourne, je ressens une sensation étrange en moi. 

- James. 

Je l'interpelle sans en prendre conscience. Il se retourne et finit par revenir vers moi, comme s'il espérait que je le retienne. Son visage est impassible, il n'y a aucune moquerie, aucun humour, pas une once de jugement comme plus tôt dans l'après-midi. Je me tiens toujours assise, mon visage doit sûrement être endormie et mes cheveux en bataille. Je descend un peu le tissu de ma combinaison de plage sur mes cuisses avant de passer une main dans mes cheveux pour dégager mon visage. 

- Ce n'est pas vrai, ce n'est pas rien.  Et ce n'est pas du tout oublié. 

- Je m'en doutais, me répond-il en souriant en coin, sans joie.

- Ne pense pas un instant que je me soucie de ce que tu penses de moi, je ne supportes simplement pas qu'on juge les gens sur l'apparence, ou sur de fausses impressions. Je n'ai pas à me plaindre, je vis dans une très belle maison, la maison où j'ai grandit avec mes parents... Je soupire avant de reprendre. Ma vie est peut-être "facile", j'ai de la chance sur beaucoup de point, mais je ne suis pas une fille superficielle...

- Hanna, encore une fois, je suis désolé. J'ai été un sale con de dire ce genre de chose. Je ne sais absolument rien à propos de ta vie et j'aurais dû me la fermer. 

- Alors pourquoi est-ce-que tu l'as fait ? On se connaît pas, on est pas obligé d'être amis, alors on peux faire des efforts et se tolérer, ou s'ignorer complètement, je m'en fiche. 

Je ne m'en fiche pas du tout, j'aimais assez lorsqu'il me faisait rire, même si ça n'a vraiment pas duré longtemps... Mais l'ignorer me semble une bonne solution s'il n'aime pas le genre de personne qu'il pense que je suis.

- Je ne pense pas qu'on soit obligé d'en arriver-là. 

- Vraiment ? Pourtant tu avais vraiment l'air sur de ce que tu disais tout à l'heure.

- Je t'ai dit que je regrettais.

- Et alors ? Tu n'as pas dit juste un mot, tu as plutôt bien argumenté pour que ce ne soit que des paroles en l'air... 

- Je me suis excusé, qu'est-ce-que tu veux de plus ? 

Il hausse le ton et je relève les sourcils. Je pense qu'il y a une raison pour qu'il me dise ces choses mais je ne sais pas encore laquelle.

- Je ne veux rien de toi. J'essai juste de comprendre.

- Mais il n'y a rien à comprendre. J'ai dit ça comme ça. Ne cherche pas plus loin.

Il repart sans que je ne puisse en dire plus. Je devrais peut-être arrêter de me prendre la tête pour lui, il s'est excusé et je vais devoir m'en contenter. Il doit avoir une dent contre les gens dans notre genre, je ne sais pas, il voit la maison, la piscine et il nous met sans doute dans une catégorie de gens que nous ne sommes pas. 

Une fois seule, je prend mon ordinateur posé sur mon bureau et je le met sur mon lit. Je met en route une playlist de vieilles chansons, de Sting en passant par Prince, et je surfe un peu sur le net pour me changer les idées et ne pas penser à James une seconde de plus. Je reprend un peu l'écriture de mon article et au bout d'une trentaine de minutes à taper intensément, je réalise que je n'ai pas vérifié mon portable. Je le déverrouille et suis surprise lorsque la première page qui s'ouvre est le répertoire. Et plus précisément, l'enregistrement récent d'un numéro, avec pour nom : James. Ma première réaction est alors de rire. Pas un rire heureux, ni même amusé. mais plutôt un rire brusque, nerveux et surpris. Mon premier réflexe serait de lui envoyer un message pour lui demander ce que son numéro fait dans mon portable, mais finalement je me ravise. Je préfère faire comme si de rien était. Je le lui demanderai peut-être demain, ou lorsque je le croise. Mais pour le moment, je suis beaucoup trop confuse à cause de son comportement pour lui poser des centaines de questions. Je suis également contrariée par le fait qu'il ai pu regarder dans mon téléphone, même si je n'ai rien à cacher, c'est comme s'il s'était introduit dans ma vie privée, une fois de plus, sans gêne... Je m'en veux de ne pas avoir mis de satané code pour bloquer l'accessibilité, mais je n'aurais jamais imaginer qu'une telle chose arrive. 

Je passe la fin de ma journée cloîtrée dans ma chambre, alternant ordinateur et téléphone, télévision et musique. Demain matin aura lieu la remise des diplômes, ma mère a pu se libérer et même si je n'aime pas beaucoup ce genre de cérémonie, je suis heureuse qu'elle soit présente. Demain, je serais donc enfin libre et l'université sera derrière moi. Vendredi soir et la soirée de fin d'année marquera le commencement de ma vie d'adulte. 


Stay with me ( français )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant