Stay with me ( français )

Chapitre 21

Lorsque j'étais à table avec ma mère, je ne pensais plus à James, ou à ce qu'il s'était passé aujourd'hui. Mais lorsque je me suis retrouvée allongée sur mon lit, avec pour seule compagnie l'obscurité et le silence et je n'ai pas pu m'empêcher de me poser à nouveau des questions. Ces questions en entraînant d'autres, au fil des minutes j'avais simplement réussis à me donner des maux de tête. Oui, il était hors de question de revenir vers lui, évidemment, j'avais fait ma part d'effort. Mais il allait me falloir du temps pour tourner cette page, voilà la dernière chose que je m'étais dit en m'endormant tant bien que mal.

J'ouvre les yeux, tirée brutalement d'un sommeil matinal plus que profond et j'éteins ma satanée sonnerie de portable. En une seconde je prend la décision de travailler de la maison aujourd'hui. Je m'étais promis de ne pas le faire, d'abord pour ne pas voir James, puis pour ne pas succomber aux charmes perturbateurs de James, et maintenant encore, pour ne surtout pas croiser James et avoir envie de le noyer dans la piscine. Au final, cet homme à beaucoup trop d'influence sur mes agissements. Malgré cette prise de conscience, je n'en suis pas plus motivée et j'envoi immédiatement un texto à Jess pour la prévenir. Lorsqu'elle me répond, je replonge immédiatement dans les bras de Morphée. Je ne me réveille que plusieurs heures plus tard à cause d'un bruit provenant du jardin. Je me lève, marchant d'un pas endormi et j'observe ce qu'il s'y passe. Ma colère contre James augmente lorsque je vois qu'il est à l'origine de ce bruit. Il répare encore je-ne-sais quoi. Je m'en fiche pas mal. Et je sais que je ne devrais pas tout confondre mais je n'y peux rien, être réveillée de la sorte n'arrange pas ce que je ressens pour lui actuellement. De la haine, pure et simple.

Je me dirige vers la salle de bain, je prend une douche, je m'habille rapidement et je me maquille juste assez pour ne pas me faire peur en rencontrant mon reflet dans le miroir. Mes yeux fatigués me donne l'impression d'être un rôdeur de Walking Dead. Une fois prête et ma chambre rangée, je descend dans la cuisine pour me faire un thé. J'ouvre les volets du salon que ma mère avait laissé clos et je plonge un sachet dans tasse avant de m'asseoir à table. L'idée de le boire sur la terrasse ne me traverse même pas l'esprit. Au moment où je réalise que le bruit a cessé, la porte s'ouvre et je sursaute en renversant de l'eau brûlante sur ma main. Je mords l'intérieur de ma joue pour ne pas réagir extérieurement et je ne relève pas les yeux sur James. Je sais que c'est lui, et une seconde plus tard je devine sa silhouette du coin de l'œil, sans avoir à le regarder vraiment.

- Bonjour Hanna.

Je m'apprête à rire, ou à le poignarder du regard, pourtant je n'ai pas envie de réagir. Je me contente de boire mon thé en surfant sur les applications de mon téléphone. Il se met à soupirer et là encore, je me retiens d'ouvrir ma bouche. Je termine ma tasse et je me lève pour aller la laver. Je ne sais pas exactement ce qu'il fait, j'entend du bruit alors je suppose qu'il doit ranger des outils ou quelque chose dans le genre.

- Hanna ?

Il s'approche de moi et cette fois-ci je n'ai pas le choix, je relève brusquement les yeux sur lui.

- Qu'est-ce-que tu me veux ? Dis-je froidement.

Il arrête de bouger alors qu'il s'approche de moi et je regarde pour la première fois de la journée son visage. Son regard rencontre le mien, et le sien, à l'inverse, est doux et compréhensif. Il ne m'attendrit pas mais j'aimerais tellement ne pas avoir à le détester. Il lui aurait suffit de faire preuve d'honnêteté.

- Est-ce-que je peux te parler une minute ? Me demande-t'il calmement.

- Hier soir j'avais besoin de te parler, mais apparemment tu n'étais pas disposé à le faire. Maintenant c'est moi qui n'en ai plus envie, alors non, tu ne peux pas.

Je ne le laisse pas répondre et je me retourne pour ranger ma tasse dans l'une des étagères. A ma grande surprise, il ne bouge pas d'un poil et il attend. Je me retourne vers lui en soupirant, je m'étais dit que je lui laisserai le bénéfice du doute et que je ne serais pas complètement butée mais c'est beaucoup plus difficile que ce que je l'imaginais.

- Je sais que tu n'as aucune raison de perdre ton temps à écouter des choses que j'aurais dû te dire hier mais je te demande de le faire. S'il-te-plait.

Je le contemple quelques secondes comme si je réfléchissais sérieusement à ce qu'il venait de dire alors que la décision était déjà prise. Je capitule.

- Je t'écoute. Dis ce que tu as à dire, dis-je en soupirant.

J'aimerais lui poser directement les trois questions qui me brûlent les lèvres, à savoir pourquoi il n'est pas venu hier midi, pourquoi il ne m'a pas prévenu et surtout qui était avec lui hier soir dans l'appartement; néanmoins, je ne suis pas du genre à agresser les gens, et encore moins ceux que je ne connais pas depuis si longtemps. Je le laisse parler, et je réfléchirai par la suite si sa réponse me semble totalement honnête. Il me regarde, à quelques centimètres de moi seulement, un peu hésitant.

- Je t'ai menti. Lorsque je vous ai dit à ta mère et toi que je n'avais pas de famille, c'était faux. J'ai un frère, il s'appelle Calvin, il est un peu plus âgé que moi.

- Ok.

Je ne trouve rien d'autre à dire, pour le moment, je ne trouve pas cela si grave. Je reste immobile en attendant qu'il poursuive ses explications.

- Je n'ai pas mentionné son existence parce qu'il est... Il est particulier. On est différent. Il n'est pas vraiment fréquentable et je suis parti de Londres parce que je voulais m'éloigner de lui. Au final, je viens d'apprendre qu'il est là depuis plusieurs années. Un paquet d'années même.

- Alors... Si je comprend bien, vous avez grandit ensemble à Londres, tu es parti pour les Etats-Unis durant ton adolescence, tu es arrivé ici, dans cette ville, il y a peu de temps, et là il vient de te retrouver ?

Je parle de manière saccadée, comme une enfant qui ne comprend rien à rien mais qui fait tout pour.

- Je ne me cachais pas Hanna, mais j'ai essayé tant bien que mal de prendre mon indépendance. Et hier lorsqu'il a débarqué ici, j'ai paniqué. Je ne voulais pas vous faire de tord ni à toi ni à ta mère, j'ai essayé de lui faire comprendre qu'il devait partir.

- Et... Tu as réussi ?

Je me sens soulagée par ses explications mais je ne le suis pas quant à son frère. S'il a voulu le fuir et ne pas qu'il me rencontre, je pense avoir de quoi me poser des questions.

- Pour le moment. Mais il reviendra.

- Qu'est-ce-qu'il a fait de si grave ?

Je suis obligée de poser la question pour ne pas me prendre la tête toute seule.

- Je ne sais pas s'il a déjà fait quelque chose de grave, je sais simplement que ce n'est pas quelqu'un de bien.

Je pense qu'il ne me dit pas tout mais je n'insiste pas plus, après tout, il m'en a déjà dit pas mal. J'entre un peu plus dans sa vie privée et je ne sais pas vraiment si cela me satisfait ou au contraire, si cela m'effraie.