Chapitre 27

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Je me réveille en pleurant, sans savoir ce qu'il s'est passé... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je tente d'ouvrir les yeux mais je n'y arrive pas. Je suis allongée, probablement dehors car j'ai froid et je sens le vent sur ma peau. Le silence m'effraie, mais le moindre bruit me fait immédiatement sursauter. Mon corps, engourdit depuis un moment, commence à se réveiller. J'arrive enfin à forcer sur mes paupières pour tenter de comprendre. Comprendre où je suis, comprendre ce qu'il m'est arrivé. J'essai de me souvenir des derniers événements. Je vois James, je sens ses lèvres sur les miennes, je vois son sourire et je me vois le retrouver après ma soirée. Charlotte. J'ai passé la soirée avec Charlotte, mais je n'ai pas retrouvé James après. Quelque chose m'en a empêché... Quelqu'un. C'est alors que la douleur physique me surprend. Est-ce-qu'il m'a frappé ? J'essai de bouger, d'abord mes pieds, mes mains puis mes bras et mes jambes. Je relève doucement ma tête du sol mais je n'y arrive pas. Elle semble peser des tonnes et je peux seulement baisser la tête vers le bas. J'ai ce qu'il me semble être de la terre sur moi. J'ai même l'impression d'en avoir dans la bouche. Une douleur atroce me frappe directement dans le crâne, comme si on m'avait assommé avec une boule de bowling. Ma gorge me brûle et je me rappelle brutalement avoir hurlé. De légers souvenirs me reviennent en mémoire mais malgré cela, c'est le trou noir. Je déteste ignorer ce qu'il m'est arrivé, et j'ai peur... Tellement peur.

Lorsque mes yeux s'ouvrent enfin, je réalise que le soleil se lève doucement. Il doit être cinq heure du matin. La situation est légèrement moins angoissante mais je ne cesse vraiment de pleurer. J'arrive enfin à tourner la tête vers la droite puis la gauche. Mon sac est beaucoup trop loin pour que je réussisse à l'attraper pour le moment. Je glisse ma main pour essayer de l'aggripper, mais je n'y arrive pas. Mon visage se réveille petit à petit, comme si l'anesthésie disparaissait de mon corps. Mes cuisses me font mal comme si j'avais fait des heures de sport. J'aurais envie de pleurer plus fort, de partir en éclat, mais je n'y arrive pas, j'ai seulement froid... Je veux qu'on vienne me chercher. Ma voiture est toujours là mais je n'y arriverai pas, je ne m'en sent pas capable. Je me tend encore pour essayer d'attraper mon sac, je dois appeler quelqu'un. Au bout d'un temps interminable, j'arrive enfin à mettre la main dessus. Je met la main dedans, je ne le trouve pas... Je renverse alors le contenu sur le sol mais mon portable n'y est plus. Il est peut-être tombé dans ma voiture, songé-je. C'est alors que je le voit. Je me dit que le préservatif usagé est là depuis un moment, qu'un couple l'a simplement jeté là, mais je réalise après coup qu'il était dans mon sac. Dans mes affaires. Il me faut un moment pour comprendre, ou peut-être que je ne voulais pas... Je ne voulais pas m'avouer que la sensation douloureuse dans mon corps venait de là... Et certains souvenirs me reviennent, brutalement, sans prévenir. Ma respiration de coupe, quelqu'un doit être en train de compresser mes poumons car je me sens prise dans un étau.

Je me souviens qu'il m'ai fait tomber de ma voiture, qu'il m'ai traîné par terre. J'ai du m'endormir à plusieurs reprises car je sens encore la violence de ses gifles sur mon visage pour me sortir de mon état. J'ai voulu me débattre, mais aucun de mes membres n'a bougé. Mon corps était paralysé. J'étais simplement victime et spectatrice, sans pourvoir agir, sans pouvoir le repousser ou au moins me défendre jusqu'à l'épuisement. Il m'a voulu docile, impuissante, à sa merci. Je me tourne sur le côté pour vomir, ça remonte, encore et encore. Il m'est impossible de m'arrêter de vomir, si bien que je m'étouffe avec ma bile. Les larmes coulent mais j'espère encore qu'il s'agit d'un cauchemar et que je vais me réveiller. J'enterre le préservatif, je veux le faire disparaître comme ça, tout disparaîtra avec lui et je vais ouvrir les yeux, me retrouver avec James, dans un lit chaud et réconfortant, blottie contre ses bras... Je ferme les yeux plusieurs fois mais à chaque fois que je le ré-ouvre, je suis toujours ici, entourée d'arbres et à quelques pas de la route. Assez près pour avoir espoir que quelqu'un puisse me venir en aide avant qu'il ne soit trop tard, et beaucoup trop loin pour que cela puisse être envisageable. Personne ne m'est venu en aide, personne n'est arrivé à temps. Pourquoi a-t'il fait ça ? Mais qu'a-t'il fait exactement ? Je me refuse à prononcer les mots, même intérieurement. Je ne sais pas ce qu'il m' a fait. Je sais seulement que j'ai mal. Partout.

Stay with me ( français )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant