Ma journée se passa sans encombres. Enfin, tant que je gardais les yeux loin de Violette.
Qui avait tenté maintes fois de me parler.
« Ca suffit, tonna-t-elle en me barrant le passage. Tu peux me dire ce qui ne va pas ?
— Laisse moi. Je vais louper mon bus.
— Raphaëlle ! »
Mon ex amie affronta mon regard avec une volonté que je ne lui connaissais pas; elle avait toujours été ferme et claire dans ses idées, mais pas au point de s'imposer du haut de ses un mètre soixante trois.
« Je vous ai vu vous embrasser, t'es contente ?
— Et alors ? Victor aussi je l'ai vu t'embrasser et j'en ai pas fait tout un plat !
— Mais Victor tu le connaissais pas !
— Toi tu crois le connaître, c'est encore pire ! »
Je lui répondis par un regard incendiaire.
« Touchée, lâcha tranquillement Violette. »
Après avoir résisté à l'envie de lui fracasser le crâne sur le trottoir pour lui faire ravaler son sourire fier, je la contournais comme si de rien n'était et accélérais le pas pour arriver à l'arrêt de bus.
Violette devait être restée figée, surprise par le fait que j'ai osé faire comme si je ne la connaissais pas et la contourner : la preuve, elle ne m'a même pas couru après.
Pourtant, avant que Violette ne capitule, il fallait du courage.
Quand je fus installée dans le bus, je réalisais que Violette m'avait suivie en courant, son sac à dos rebondissant sur son épaule.
Arrivée au bus, elle scruta attentivement les places unes à unes pour planter ses yeux bleus furieux dans les miens.
Lentement, Violette leva le bras et me tendit son majeur; puis s'éloigna, d'un pas sec, fier, le menton relevé.
J'ignorais (ou essayais du moins) d'ignorer son geste en passant mes écouteurs.
« Je peux m'asseoir ?
— Hmm. »
La chose que je détestais le plus, dans le bus, c'était bien ça : si j'avais voulu réserver la place, j'aurais fais quelque chose, non ?
« Je te dérange, Raph ? »
J'étranglais un soupir en mettant sur pause ma chanson et tourner les yeux vers mon interlocuteur.
Charles ?
« Je peux m'en aller si tu veux, proposa ce dernier avec embarras.
— Non, reste, c'est bon. »
J'espérais juste qu'il n'allait pas me parler trop longtemps, on n'interrompait pas ma musique.
« T'écoute quoi ?
— Placebo, répondis-je platement.
— Ah, je connais, c'est quoi ta préférée d'eux ? »
Autant les mettre sur pause tout de suite.
« J'aime bien Too many friends ou I'll be yours, et toi ?
— C'est pas The Fray qui chante ça ?
— Mec, Placebo c'est mon groupe préféré, je sais que c'est eux qui chantent ça, lâchais-je, un peu agacée.
VOUS LISEZ
Dernière valse.
Teen FictionOn a toujours réduit la vie aux mots, jamais aux actes; même si les mots sont englobés dans les actes. On accorde trop d'importance aux phrases et jamais aux conséquences. Et pourtant, on ne réagit même pas quand l'un d'entre nous se fait...