Chapitre 12 : tranquillité instable.

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LES JOURS passaient avec plus ou moins de tranquillité. L'ambiance était relativement calme que ce soit chez moi ou en cours. À la danse, c'était différent. Nous nous entraînions toujours au porté. J'avais toujours la même partenaire. Nous n'avions simplement plu les mêmes relations.

   Même si nous faisions semblant. On se montrait les dents, se crachait dessus. Pour garder notre masque. Si quelqu'un le savait, c'en était fini de nous.

   Lorsque je pliais la jambe pour me préparer à la réceptionner, mon pied glissa et je tombais sur le bras droit. La douleur me coupa le souffle et j'étouffais un petit cri avant de partir en courant de la salle, les joues cuisantes de honte et les larmes brûlant mes paupières.

   « Mais c'est pas possible, quelle fragile, persifla Mathilda. T'inquiète, Steph, je vais la voir. »

   Je m'étais logée contre le mur, à genoux, tenant ma tête entre mes mains. Mathilda me rejoignit après avoir pris soin de fermer la porte.

   « Ça va ? murmura-t-elle d'une voix inquiète en posant sa main sur ma joue.

   — Moui...

   — Tu sais que je penses pas ce que je dis, hm ?

   — Ouais, mais... »

   J'éclatais en sanglots et elle ne sut que faire. Elle prit ma tête entre ses mains et la rapprocha de son cœur – ou entre ses seins, avant de caler son menton sur mon cuir chevelu.

   « Je sais. Ça fait mal. Je suis désolée.

   — Ça serait tellement plus simple si l'une de nous était un mec...balbutiais-je, écœurée.

   — Non. Ça serait tellement bien que ça pose de problèmes à personne qu'on sorte ensembles, me corrigea-t-elle d'une voix douce en caressant mes cheveux. »

   D'un coup elle s'arrêta.

  « Tu n'as pas le bras cassé ?

   — J'pense pas.

   — Enlève ton sweat, je vais vérifier.

   — Non. »

   Elle me toisa d'un air sévère et entreprit de remonter la manche de mon sweat en coton.

   « Soit pas stupide.

— J'ai dit non, c'est non.

— C'est à cause de ça que t'es tombée.

   — Pas du tout, fous moi la paix, persiflais-je. »

Je retirais vivement mon bras avant de rétorquer, les yeux brillants de larmes et un sourire narquois aux lèvres :

« Vois, si j'avais le bras cassé je pourrais pas le bouger, y a aucune raison de s'inquiéter.

— Si tu le dis, soupira-t-elle, l'air peinée. »

Elle se recula et m'avisa, un regard triste aux iris. Ses lèvres se fendaient d'une moue déçue, les quelques mèches éparses de son chignon auparavant impeccable encadraient son visage fin et puant de tristesse.

« Qu'est-ce que t'as à me cacher ? conclut-elle finalement.

— Écoute, c'est pas parce que tu m'as déballé tes sentiments sur un plateau d'argent que je dois obligatoirement te livrer tout mon cœur ! Qui me dit que c'est pas une ruse ou quelque chose comme ça ? »

   Si son regard se montra blessé, son visage resta impassible.

   « Très bien, déclara-t-elle sèchement. Je vais retourner danser et dire à Steph que tu n'as rien. »

Dernière valse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant