Chapitre 20 : le centre de l'attention.

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JE GLISSAIS un dernier regard à mon reflet. J'avais relevé mes cheveux en un chignon, enfilé mes boucles d'oreilles préférées et maquillé un peu mon visage. Plus que de nature. J'avais osé le fard à paupière moi qui me cantonnais habituellement au mascara.

J'avais opté pour un gros pull et un des ces pantalons larges qui revenaient à la mode. Je ne ressemblais certes à rien, mais ce n'était pas pour me changer. Juste avant de partir, je posais les pieds sur la balance juste pour figurer à quel point ce chiffre était haut.

« Raph ! On va être en retard ! »

Je fourrais mon téléphone dans ma veste et descendit précipitamment les escaliers.

« Est-ce que tu es sûre d'y aller ? demanda mon père gentiment. Après tout, t'as pas été en cours et...

— Ce serait impoli ! protesta ma mère.

— Ce qui serait impoli, c'est que Raph se mette à vomir partout parce que sa mère l'a forcée à venir. Tu veux que je reste à la maison avec toi, ma puce ?

- Anita a préparé à manger pour vous deux, je vous signale !

- On y va mais on ne reste pas longtemps, je me sens pas très bien, capitulais-je.

Mon père laissa échapper un soupir auquel ma mère répondit par un regard hargneux.

- D'accord mon bébé.

Je montais dans la voiture. Mathilda ne m'avait envoyé aucun message ; en revanche, j'avais échangé quelques SMS avec Marie, qui me demandait si j'allais mieux et si j'avais besoin d'aide pour rattraper les cours.

J'avais envie de vomir en descendant de la voiture. Anita Angelin n'avait pas changé durant toutes ses années. Toute pomponnée, apprêtée, presque lumineuse.

Un manteau de fausse fourrure et une robe turquoise, les doigts chargés de bagues et les paupières rehaussées d'argent, faisant ressortir ses yeux bleus profonds. Elle avait prolongé son regard d'un trait de liner expert et coiffé ses cheveux d'un blond trop parfait pour être naturel. Ses escarpins vernis la rendaient encore plus grande qu'elle ne l'était déjà.

J'avais l'air d'un insecte à côté d'elle.

Mathilda se tenait en retrait, le regard froid. Une robe noire, des boucles d'oreilles imposantes, un gros collier et ses bottes. Pas une once de violet, pas de fantaisie. Juste une tenue d'apparat ridicule.

Ma mère regarda mon père et ses vieilles baskets puis le fusilla du regard.

"Karine, chérie, ça fait tellement plaisir de te revoir ! s'exclama la mère de Mathilda d'une voix aiguë."

Tout sonnait tellement faux chez elle. Ses sourires, ses cheveux, sa voix, son ton, son enthousiasme. Après un verre de vin rouge conservé bien au frais dans le cellier de son immense et luxueuse maison, elle allait confesser les moindres petits ragots de cette ville en piquant une olive sur son cure-dent et la mâcher proprement sans estomper son rouge à lèvres, sans en avoir plein les dents, sans faire couler du jus sur son menton.

"Plaisir partagé. On a apporté un cadeau ! s'exclama ma mère.

- Oh, chérie, il fallait pas, on a déjà tout ce qu'il faut ici, répondit Anita en regardant la bouteille de champagne d'un air gourmand."

Une dizaine de minutes plus tard, la bouteille que mes parents avaient amené était ouverte et le père Angelin remplissait attentivement les flûtes. Anthony était dans son coin, bougon.

Dernière valse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant