À la danse, ce n'était guère mieux. Notre prof s'était mise en tête de nous faire faire des duos, pour s'entraîner en vue du spectacle de fin d'année.
J'étais en retard; j'attachais mes cheveux à la va-vite, une épingle à chignon coincée entre les lèvres, mes mains qui s'affolaient, palpaient mes mèches, incapables d'en faire une coiffure correcte.
La porte s'était ouverte à la volée et je m'étais sentie rassurée, de ne pas être seule à avoir quelques minute de retard.
Mon sourire s'effaça quand j'échangeais un regard avec Mathilda et ses prunelles améthyste.
« Tiens, je ne suis pas la seule à être en retard. Combien as-tu de défauts, Raphaëlle, déjà ? commenta-t-elle avec un petit sourire en coin, les mèches en bataille éparpillées autour de son visage pâle. »
Je ne pipais mot, trop occupée à remettre mon sweat en place. Après avoir jeté un bref regard dans le miroir, je concluais que je ne ressemblais à rien.
« Au moins une dizaine, ajouta Mathilda calmement, un chignon parfait planté au somme du crâne.
— Violette sort avec ton frère, lâchais-je. »
Je m'attendais à voir ses yeux sortir de leurs orbites ou encore voir sa mâchoire se décrocher, comme dans les dessins animés que nous regardions petites, mais elle se contenta d'hausser un sourcil.
« Le rapport ? Sinon, merci pour l'information, je suis au courant. »
Mathilda posa ses mains sur ses hanches, un sourire aux lèvres; si il y avait un dictionnaire des sourires, celui là serait la définition même de "je vais te massacrer, ma grosse".
Je tournais les talons avant que celle-ci n'ai le temps de répliquer et ouvrit la porte du studio, suivie de près par Mathilda.
« Tiens, les deux retardataires. Allez faire quelques pliés et des dégagés puis venez nous rejoindre. »
Mathilda m'adressa un sourire narquois avant d'échanger un signe de main avec Othilie, qui s'exerçait avec Joséphine, ce qui avait l'air particulièrement pénible pour cette dernière. Quoique, les deux n'avaient pas l'air ravies.
Evidemment, notre bref échauffement fini, je me retrouvais en duo avec Mathilda.
« Qui porte qui ? questionnais-je, résignée.
— À ton avis ? rétorqua Mathilda avec un petit sourire cynique. Tu dois peser 20 kilos de plus que moi, minimum.
— Ferme ta gueule pour une fois, soupirais-je. »
Mathilda m'adressa un grand sourire, et on aurait pu croire à deux filles qui se chamaillaient mais qui étaient meilleures amies, sauf qu'elle me détestait au moins autant que moi.
« Tu assumes être grosse, alors ?
— La ferme, vraiment.
— Dis moi que tu assumes ton surpoids, et je me tairais. »
Ma respiration se bloqua dans ma cage thoracique pendant que ma conscience soulignait :
« Évidemment que tu es grosse. Tu es grosse. Grosse. Grosse. »
Je baissais les yeux, sentant les larmes monter, sans que je puisse luter, pendant que Mathilda insistait, les bras croisés, tête légèrement inclinée.
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Dernière valse.
Teen FictionOn a toujours réduit la vie aux mots, jamais aux actes; même si les mots sont englobés dans les actes. On accorde trop d'importance aux phrases et jamais aux conséquences. Et pourtant, on ne réagit même pas quand l'un d'entre nous se fait...