Smalltown boy ;; SANDERS BOHLKE
JE PORTAIS la cigarette à mes lèvres, croisant nerveusement les jambes ; je ne savais même pas pourquoi l'idée d'aller revoir Victor m'avait effleuré l'esprit.
Sûrement que je me décidais une bonne fois pour toute à faire le deuil de mes actions passées.
Une flopée de lycéens sortit, allumant leurs cigarettes roulées, pépiant, riant. Ils allaient tous s'en aller dans une pétarade de moteurs de scooters, rester ici à s'intoxiquer les poumons de clopes.
Je réussis à voir la touffe châtain entremêlée d'Antonin.
« Hey ! »
Je posais la main sur son bras. Il tenait par l'épaule une jolie métisse avec un afro à tomber.
« Raphaëlle ? Qu'est-ce que tu fous là ? Et depuis quand tu fumes ?
— Je suis venue parler à Victor. »
Il soupira d'un air agacé avant de me fusiller du regard. La fille qu'il tenait dans les bras me fixait curieusement comme si j'étais une bête de foire. Je devais à tout les coups avoir l'air trop grosse pour être vue avec elle...
« Je ne pense pas qu'il veuille te parler, réussit finalement à articuler Antonin.
— Oh, allez, fais pas ta meilleure amie chiante !
— Je crois que j'ai tourné la page, répliqua froidement une voix derrière lui. »
La jolie fille s'écarta et je fis face à un Victor dépité. Antonin le prit par l'épaule.
« Va pas lui parler, mec !
— Fous moi la paix. »
Il se dégagea d'un mouvement d'épaule et avança vers moi d'un pas lourd. Il me dépassait d'une bonne tête, maintenant.
Antonin et sa petite amie s'éloignèrent pendant que les bavardages s'atténuaient. J'avais l'impression qu'il ne restait que lui et moi. Il me sondait du regard, comme pour retrouver quelque chose en moi. Voir comme j'avais changé. J'avais grossi, c'était certain.
« Qu'est-ce que tu me veux, Raph ?
— Te parler.
— Ça j'avais cru comprendre. Mais parler de quoi ? Me reconquérir ? Cherche pas, j'ai tourné la page. J'ai compris que j'étais un petit jeu pour toi. C'était sympa de t'embrasser, de passer du temps avec toi, de servir de pansement à ton petit cœur meurtri. Tu me divertissais aussi, d'une certaine manière. Mais moi je retourne pas avec mes exs. Et surtout pas avec celle qui s'est royalement foutu de ma gueule. Je t'ai détestée Raph. Non c'est même pas vrai. Je me suis détesté, je me suis demandé qu'est-ce qu'il y avait de mal chez moi. Jusqu'à ce que je comprenne que c'était toi qui avait un problème. J'ai été mal, je vais mieux, et je te laisserais pas gâcher ça. »
Il avait le regard désespérément froid. J'avais beau regarder ses lèvres, rien ne me faisait envie. Je n'avais aucune envie de les goûter à nouveau.
J'avais juste envie de fondre en larmes.
« Je vois que tu t'es mise à la clope. Bien. T'es encore plus clichée que je pensais.
— C'est pas ma faute si tu es tombé amoureux de moi. Je t'ai rien demandé.
— T'as pas changé, toujours aussi pourrie de l'intérieur. T'as même l'air pire qu'avant.
— Qu'est ce que tu veux dire par là ? »
Victor fronça les sourcils et me détailla des pieds à la tête.
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Dernière valse.
Teen FictionOn a toujours réduit la vie aux mots, jamais aux actes; même si les mots sont englobés dans les actes. On accorde trop d'importance aux phrases et jamais aux conséquences. Et pourtant, on ne réagit même pas quand l'un d'entre nous se fait...