Chapitre 11 : café brûlant et mots glacés.

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   HUIT heures du matin et Halou, notre prof de français tyrannique, s'avérait déjà absente. J'avais donc trou de huit à dix.

   C'aurait pu être sympa, si je n'étais pas désespérément seule et que je ne vivais pas à quarante minutes de bus du lycée. Avec Charles, nous appelions ça les joies de la campagne.

   Malheureusement pour moi, notre petit couple préféré avait un exposé à préparer et Violette souhaitait profiter de ces deux heures de trou pour parler avec Augustin, son ex, avec qui elle souhaitait mettre les choses au clair. Ce qui était relativement stupide, vu que leur relation s'était conclue il y avait sept mois de cela.

   J'errais donc dans les rues en écoutant Nirvana avant de recevoir un petit coup de poing sur l'épaule.

   Mathilda me surplombait de ses six centimètres de talons et me souriait avec un air bienveillant.

   « Toi aussi, ton prof est absent ?

   — C'est un complot, ma parole, maugréais-je.

   — Bah, Halou est quand même souvent absent.

   — Attends, tu as Halou ? Mais...moi aussi. »

   Mathilda remua la tête en faisant voler ses cheveux dorés.

   « J'ai monsieur Halou, toi tu as sa femme, je suppose. Ils ont dû se prendre un accident de la route ou un truc du genre.

   — Quelle horreur, Halou est mariée, murmurais-je.

   — Je... »

   Mathilda croisa les bras en se mordant la lèvre d'un air confus.

   « Tu as le temps pour une clope ?

   — J'aime pas fumer trop souvent...

   — Bah, je la fumerais pour toi. Il me semble que...on a quelques choses à régler, toi et moi.

   — Du genre ? »

   La blonde leva les yeux au ciel en lâchant un profond soupir.

  « Tu t'en doutes. Mais pas ici, y a du monde, qui peut nous entendre, ce genre de trucs.

   — Eh, c'est pas confidentiel à ce que je sache, si ?

   — Raphaëlle, j'ai pas envie de t'en parler, déjà, alors, s'il te plaît, sois coopérative, une fois dans ta vie. »

   Je finis par suivre Mathilda jusqu'au parc de la veille et elle s'installa sur un banc en dégainant son paquet de cigarettes tout neuf.

   « Alors, par où commencer ?

   — Le commencement ? proposais-je.

   — Tais toi. Je déteste les gens qui font ça ! »

   La blonde alluma sa cigarette d'un air pensif et une minute du s'écouler avant qu'elle ne déclare :

   « On t'a toujours bassiné avec ces histoires de prince charmant, quand t'étais gosse, pas vrai ?

   — Comme tout le monde...

   — Et toi, à l'école, t'avais des amoureux, des petites attirances sur les mecs, tu cherchais ton prince charmant parmi tout ces gars pas si charmants.

   — C'est vrai, concédais-je.

   — Bah tu veux savoir le problème avec moi ? »

   Mathilda plissa les paupières en expirant sa fumée; on aurait dit qu'un brouillard se formait autour d'elle, la protégeant du monde extérieur.

Dernière valse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant