« L'inspiration, ça vient ?
— Page blanche.
— Oh. »
Marie se mordit la lèvre, les yeux fixés sur moi.
« Pourtant, un sujet d'invention, c'est facile, non ?
— J'en sais rien ! J'y arrive pas, c'est tout ! »
La brune reposa son stylo en croisa les bras autour de sa poitrine, l'air de ne pas savoir quoi faire.
« Raph, je veux bien t'ai-
— Non, tu veux pas ! Casse toi !
— Raph...
— Casse toi je te dis ! Personne t'a demandé de venir ici !
— Si, Charles.
— Vous foutez pas de moi, vous pensez qu'à vous ! Dégagez de ma vie tout les deux, pour vous mettre en couple vous êtes là, mais quand j'ai besoin d'aide c'est tellement mieux de fricoter sans penser à moi, c'est vrai ! »
La documentaliste m'accusa du regard et je froissais la feuille pour la glisser dans mon sac en même temps que ma trousse et quitter le CDI d'un pas furieux, Marie à mes trousses.
« Raphaëlle, reviens ! Reviens tout de suite !
— Retourne avec Charles et fais plus attention à moi, articulais-je durement.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? m'interrogea-t-elle, arrivée à mon niveau.
— Passé de quoi ? Il s'est rien passé du tout.
— Le douze. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Rien d'important. Ta rencontre avec Louise l'est quinze fois plus. »
Marie croisa une seconde fois les bras, perplexe.
« Ça fait une semaine que tu es distante. Il s'est passé quelque chose, ne va pas me dire le contraire.
— Oui, il s'est passé quelque chose, mais j'ai aucune envie de t'en parler. Toi et ton copain m'avez bien démontré que vous n'étiez pas mes amis.
— C'était compliqué, avec Louise, on a pas pensé à te demander comment ta soirée s'était passée. Je suis désolée. »
Elle semblait sincère, mais j'étais trop énervée pour le remarquer. Les souvenirs de cette soirée me piquaient le cœur, revenaient comme les vagues froides de la mer hivernale.
« Ça s'est arrangé au moins, tant mieux pour vous.
— Pas vraiment. »
Elle secoua nerveusement la tête avant de me prendre le poignet; le regard de biche de Marie avait peut-être fait succomber Charles, avec ses prunelles se voulant attendries, mais ça ne me touchait pas le moins du monde.
« Raph, dis moi ce qui ne va pas, s'il te plaît, c'est pas bon de garder les choses pour soi. »
Je reculais vivement en enfonçant mes poings dans mon manteau, les yeux dans le vide.
« Raphaëlle, insista-t-elle. Ça te fera du bien.
— Ouais c'est ça, raillais-je en sentant les larmes me monter aux yeux.
— Va-y, m'invita-t-elle doucement, la main posée sur mon bras.
— Ouais, j'y vais. »
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Dernière valse.
Teen FictionOn a toujours réduit la vie aux mots, jamais aux actes; même si les mots sont englobés dans les actes. On accorde trop d'importance aux phrases et jamais aux conséquences. Et pourtant, on ne réagit même pas quand l'un d'entre nous se fait...