chapitre 10 : Aston

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Tu vaux rien. Tu vaux pas mieux que ta traînée de mère.

Son corps contre le mien. Ma main dans la sienne. Le contact de notre peau.

Tu crois que quelqu'un aura un jour envie de toi, gamin ? Certainement pas.

La douceur de sa main sur la mienne.

Tu n'es rien.

Le doux parfum de vanille dans ses cheveux.

Personne ne voudra de toi. Megan. Tu vaux pas mieux qu'elle. Je suis pas là. Sale petit rat. Je suis ici. Avec Megan.

Megan.

La chaleur de son corps contre mon dos me ramène à la réalité, m'arrime au présent alors que mon esprit ne pense qu'à abandonner et à retourner dans le passé. Dans un passé que je ne veux révéler à personne. Un passé auquel je ne veux pas exposer Megan.

Je sais qu'il faut que je parte d'ici. Tout de suite. Que j'ouvre sa fenêtre et que je redescende par ce putain d'arbre.

Mais, à la place, je me retourne et la serre contre moi.

Mes mains glissent dans son dos, mes doigts s'enfoncent dans sa peau, et elle enroule ses bras autour de ma taille. Elle enfouit son visage dans mon cou et pose ses lèvres sur mon col, une caresse légère comme une plume. Je fourre de nouveau mon visage dans ses cheveux, dont les extrémités me chatouillent le nez. Je secoue légèrement la tête en la serrant plus fort.

Le sexe. Le sexe ne fait de mal à personne – ça ne peut faire de mal à personne. Tu seras bon qu'à ça. Mon repli, ma façon de faire face. Exactement comme elle. Ce qui me permet de tenir les démons à l'écart et de les empêcher de s'accrocher à la lisière de mon esprit.

Ce week-end, treize ans après la mort de maman, les démons sont plus forts que jamais. Les souvenirs de ce week-end affluent dans mon cerveau sans que je puisse rien faire pour les arrêter.

Sauf serrer Megan dans mes bras.

Je ne sais pas ce qui se passe avec elle, mais je sais que j'ai besoin d'elle. Et je sais que, malgré tous mes efforts pour oublier pendant toutes ces années, elle fait remonter mes souvenirs. Rien que pour ça, je devrais la repousser. Je devrais m'enfuir en courant et en hurlant.

Mais la douleur liée au souvenir n'est rien comparée à la douceur de ses caresses quand elle emporte ma souffrance.

Et c'est pour ça que je ne me servirai pas d'elle, pas de la manière qui m'est devenue si familière.

Je prends une profonde inspiration et me tourne vers Megan en effleurant sa joue avec mon nez.

— Lila sera à la résidence, ce soir ?

Elle hoche la tête tout contre moi.

— Toujours, le week-end.

Elle me caresse le dos d'un geste apaisant, glisse sa main sous mon tee-shirt, et le contact me fait l'effet d'une étoffe de soie sur ma peau. Elle me palpe doucement pour effacer la tension de mes muscles.

— J'ai envie de rester, je murmure. Laisse-moi rester.

Elle s'écarte et fait passer une main sur mon ventre, mon torse, pour la poser sur ma joue. J'ouvre les yeux, croise les siens et me noie dans la lueur de sécurité qui brille à l'intérieur.

— Bien sûr, répond-elle doucement. Tout ce que tu veux.

Je laisse échapper un souffle tremblant.

— J'ai juste besoin d'être avec toi.

Megan se hisse sur la pointe des pieds pour m'embrasser tendrement.

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