chapitre 5: Megan

213 12 0
                                    


Je passe la salle en revue et je pousse un soupir de soulagement en voyant que j'ai devancé à la fois Aston et Braden en classe. Je regrette de tout mon être d'avoir cours avec Aston aujourd'hui, mais ça ne marche pas comme ça. C'est la vraie vie et, comme le disait toujours ma mamie, la vraie vie aime s'acharner sur vous quand vous êtes à terre.

Je m'installe à ma place et je me rappelle qui est mon voisin. Merde. Je baisse la tête et pose le front sur mon bureau.

La chaise grince à côté de moi.

— Si t'essaies de te cacher, bébé, tu t'y prends comme un manche. Je te vois.

La voix d'Aston me fait l'effet d'une caresse, et j'ai soudain la gorge sèche.

— Pourquoi voudrais-tu que je me cache ? je demande en me redressant, déterminée à ne pas croiser son regard.

Il hausse nonchalamment une épaule, prend son stylo et le fait tourner entre ses doigts. Bon sang, je déteste quand il fait ça. Je capte le moindre de ses gestes du coin de l'œil. Je sens son regard qui me brûle la tempe, me suppliant de me tourner, de le regarder.

— Parce que t'as tellement envie de moi que t'oses même pas me regarder, dit-il d'un ton théâtral, chaque mot empreint d'arrogance.

Je redresse le dos.

— On dirait que quelqu'un a encore flatté ton foutu ego. Si je me souviens bien, c'est moi qui suis partie – et je ne me rappelle pas t'avoir jamais dit que j'avais envie de toi.

Il se penche en avant et je sens son biceps effleurer le mien, la chaleur de sa peau s'infiltrer sous la manche de mon pull.

— Vraiment ? demande-t-il d'une voix grave, à peine perceptible.

Je me retiens de baisser les yeux.

— Et comment.

Il fait glisser ses doigts sur l'arrière de mon bras et je me force à retenir un soupir.

— Je crois que tu te trompes, murmure-t-il. C'est peut-être toi qui es partie, Megan Harper, mais c'est toi aussi qui es montée me rejoindre. (Il baisse les yeux sur mes lèvres.) Et ça en valait carrément la peine, non ?

Je tourne vivement la tête et nos visages se retrouvent à quelques centimètres. Il a un léger sourire suffisant sur les lèvres et je me maudis d'avoir posé directement les yeux dessus. Je les relève jusqu'à croiser son regard gris cendré.

Et là, je me souviens pourquoi je ne voulais pas le regarder. Ses yeux ont le pouvoir de m'envoûter, de me retenir prisonnière. Les taches argentées au bord de ses iris m'attirent irrésistiblement et un combat de regard silencieux s'engage. Dans un moment comme celui-là, quand je suis incapable de me concentrer sur autre chose que la masse grise tourbillonnant devant moi, je me rappelle pourquoi rien n'aurait pu m'empêcher de le suivre et de l'embrasser samedi soir dernier.

— Il fait encore son connard ?

Je me retrouve face à des yeux bleus quand la voix de Braden transperce le brouillard dans lequel Aston m'a plongée.

— Question idiote, Braden. Il n'a jamais arrêté.

Braden sourit et donne un coup dans le bras d'Aston.

— Garde tes sales pattes à l'écart, mec. Je te l'ai dit à Vegas, elle a plus de classe que ta foutue clientèle habituelle.

— Je le sais, répond Aston sans cesser de me regarder.

Je me force à détourner les yeux en essayant de ne pas rire face à l'ironie de la déclaration de Braden. J'ai peut-être plus de classe que ses passe-temps habituels du week-end, mais ça ne veut pas dire que je n'en fais pas partie. Seulement, je n'ai pas l'intention de le supplier. — Café ? articule silencieusement Maddie du bout des lèvres à l'autre bout de la salle.

jeux dangereux-tome2- le secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant