chapitre 11: Megan

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— Allez ! supplie Kay. C'est dimanche. Qui fait ses devoirs le dimanche, bon sang ?

— Moi, je lui réponds. Je dois le rendre demain, alors il faut que je le termine aujourd'hui.

— Est-ce que tu n'es pas justement restée ici hier soir pour le finir ? demande-t-elle en haussant un sourcil.

— Si.

— Alors pourquoi tu l'as pas fait ?

Parce que j'étais occupée avec mon presque-petit-ami.

— Parce que je me suis endormie tôt.

— Tu t'endors jamais tôt.

— Oh, bon sang ! C'est quoi ? Un interrogatoire ? (Je fais claquer mon stylo sur mon bureau et relève les yeux vers elle.) Tu veux aussi que je te dise où est planqué mon point G pendant que t'y es ? Merde, Kay !

Elle ricane.

— Le prends pas mal, chérie, mais tu m'intéresses pas de cette façon, alors, pour ton point G, je vais passer mon tour. Mais pourquoi tu t'es endormie aussi tôt ?

— Bon sang, j'en sais rien, Kay. Pourquoi les gens s'endorment en général ? Peut-être parce que j'étais fatiguée ?

Je soupire.

— Nom d'un chien, tu attends tes grandes marées ?

— Non, pas avant deux ou trois semaines. — Alors tu dois être enceinte... Oh, attends... — Kay ? Va te faire mettre.

— J'y vais de ce pas, murmure-t-elle en ouvrant la porte. Essaie de te calmer un peu, ma petite boule d'hormones !

Je lui jette mon stylo à travers la chambre, et il va heurter la porte fermée. Je laisse mes yeux errer dans le vague pendant une seconde avant de secouer la tête. Je suis réellement en train d'essayer d'écrire cette dissertation – « essayer » étant le mot principal de cette phrase.

J'essaie mais je n'y arrive pas, tant mon esprit est obsédé par Aston et son comportement d'hier soir. Et de ce matin.

L'Aston que j'ai toujours connu – et celui pour qui je craque – est arrogant et sûr de lui. Égoïste. Têtu comme une mule. Désinvolte et volage. Mais ce n'est pas l'Aston que j'ai vu ce matin. J'ai décelé dans ses yeux un côté obscur et profond qui me fait penser que tout ça n'est qu'un rôle. Un rôle qu'il joue pour duper son monde.

C'est un jeu qu'il joue avec lui-même, en se battant constamment pour obtenir une place sur le podium. Un jeu qu'il ne veut pas perdre, quelles qu'en soient les règles.

Je me lève pour aller récupérer mon stylo que je fais tourner entre mes doigts en me réinstallant sur le lit. Pourquoi a-t-il dit qu'il avait besoin de moi ou qu'il ne se servirait pas de moi ? Je n'en ai aucune idée. Je ne sais absolument pas pourquoi il se comporte comme ça.

Non mais, il est quand même passé par ma foutue fenêtre !

Serait-ce légitime de croire que – peut-être – il se pourrait que je lui fasse du bien ? Que j'allège le fardeau qui le hante et qui assombrit son regard ?

Mais qu'y a-t-il à propos d'aujourd'hui qui puisse autant le tourmenter ? J'aurais voulu qu'il se confie à moi.

J'aurais voulu être certaine qu'il va bien. Et j'aurais voulu avoir le cran de décrocher mon téléphone pour m'en assurer.

Mais ce n'est pas le cas.

— Alors tu as abandonné ton rencard vendredi soir et tu t'es couchée tôt samedi, tu as jeté Kay de la chambre hier et tu n'as toujours pas fini ta dissertation ? s'étonne Lila avec une expression interrogatrice.

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