Chapitre 6

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Je plaçai le chargeur dans mon arme et rangeai celle-ci dans l'étui au niveau de ma ceinture. Je quittai la maison après avoir salué TaeHyun et rejoignis ma moto. Le swag, maggle. Mon casque sur la tête, je chevauchai la Honda V4 de couleur rouge que TaeHyun m'avait offert il y a quelques mois. Le casque était assorti, attention ! Je fis vrombir le moteur avant de rejoindre la route, vérifiant que j'avais le champ libre. J'avais prétexté un petit tour pour ne pas que mon deux-roues vieillisse, alors que j'allais me jeter dans la gueule du loup.

J'allais me rendre à l'hôtel où séjournaient ces buveurs de vodka.

Ce n'était certes pas prudent, mais je prenais de plus en plus de plaisir à sentir l'excitation de cette mission monter en moi. Peu de fois dans ma vie, j'avais connu ce qu'était l'adrénaline. Depuis que j'avais rencontré TaeHyun, elle faisait partie de mon quotidien. Même à la maison, quand il me faisait quelques surprises. Voilà.

J'arrivai à dix mètres de l'hôtel ; je décidai de garer ma moto entre deux poubelles dans une petite ruelle avant de descendre de mon véhicule. Ceci fait, je levai la visière et dégageai les cheveux devant mes yeux avant de fixer l'antivol de ma moto. J'enlevai mon casque et le gardai avec moi, je n'en avais pas pour longtemps de toute façon. Je m'approchai de l'hôtel, l'examinant sous toutes ses coutures, puis entrai.

-Bonjour mademoiselle, vous désirez ?

-Bonjour, je souhaiterais savoir le numéro de chambres de ces cinq individus.

-Ah... je suis désolé mais ce ne sera pas possible.

-Comment ça ?

-Eh bien, nous ne communiquons pas les...

Toisant ma fausse carte de police que je venais de sortir comme un vulgaire détail, l'hôtelier semblait hésiter sur ce qu'il allait me dire. Je lui souris amicalement, puis lui désignai son ordinateur du bout du nez, l'air de dire "dépêche-toi de faire ton boulot, j'ai pas qu'ça à faire". Il toussota en me priant d'attendre un petit moment puis imprima par sa propre initiative les cinq fiches des russes que je recherchais : date d'entrée, numéro de chambre, ... date de sortie ? Ils ont déjà fixer la date de leur départ ?

Je remerciai l'hôtelier et sortis en trombe. Il serait fâcheux que l'un d'entre eux me voit. Je rejoignis ma moto tout en examinant les cinq feuilles que j'avais entre les mains. S'ils ont fixé une date... c'est qu'ils prévoient le jour où on va se faire dégommer.

-Qu'est-ce que...

Les dates de sortie n'étaient pas les mêmes ! Ils sortaient tous avec un jour d'intervalle entre eux, mais étaient quand même arrivés ensembles. Fuck la logique, quoi. Je rangeai les feuilles dans mon blouson puis remis mon casque après avoir enlevé l'antivol. Je m'assis sur ma moto et sortis de la ruelle. Mais comme je l'avais prévu, j'étais suivie. La berline que j'avais déjà entrevu dans mon rétroviseur à l'allée était encore derrière moi. Tout... mais pas ça ! Je m'arrêtai dans une zone fréquentée, près d'un centre commercial, et sortis mon téléphone. Mais en recherchant le profil de TaeHyun dans mes contacts, je me résignai à l'appeler. Il se peut que ceux qui me suivent puissent écouter ma conversation.

-Putain, je fais quoi maintenant ?

Mes yeux se levèrent vers l'enseigne du centre commercial, renfermant des dizaines de magasin. Une idée me traversa l'esprit. Je garai ma moto sur le parking à cette effet puis remis l'antivol pour la deuxième fois. J'entrai dans le hall puis cherchai après un magasin de téléphonie à la recherche d'un téléphone. Mais pour l'acheter, il faut de l'argent. J'avais ma carte bleue, mais ils allaient tracer ma dépense. Je décidai de me rapprocher d'une borne de retrait pour retirer du liquide. Payer en liquide = ne pas être enregistrer. Ceci fait, je revins au magasin de téléphonie et choisis un téléphone basique et peu cher. En sortant du magasin, les configurations faites à l'intérieur pour ne pas être vu dehors, je rejoignis les toilettes femmes pour composer le numéro de TaeHyun.

-Allô ?

-TaeHyun, c'est moi !

-Suzanne ? Mais... ce n'est pas ton numéro de téléphone !

Je lui expliquai en quelques mots ce que je venais de faire, excepté ma petite virée à l'hôtel où séjournaient les danseurs de polka.

-Parce que je suis suivie !

-... T'es une putain d'intelligente.

-J'ai juste trop regarder les films d'espionnage, je crois.

-Bon. Ce serait suspect si je viens te chercher. Reviens à la maison, de toute façon ils ne pourront pas venir nous voir.

-Et pourquoi ? Je te signale qu'on a eu de la visite il y a plus d'une semaine et que c'est bien pour ça que tu es allé à l'hôpital !

-Suzanne. Nous sommes couverts par des agents de notre agence équivalents au FBI. C'est à dire que nos activités sont reconnus par l'Etat alors nous sommes protégés pour éviter que l'on soit atteint.

J'étais bouche-bée. Je raccrochai après nous être dit "à toute à l'heure". TaeHyun ayant rajouté "Sois prudente". Je rangeai mon nouveau téléphone en l'éteignant afin que l'on ne détecte pas deux sources d'ondes sur moi. Je rejoignis ma moto et m'engageai sur la route en surveillant la voiture derrière moi. Celle-ci accéléra pour ne pas perdre de distance avec moi, même si elle se réservait bien d'être repérée. Si elle savait.

Je profitai d'un bouchon pour doubler les véhicules, slalomant entre les voitures. C'est comme ça que je pus rentrer à la maison sans être suivie jusqu'à la fin. Même s'ils étaient certains que je rentrerai chez moi. TaeHyun était assis sur les marches du perron, il se leva quand je passai le portail. J'allai garer ma moto dans le garage et eus le droit à un énorme câlin de la part de mon petit ami.

-J'ai eu peur, si tu savais.

-Tout va bien, je suis là maintenant.

Je lui déposai un tendre baiser en recueillant son visage entre mes mains. Il rangea mon casque puis nous refermâmes la porte du garage avant de rentrer à l'intérieur de notre maison.

-Ils sont où les agents que tu me parles ?

-Justement, on ne les voit pas. C'est ça qui est cool !

-Tu es sûr que ce n'est pas du bluff ? lui demandai-je en dégageant un pan du rideau du salon.

-Su...

C'était mignon quand il prononçait mon diminutif à l'anglaise, en disant "ou" ou lieu de "u".

-J'ai le profil des gens qui nous surveillent, tout va bien ! Nous sommes en confiance.

Il me tendit un dossier avant de rejoindre la cuisine pour nous préparer le repas du soir. Alors qu'il sifflotait tranquillement, j'enlevai le haut de l'enveloppe et sortis les feuilles à l'intérieur. Je fronçai les sourcils, écarquillai les yeux. Mes mains commencèrent à trembler, les feuilles tombèrent au sol.

Les agents de protection étaient cinq... et il s'agissait des cinq russes qui voulaient nous descendre.

Save Me Then Love MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant